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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 12:35

 
   

PORT EXTÉRIEUR DE PASAIA

 

"La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures."

                                                                                    Noam Chomsky

Pasaia 2

    Vanté par ses promoteurs, ce projet de port extérieur situé derrière le Jaizkibel et   

 l'aéroport aura un impact environnemental aux effets "sévères" et "irréversibles".

Photo montage : Autoridad Portuaria de Pasajes

  

 PORT EXTÉRIEUR DE PASAIA 

12 raisons pour lesquelles ce projet est illégal et incohérent (¹) 

   

Traduction : HENDAYENVIRONNEMENT

 

La baie de Pasaia et les municipalités riveraines sont sous l'emprise de l'activité industrielle du port. Le haut degré actuel de dégradation de l'environnement urbain est principalement dû au bruit généré par l'activité portuaire et aux poussières polluantes produites par le chargement et déchargement du combustible utilisé par la centrale thermoélectrique présente en ce lieu.

 

Il ne fait aucun doute que la situation présente est intenable et qu'il faut rapidement agir pour remédier à cet état de chose. Cependant, OCEANA (organisation internationale de préservation des océans) ainsi que la COBE (Collège officiel des biologistes d'Euskadi) considèrent que la construction d'un port extérieur et les voies d'accès à ce dernier présentées dans le cadre de projet du Plan directeur des infrastructures de Pasaia représentent une solution inappropriée et contraire à la législation européenne et aux accords environnementaux internationaux.

 

Les raisons qui étayent ce rejet de projet sont les suivantes :

 

1. La première des raisons est d'ordre contraignant en regard du droit européen applicable à tous les États membres

Le mont Jaizkibel fait partie du réseau européen de zones protégées "Natura 2000"depuis 1997 et est désigné comme un site d'importance communautaire (SIC) conformément à la Directive Habitat 92/43/CEE relative à la conservation des habitats naturels ainsi que la faune et la flore.

 

Ces textes interdisent le développement d'activités ou d'usages qui ne garantiraient pas la permanence de la protection des valeurs naturelles dans la zone impliquée. En outre, le Mont Jaizkibel abrite au moins cinq espèces de plantes et plus de 40 espèces de faune (oiseaux, amphibiens, reptiles, mammifères) reconnues d'intérêt communautaire au titre de la Directive Habitat. Par ailleurs, plus de 30 espèces et 7 habitats sont protégés par la réglementation ou d'autres accords internationaux.

 

2. L'évaluation des impacts environnementaux établie par l'organisme porteur du projet montre des effets supérieurs à l'acceptable

Le rapport de protection environnementale présenté par l'autorité portuaire qualifie lui-même l'impact global du projet (après avoir inclus les moyens adéquats) de "sévère", considérant par ailleurs que certains aspects peuvent même être qualifiés de "critiques" et "irréversibles".

 

Il est donc essentiel de corriger la cause de ces effets afin d'assurer une meilleure qualité de vie et de favoriser un développement durable dans le respect d'un haut niveau de protection environnementale.

 

3. Les auteurs du rapport occultent certains impacts à caractère majeur

Le rapport de protection environnementale omet d'aborder des aspects du projet qui impacteront gravement et durablement l'environnement après la construction du port extérieur. Il n'est nullement fait mention dans ce rapport des effets secondaires qui viendront altérer la géomorphologie marine et sa dynamique, tels ceux concernant la disparition de l'étendue de sable de Asabaratza qui est exploitée pour la recharge des plages du Gipuzkoa et du Labourd, la perturbation de la pêche déjà en continuelle régression sur la Mer Cantabrique, le risque potentiel de contamination lié à la manipulation et au stockage des hydrocarbures (antifouling et huiles) ainsi que l'altération de l'habitat des mammifères marins.

 

4. Les formalités environnementales déclaratoires ne sont pas respectées

Le rapport de protection environnementale ne répond pas à l'attente minimale requise par les institutions publiques en matière déclaratoire :  

  • précisions des actions spécifiques censées être menées sur la baie.

  • Énumération claire des types d'installations énergétiques prévues sur le

    périmètre du port extérieur.

  • Respect du milieu marin, étude sur l'impact du port en regard des espèces et des

    habitats protégés par la législation interne, communautaire et internationale, ainsi que la Convention OSPAR entre autres.

  • Évaluation des effets de la dynamique côtière sur les cétacés, les stocks de poissons et la géomorphologie.

  • Ces lacunes ne devraient pas être acceptées par le ministère de l'Environnement et du Milieu rural et maritime puisqu'elles font obstacle à une évaluation correcte des impacts réels dont il devrait être tenu compte dans le Projet directeur de développement du territoire.

  • En outre, le document présente des incohérences dans la présentation générale des résultats et de la méthodologie, telles celles concernant le traitement des données relatives aux espèces présentes dans la zone considérée et qui semblent parvenir de données issues d'autres rapports.  

 

5. Le projet contrevient aux conventions environnementales internationales

Cette implantation d'un port extérieur est obsolète en regarddes politiques actuelles ainsi que des conventions adoptées ces dernières années dans le sens d'un développement qui intègre les considérations environnementales dans les prises de décisions. La protection et la valorisation de la biodiversité des ressources marines sont considérées à l'heure actuelle comme des tâches prioritaires de développement à travers l'Europe, ceci situant ce projet hors de cette logique.

 

En outre, l'obligation de créer des zones marines et d'élaborer des plans spécifiques susceptibles de garantir la conservation de nombreuses espèces de la flore, de la faune ainsi que des habitats uniques s'impose à la vue des divers accords et engagements internationaux.

 

La Convention sur la diversité biologique des Nations unies exige la protection d'au-moins 10% de la superficie maritime mondiale (CBD de 2004); celle de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) élève ce pourcentage de 20à 30%; la Convention pour la protection du milieu marin du nord-est Atlantique (OSPAR) impose également la création d'un réseau cohérent de zones marines protégées le long de son domaine d'application (OSPAR de 2003) en incluant les eaux cantabriques. La Liste rouge de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN de 2010) ainsi que les Conventions de Berne et de Bonn qui établissent des catégories de protection de nombreuses espèces pour lesquelles sont prises des mesures de conservation concrètes viennent les compléter.

 

Il est à ce sujet intéressant de noter que la Mer Cantabrique est une des mers les moins protégées d'Europe. Dans le cas spécifique du Pays Basque, seulement deux petites zones classées biotopes sont protégées : Gaztelugatxe (129 ha) et Deba-Zumaia (3.740 ha).

 

6. Le projet viendrait irréversiblement endommager l'une des zones les plus écologiquement importantes du Golfe de Gascogne

 

La zone Jaizkibel-Ulia représente l'une des enclaves les plus précieuses qui soit au niveau de sa grande biodiversité marine sur le Golfe de Gascogne. Il a été dénombré ici plus d'un millier d'espèces dont la plupart sont d'un intérêt marchand et d'autres ont un intérêt de préservation officiellement reconnu.

 

Ces facteurs imposent un classement de cette zone au sein du réseau maritime Natura 2000. La France a fait une proposition en ce sens en suggérant la création d'aires protégées qui intégreraient le Jaizkibel et Ulia à une zone maritime côtière écologique qui s'étendrait jusqu'à Biarritz.

 

Ceci faciliterait l'alimentation et la reproduction de nombreuses espèces. La construction du port extérieur de Pasaia se montre incompatible et en parfaite contradiction avec la conservation d'une des zones les plus écologiquement riches du nord de la péninsule ibérique.

 

7. Les valeurs paysagères et naturelles de la zone seraient altérées

Les bonnes conditions paysagères existantes aux alentours de Pasaia et sur le Jaizkibel sont rehaussées par un certain nombre de sites préhistoriques situés sur le versant nord. Un grand nombre de voies et de sentiers assurent une activité récréative recherchée et font de cette zone un lieu à fort potentiel économique qui serait entravé par l'activité industrielle de l'avant-port.

 

8. L'absence de justification économique

Les prévisions d'activité faites par l'autorité portuaire de Pasaia ne sont pas réalistes et l'équilibre et les revenus escomptés démontrent sa non-viabilité économique. Si le coût des travaux annoncés (d'un montant de 844 millions d'euros) représente déjà un chiffre conséquent, il se pourrait fort bien que ce montant soit au final encore bien plus élevé, puisqu'il n'a pas été tenu compte de nombreux éléments dans le prix annoncé.

 

Par contre, l'endettement envisagé pourrait très bien nécessiter une vente à prix bradé des installations portuaires actuelles si la rentabilité économique du projet ne devait pas être assurée.

 

9. L'activité portuaire future n'est pas assurée

À ce jour, les porteurs du projet n'ont fourni aucuns chiffres précis concernant l'orientation future de l'activité portuaire, ce qui peut masquer une réduction éventuelle de cette dernière par rapport à la situation actuelle.

 

Selon les prévisions établies par l'organisme promoteur, les activités futures s'orienteraient vers les hydrocarbures et les énergies non-renouvelables qui, compte tenu de la modernisation des machines et des installations, pourraient en fait entraîner une réduction des emplois actuels.

 

10. La proposition faite ne résoudra aucun problème, puisqu'il s'agit uniquement d'un déplacement du port d'un endroit à l'autre

La relocalisation de l'activité portuaire actuelle vers l'extérieur provoquera la perte de zones semi-vierges de faible urbanisation sur le littoral cantabrique. Si ce projet est retenu, on assistera à l'élimination de l'activité portuaire sur le bassin interne, ce qui ne signifiera pas nécessairement une récupération de l'espace libéré pour parvenir à l'amélioration de la qualité de vie des personnes concernées puisque aucunes mesures en ce sens ne sont avancées.

 

11. Il est possible d'améliorer les conditions environnementales de la Baie de Pasaia sans devoir construire un avant-port

Les principales causes du mécontentement social actuel sont dues au bruit et à l'absence de mesures pour contrôler et contrer la pollution dans la baie intérieure. La mise en œuvre de changements tels que l'amélioration du nettoyage, l'arrosage indispensable à minimiser les tempêtes de poussière générées lors de la décharge de ferraille, le meilleur entretien des égouts bouchés qui rejettent sans prétraitement des eaux polluées à la mer ou encore le suivi des mesures environnementales et météorologiques actuellement insuffisantes ou inexistantes, pourraient minimiser les problèmes actuels de pollution.

 

12. La construction d'un bassin extérieur ne repose sur aucun consensus social

Les partis politiques Aralar Ezker Batua, Eusko Alkartasuna, la gauche nationaliste et la plupart des syndicats basques (ELA, LAB et EHNE) sont positionnés contre le projet de loi présenté par l'autorité portuaire, ceci est également le cas des municipalités de Lezo et Pasaia qui sont directement concernées par la construction du port extérieur. De plus, des organisations telles OCEANA, le Collège officiel des biologistes d'Euskadi (COBE), EIBE, Grennpeace, WWF, Jaizkibel Bizirik et Eguzki ont présenté des recours contre ce rapport de protection environnementale.

 

Source : http://oceana.org/es/eu/portada

   (1)       : http://oceana.org/sites/default/files/euo/OCEANA_12_razones_Pasaia.pdf 

                 Voir également l'article "Projet de port extérieur à Pasaia" sous la rubrique "Environnement".

 

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