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7 décembre 2018 5 07 /12 /décembre /2018 14:20

L'ancien dispensaire communal ainsi que l'école maternelle confessionnelle Sainte-Germaine (en arrière plan) devraient faire place à la construction de 3 bâtiments comprenant 25 logements (dont 9 destinés à des bailleurs sociaux). Cette construction fait dans le quartier de Caneta polémique du fait qu'un affouillement destiné à l'édification d'un parking souterrain de 33 places, réparties sur 2 niveaux, devra être réalisé, exposant ainsi les immeubles avoisinants qui n'ont pas de fondations à être déstabilisés lors du creusement de cette excavation qui devrait avoir une profondeur de 6 mètres. (Photo : Sirius)

 

    

 

Le quartier historique de Caneta est un lieu géologique bien particulier de notre ville puisqu'il se situe au point de convergence d'une zone alluvionnaire due à la proximité immédiate de la baie fluviale de Txingudi et d'une zone rocheuse sédimentaire composée d'une alternance de grès et de marnes répartis en strates, dénommée "flysch d'Hayzabia", qui prend naissance dans l'anse marine éponyme située en contrebas de la route de la Corniche reliant Hendaye à Socoa.

 

Ces formations de flyschs ont la particularité d'être instables du fait que la superposition de ces strates est susceptible de former des plans de glissements de terrain d'ampleur variable. Cette aptitude à la déstabilisation étant par ailleurs accentuée par les déstructurations et failles qui se sont produites suite au resserrement de l'écorce terrestre qui a eu lieu lors la collision des plaques ibériques et européenne il y a env. 40 millions d'années.

Les formations géologiques du littoral basque sont en de nombreux endroits composées de flyschs (stratifications sédimentaires composées majoritairement de grès et de marnes) qui sont relativement friables et ont la particularité d'être instables. Le quartier historique de Caneta, à Hendaye, est situé à la jonction d'une zone de Flysch d'âge campanien inférieur (datation env. 65 Ma) et d'une zone alluvionnaire due à la proximité immédiate de la baie fluviale de Txingudi.

 

L'instabilité potentielle du sous-sol de Caneta a incité l'association Kanatakoak, cercle citoyen d'une soixantaine de membres attachés à la défense de l'environnement et l'amélioration du cadre de vie de leur quartier, à adresser un recours gracieux au maire afin d'attirer, entre autres, l'attention de ce dernier sur la situation géologique particulière de ce lieu historique d'Hendaye et le convier à reconsidérer l'arrêté de permis de construire délivré au bénéfice du promoteur BHL (Carmen immobilier).

 

Cette requête n'a pas reçu de réponse favorable de la part de la mairie alors que, selon des documents présentés par l'association, il apparaît qu'une succession d'éboulements et affaissements de terrain se sont produits en plusieurs lieux et à plusieurs reprises sur ce quartier de Caneta au cours des derniers siècles, ce qui, selon Kanetakoak, ne peut qu'éveiller des appréhensions quant aux risques de déstabilisation qu'une excavation d'une profondeur de 6 mètres nécessaire à la réalisation des deux niveaux de parkings souterrains de ce projet pourrait faire encourir aux bâtiments voisins du futur chantier.

 

LE SOUVENIR DES DÉSORDRES LIÉS AU CHANTIER "ENTREPUENTES" ...

 

Les membres de l'association évoquent que des "désordres" dans les assises ainsi que les structures des bâtiments voisins du chantier pourraient se produire lors de l'excavation que nécessite la création de ces 33 emplacements de parkings. Cette réticence des riverains à se montrer d’emblée favorables à ce projet n'est pas sans rappeler le scepticisme qui s'était fait jour autour du chantier "Entrepuentes" en 2006 et 2007, lorsque des excavations avaient été pratiquées dans les talus de la voie ferrée afin de créer de l'espace susceptible de pouvoir accueillir les parkings souterrains de cet autre complexe immobilier. 

 

Les dégradations subies par les riverains du chantier "Entrepuentes" se produisirent dans une totale indifférence du promoteur et d'une manifeste impuissance d'intervention de l'autorité municipale qui était pourtant à l'origine de la délivrance du permis de construire. 

Chantier "Entrepuentes" 30.08.2006 : La phase d'excavation des talus de la voie ferrée mena à des fissures murales et affaissements de planchers dans plusieurs  immeubles voisins. (Photo : Sirius)

 

DES RIVERAINS LIVRÉS À EUX-MÊMES

 

Les quelques soixante victimes de dommages matériels collatéraux de cette frénésie immobilière spéculative (1) ne trouvèrent pas le moindre interlocuteur susceptible de pouvoir concrètement les aider. Ceci les contraignirent à saisir le Tribunal de Grande Instance de Bayonne qui confia à un expert agréé la mission de déterminer si la présence de ces affaissements de planchers et fissures murales avait été engendrée par les travaux d’excavation entrepris sur ce chantier.

 

Le désarroi des malheureux riverains ne parvint toutefois pas à s’apaiser malgré l'enclenchement de cette procédure, puisque aucun d’eux n’avait pris la précaution de faire établir un état des lieux des habitations endommagées avant que les travaux ne débutent. Cette négligence leur sera fatale, puisqu'elle ouvrira la porte à la contestation de la cause des dégradations par le promoteur et facilitera un retranchement tactique des représentants de la mairie derrière cette absence de preuves formelles, ce qui mènera les plaignants à devoir se contenter d'indemnisations minimes..

Une soixantaine d'habitats de riverains du chantier furent lézardés de fissures murales et subirent des affaissements de planchers qui incitèrent l’expert mandaté par le Tribunal de Grande Instance de Bayonne à faire poser des scellés censés déterminer une aggravation de la déstabilisation des immeubles. (Photo : Sirius)

 

L'ATTENTE D’UNE ÉTUDE APPROFONDIE SUR LA STABILITÉ DU SOL

 

Le chantier "Entrepuentes" restera dans les annales de la densification de l'habitat sur Hendaye comme ayant été une opération immobilière qui ne fut cousue que de déboires et où, tant de la part des promoteurs qui se succédèrent que de l'autorité municipale alors en place, personne ne se sera foncièrement soucié du respect des droits élémentaires des riverains qui ne demandaient qu'à être correctement dédommagés .

 

Dans un nouveau courrier en date du 20.11.2018 adressé au maire, l'association Kanatakoak prie cette fois ce dernier de bien vouloir se référer au principe de précaution afin qu'aucune excavation soit entreprise sur le quartier de Caneta sans qu'une étude approfondie des caractéristiques géomécaniques du sol ait préalablement été menée.

 

 

La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

 

(1) Les données statistiques et explications ci-après permettent de mieux comprendre les dessous du projet ici évoqué  :

 

Selon les dernières statistiques établies par l'INSEE, Hendaye enregistre une progression démographique annuelle moyenne de 3,1%, ce qui situe cette ville au tout premier rang des localités du littoral basque où la population explose. Ainsi, depuis 1968, la densité moyenne d'habitants sur Hendaye a plus que doublé pour passer de 1 007 à plus de 2 053 personnes au km², soit désormais une population de près de 17 000 habitants contre jadis tout juste 8 000.

 

Alors que les résidences secondaires et logements occasionnels représentent 40,7 % du parc immobilier d'Hendaye, l'habitat confié à des bailleurs sociaux comptabilise 1 058 logements sur un total de 13 993 unités, dont 667 sont vacantes. Cela donne un quota de 13,23 % de logements destinés aux familles financièrement les moins favorisées. https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=COM-64260#chiffre-cle-12

 

On devine donc sans peine que les spéculations foncière et immobilière ne peuvent que continuer d'aller bon train sur ce territoire soumis à de telles pressions. Ainsi, le terrain de 1 471 m² sur lequel le présent projet devrait être édifié (1 200 m² appartenaient au diocèse de Bayonne, le reste à la mairie d'Hendaye qui bénéficiera donc, à titre compensatoire, d'une salle communale polyvalente au sein du futur ensemble) revient au promoteur BHL (Carmen immobilier) qui a fait acquisition du tout pour la somme de 1,3 millions d'euros.

 

Chacun sait par ailleurs que l'école maternelle confessionnelle de la rue Pierre Loti dépend du groupe scolaire Saint-Vincent, lui-même géré par une association catholique étroitement liée au diocèse de Bayonne, et que depuis la Loi Debré de 1959 les écoles privées à caractère associatif peuvent prétendre à un soutien financier de la puissance publique, non seulement pour régler leurs dépenses de fonctionnement, mais aussi, dans certains cas, les investissements immobiliers que leur existence nécessitent.

 

La hiérarchie ecclésiastique tire pleinement parti de cette loi et gère les établissements se trouvant sous sa tutelle à la façon dont on dirige des entreprises. Pour parvenir à cela, elle a fait édicter une charte dénommée " Préconisations pour une politique immobilière de l'Enseignement Catholique " qui a été approuvée à l'unanimité du Comité National de l'Enseignement Catholique (CNEC) le 3 juillet 2012. Ce texte d'envergure est une sorte de doctrine de gestion économique qui implique de dissocier la gestion courante des établissements d'enseignement de leur propriété foncière, ce qui permet à l'Enseignement catholique de pouvoir prétendre conserver ces biens fonciers même dans le cas d'une rupture de la convention passée avec l’État.

 

C'est à ce titre qu'une réflexion a été engagée dans l'ensemble des diocèses sur la nécessité de valoriser le patrimoine immobilier que représentent ces milliers d'écoles en cédant celles qui sont mal utilisées ou trop vétustes, de façon à réinvestir le fruit de leur vente dans des unités à créer ou à restaurer. 

 

 

 

 

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