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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 15:02

 

 

MAÏS TRANSGÉNIQUE MK603

  

Mais.jpg

                                           La nuisance des OGM à nouveau au coeur du débat européen

 

 

On  se  souvient  avoir  lu  sous  notre  rubrique  "  SANTÉ  &  ENVIRONNEMENT "  (titre : "RÉVÉLATIONS ACCABLANTES SUR LE MAÏS TRANSGÉNIQUE) l'alarme lancée par le professeur Séralini suite aux tumeurs développées par des rats de laboratoire nourris au maïs génétiquement modifié de type NK603 cultivé avec et sans herbicide de Type Roundup et dont les semences sont vendues à l'échelle planétaire par la société américaine Monsanto.
Cette révélation éveille les plus grands doutes sur la supposée indépendance scientifique de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui avait autorisé la culture et la commercialisation de ce type de maïs en Europe. Elle soulève par ailleurs le problème crucial du fonctionnement interne de cette institution qui semble ne pas être en mesure d'échapper à l'influence des puissants lobbies des industries agro-semencière et agro-alimentaire, posant ainsi un problème déontologique qui met sa crédibilité en cause.


Nous reprenons ci-après une tentative de justification de l'Efsa, suivie d'une "lettre ouverte" de scientifiques publiée par Independent science news, ainsi que des réactions de Chantal Jouanno (ex secrétaire d'État à l'Écologie) et Guillaume Malaurie (chroniqueur environnemental au Nouvel Observateur).

 

L'Efsa répond pour clore ces textes à une question sensible que nous avons trouvé judicieux de lui poser.

 

La Rédaction de HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

Communiqué de presse de l'Efsa

4 octobre 2012

 

L'EFSA publie son examen initial de l’étude sur le maïs OGM et les herbicides

 

L'Autorité européenne de sécurité des aliments a conclu que l’article récent soulevant des préoccupations au sujet de la toxicité potentielle du maïs NK603 génétiquement modifié (GM) et d'un herbicide contenant du glyphosate était d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide pour l'évaluation des risques.

L’examen initial réalisé par l’EFSA considère que la conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats. L'EFSA a invité les auteurs Séralini et al à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d’acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude.

Les lacunes constatées ne permettent actuellement pas à l'EFSA de considérer les conclusions des auteurs comme étant scientifiquement valables. Les nombreuses questions relatives à la conception et à la méthodologie de l'étude telles que décrites dans l’article impliquent qu'aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l'occurrence des tumeurs chez les rats testés.

Par conséquent, en se fondant sur les informations publiées par les auteurs, l'EFSA considère qu’il n’est pas nécessaire qu’elle réexamine l’évaluation précédente réalisée sur la sécurité du maïs NK603, ni qu’elle tienne compte de ces résultats dans le cadre de l'évaluation actuelle qu’elle effectue sur le glyphosate.

L’EFSA estime que l’article n’a pas été élaboré conformément aux bonnes pratiques scientifiques en vigueur, telles que les lignes directrices reconnues sur le plan international en matière d’études scientifiques et de communication des résultats.

Per Bergman, qui a dirigé les travaux de l’EFSA, a déclaré: " Certains pourraient être surpris par le fait que la déclaration de l'EFSA se concentre sur la méthodologie utilisée dans cette étude plutôt que sur ses résultats, mais cette question est justement au cœur du problème. Lorsqu’on réalise une étude, il est essentiel de s’assurer qu’un cadre approprié soit mis en place. Si on a clairement défini ses objectifs et qu’on a établi une conception et une méthodologie appropriées, on constitue une base solide à partir de laquelle des données précises et des conclusions valides peuvent être générées. Sans ces éléments, il est peu probable qu’une étude se révèle fiable et valide."

Le directeur de l'évaluation scientifique des produits réglementés ajoute que l'étude des effets possibles des OGM sur le long terme a toujours été et sera toujours un élément clé du travail de l'EFSA pour protéger les animaux, l’homme et l'environnement.

L’examen préliminaire publié aujourd'hui par l’EFSA constitue la première étape d’un processus qui se déroulera en deux phases. Une seconde analyse, plus complète, sera publiée d'ici la fin octobre 2012. Celle-ci tiendra compte de toute information complémentaire communiquée par les auteurs de l'étude, qui auront l’opportunité de fournir à l'Autorité la documentation sur laquelle ils se sont basés ainsi que les procédures relatives à leur étude afin que l’EFSA acquière la compréhension la plus complète possible de leurs travaux. Ce second examen inclura également un résumé des évaluations réalisées par les États membres sur l’article ainsi qu’une analyse menée par les autorités allemandes responsables de l’évaluation du glyphosate.

 

Principales conclusions de l'examen initial

Le groupe de travail, composé de scientifiques choisis parmi les unités « GMO », « Pesticides » et « Évaluation scientifique » de l’Autorité, a dressé une liste de questions concernant l’étude qui devraient être résolues avant que cette dernière puisse être considérée comme une étude correctement menée et adéquatement documentée.

  • La souche de rat utilisée dans cette étude sur deux ans est sujette à développer des tumeurs au cours de son espérance de vie d'environ deux ans. Cela signifie que la fréquence observée des tumeurs est influencée par la fréquence naturelle des tumeurs typiques à cette souche, indépendamment de tout traitement. Ce fait n’est ni pris en compte ni abordé par les auteurs.

  • Les auteurs ont divisé les rats en 10 groupes de traitement mais ils n’ont mis en place qu’un seul groupe de contrôle. Cela signifie qu'il n'y avait pas de contrôle approprié pour quatre groupes – environ 40% des animaux – ayant tous été nourris avec du maïs GM traité ou non traité au moyen d’un herbicide contenant du glyphosate.

  • L’article n'a pas respecté les méthodes normalisées reconnues sur le plan international –connues sous le nom de protocoles – en matière de mise en place et de réalisation d'expériences. La plupart de ces procédures sont élaborées par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

  • Pour une étude de ce type, les lignes directrices de l'OCDE indiquent la nécessité d’utiliser un minimum de 50 rats par groupe de traitement. Séralini et al n’ont utilisé que 10 rongeurs par ensemble de traitement. Le nombre peu élevé d'animaux utilisés est insuffisant pour pouvoir faire une distinction entre l'incidence des tumeurs dues au hasard et celles dues à des effets spécifiques associés au traitement.

  • Les auteurs n'ont pas communiqué leurs objectifs de recherche. Les objectifs de recherche sont les questions auxquelles une étude vise à répondre. Ils définissent des facteurs essentiels tels que la conception de l'étude, la taille correcte de l'échantillonnage ou encore les méthodes statistiques utilisées pour analyser les données –  tous ces éléments ayant un impact direct sur la fiabilité des résultats.

  • Aucune information n'est donnée sur la composition de la nourriture administrée aux rats, sur ses modalités de stockage ou sur  les substances nocives éventuelles – comme les mycotoxines - qu'elle aurait pu contenir.

  •  Il n'est pas possible d'évaluer correctement l'exposition des rats à l'herbicide étant donné que l'apport n'est pas clairement indiqué. Les auteurs font seulement état du niveau d'application de l'herbicide utilisé pour vaporiser les plantes et de la concentration ajoutée à l'eau de boisson des rats, mais ils ne communiquent aucune information détaillée concernant le volume de l'eau ou des aliments consommés.

  • L’étude n’applique pas les méthodes d’analyse statistique couramment utilisées et elle ne précise pas si la méthode a été spécifiée avant le commencement de l'étude. La validité de la méthode utilisée est donc mise en question et il existe également des questions quant au rapport fait sur l'incidence des tumeurs. Des données importantes, telles qu’un résumé des pertes ou une estimation des effets du traitement sans biais ne sont pas communiquées dans l’article.

  • De nombreux facteurs résultants – ce qui est mesuré dans l'étude – n'ont pas été rapportés dans l’article. Cela inclut notamment des informations limitées sur les lésions autres que les tumeurs qui ont été observées. L'EFSA a demandé aux auteurs de communiquer tous les facteurs résultants dans l’intérêt de l'ouverture et de la transparence.

 

Notes aux éditeurs:

L'Autorité a mis sur pied un groupe de travail multidisciplinaire en réponse à une demande urgente de la Commission européenne l’invitant à évaluer l'article de Séralini et al. afin de déterminer si ses résultats pourraient amener l'EFSA à réexaminer son avis précédent sur le maïs NK603. Cette étude sur deux ans, publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology le 19 septembre 2012, suggérait que la consommation de ce maïs GM et d’un herbicide contenant du glyphosate à des niveaux inférieurs aux limites officiellement considérées sûres était liée à une augmentation de l'incidence des tumeurs chez les rats.


 

Lettre ouverte publiée par Independent science news

 

Vendredi 5 octobre 2012

Miniature

Lettre ouverte traduite de l’anglais par Olivier Merbau (olivier.merbau (@) gmail.com). Texte original : http://independentsciencenews.org/health/seralini-and-science-nk603-rat-study-roundup/

Extraite du site : Sciences Citoyennes 

 

Vous pouvez en tant que scientifique demander à ce que votre nom (et votre affiliation si vous le souhaitez) soit ajouté(s) à la liste des signataires (voir plus bas) en écrivant (an anglais) à  isneditor (@) bioscienceresource.org en n’oubliant de mettre « Seralini letter » dans le sujet de votre courriel.

 

Séralini et la science : lettre ouverte

 

Un nouvel article de l’équipe de Gilles-Eric Séralini décrit les effets nocifs sur des rats nourris avec des aliments contenant du maïs génétiquement modifié (variété NK603), avec et sans l’herbicide Roundup, ainsi qu’avec du Roundup seul. Cette étude publiée dans une revue à comité de lecture (Seralini et al., 2012a été critiquée par certains scientifiques dont les propos ont été largement rapportés dans la presse généraliste (Carmen, 2012; Mestel, 2012; Revkin, 2012; Worstall, 2012). Elle renforce les autre études démontrant la toxicité et/ou les effets sur le système endocrinien du Roundup (Gaivão et al., 2012 ; Kelly et al., 2010 ; Romno et al., 2012), comme rapporté par Antoniou et al. (2010). 

 

La publication de Séralini, et l’attention qu’elle a reçue des médias, met en exergue les défis fondamentaux soulevés par la science dans un monde de plus en plus dominé par les influences privées. Ces problèmes sont importants toutes disciplines confondues mais sont rarement soulevés lors de rencontres scientifiques.

  1. Historique des attaques sur les études de risques.

Séralini et ses collègues sont seulement les derniers de la série des chercheurs dont les résultats ont fait l’objet de campagnes orchestrées de harcèlement. A titre d’exemple, simplement en considérant ces dernières années, on peut citer Ignacio Chapela, professeur-assistant non titulaire à Berkeley, dont l’article sur les contaminations par du maïs OGM au Mexique sont à l’origine d’une campagne intensive sur internet pour le discréditer (Quist and Chapela, 2001). D’après certaines sources, cette campagne fut échafaudée par le Bivings Group, une société de communication spécialisée dans le marketing d’influence, dont Monsanto est un des clients fréquents (Delbome, 2008).

 

La carrière éminente du biochimiste Arpad Pusztai arriva à son terme effectif quand il tenta de publier ses découvertes contradictoires sur les pommes de terre génétiquement modifiées (Ewen and Pusztai, 1999a). Tous les moyens furent utilisés, une ordonnance de non-publication le contraignit à retirer ses conclusions, saisit ses données, et la British Royal Society le dénigra pour déjouer ses recherches continues (Ewen and Pusztai , 1999b ; Laidlaw, 2003). On utilise même des menaces de violence physique, récemment contre Andrès Carrasco, Professeur d’embryologie moléculaire à l’université de Buenos Aires, dont les recherches (Paganelli et al. 2010) ont permis d’identifier les risques pour la santé du glyphosate, l’ingrédient actif du Roundup (Amnesty International, 2010).

 

Ce fut donc sans surprise qu’en 2009, 26 spécialistes du maïs franchirent le pas sans précédent d’écrire directement à l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (US E.P.A.) pour se plaindre du contrôle de l’accès aux champs d’OGM à l’encontre des chercheurs imposé par l’industrie. La lettre fut envoyée anonymement (Pollack, 2009).

  1. Le rôle des médias scientifiques.

Un aspect important de cette intimidation mais qui passe souvent inaperçu est qu’elle se déroule souvent de concert avec le concours des médias scientifiques (Ermakova, 2007 ; Heinemann and Traavik, 2007 ; Latham and Wilson, 2007). L’article de Séralini a probablement été commenté par les plus prestigieux titres des médias scientifiques : Science, The New York Times, New Scientist, et le Washington Post, ont unanimement failli à contrebalancer les critiques faites sur sa recherche avec un compte-rendu, ne serait-ce que minime, des soutiens qu’il a eu (Carmen, 2012 ; Enserink, 2012 ; MacKenzie, 2012, Pollack, 2012). Pourtant, des médias moins bien informés, comme le Daily Mail anglais, n’ont semble-t’il pas éprouvé de difficultés à trouver une opinion scientifique positive de la même étude (Poulter, 2012).

  1. Les mensonges des médias.

Le modèle-clé des études de risques est que les voix critiques dans les médias sont souvent des fausses pistes, des tromperies, ou des contre-vérités. Ainsi, l’utilisation de méthodes communes a été épinglée comme étant du travail bâclé quand il s’agit de Séralini et al. (2012) mais pas quand elles sont utilisées par l’industrie (voir les références ci-dessus et le rapport du Science Media Center, 2012). L’usage de l’argument des fausses pistes est symptomatique de la volonté de semer le doute et la confusion auprès des non-experts. Par exemple, Tom Sanders du Kings College de Londres a prétendu que «  cette variété de rats est particulièrement sujette aux tumeurs mammaires, particulièrement quand la nourriture n’est pas rationnée » (Hirschler and Kelland, 2012). Il oublie de signaler, ou il ignore, que la plupart des études nutritionnelles menées par les industriels ont utilisées des rats Sprague-Dawley (par exemple Hammond et al., 1996, 2004, 2006 ; MacKenzie et al., 2007)*. Dans ces études et dans d’autres menées par les industriels (par exemple Malley et al. 2007), la nourriture proposée n’était pas rationnée. Les commentaires de Sanders sont importants parce qu’ils sont largement reproduits et parce qu’il sont une part de la réponse orchestrée contre les travaux de Séralini par le Science Media Centre de la British Royal Insititution. Cet organisme a une longue tradition d’étouffement des controverses à l’encontre des OGM, et de nombreuses sociétés produisant des OGM et des pesticides comptent parmi ses bailleurs de fonds.

* La même variété que celle utilisée par Séralini (NDT)

  1. La culpabilité des organismes publics de régulation.

De notre point de vue, une large part de la faute ultime dans cette controverse revient aux organismes publics de régulation. Ceux-ci, comme l’AESA ( Agence Européenne de Sécurité des Aliments) en Europe, l’EPA (Environmental Protection Agency) et la FDA (Food and Drug Administration) aux USA, ont entériné les protocoles sans se doter de moyens (ou sans beaucoup en octroyer) pour détecter les conséquences des OGM (Schubert, 2002 ; Freese and Schubert, 2004 ; Pelletier, 2005).

 

Les OGM subissent peu d’expérimentations, peu de résultats sont examinés, et les tests sont faits uniquement par les fabricants ou leurs agents. Plus que tout, les protocoles actuels de régulations sont simplistes et basés sur des principes (RSC, 2001) qui éviteront à dessein la plupart des manifestations de mutations des gènes – en dehors de celles voulues – y compris par le processus d’introduction transgénétique (Heinemann et al., 2011 ; Schubert, 2002).

 

Puzstai (2001) et d‘autres ont par conséquent défendus que des essais alimentaires bien conduits étaient un des meilleurs moyens pour détecter de tels effets imprévisibles. Pourtant les tests alimentaires ne sont pas obligatoires pour une approbation réglementaire, et la crédibilité scientifique de ceux qui les ont soutenus a été remise en question (Domingo, 2007 ; Pusztai et al., 2003 ; Spiroux de Vendômois et al., 2009). Par exemple, Snell et al. (2012), qui ont évalués la qualité de 12 essais à longs termes (> 96 jours), et 12 études multigénérationnelles, ont conclu : « Les études menés ici sont souvent liées à un schéma expérimental insuffisant dont les effets s’exercent au détriment de l’analyse statistique… les insuffisances majeures n’incluent pas seulement le manque d’utilisation de lignées isogéniques, mais aussi une sous-estimation statistique [et], l’absence de redondances… ».

 

Apparemment, les mêmes problèmes de schéma expérimental et d’analyse soulevés par cette étude de recherche de risques (celle de Séralini) n’intéressaient pas les critiques du moment que les études n’identifiaient pas de risques, pour les responsables informés des maladies potentielles. A la fin, c’est un des problèmes majeurs de la science et de la société, quand les protocoles actuels réglementaires approuvent la récolte d’OGM en se basant sur des données si limitées qu’elles en sont sans intérêt suffisant pour une estimation satisfaisante.

  1. Science et politique.

Les gouvernants ont pris l’habitude d’utiliser la science pour botter en touche. Par exemple, dans une étude conduite par la Royal Society of Canada à la demande du gouvernement canadien, de nombreuses faiblesses de la réglementation sur les OGM au Canada ont été relevées (RSC, 2001). L’incapacité du gouvernement canadien à répondre de manière significative aux nombreux changements recommandés a été détaillée par Andree (2006). De même, les recommandations et expertises du rapport international de l’IAASTD** rendues par 400 chercheurs après 6 années, que les OGM étaient incapables de faire progresser globalement l’agriculture, ont été résolument ignorées par les politiques. Ainsi, pendant qu’ils proclament ne prendre de décision que sur la base d’évidences irréfutables, les gouvernants utilisent la science uniquement quand cela leur est utile.

** International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development (NDT)

  1. Conclusion.

Quand ceux qui ont un intérêt si direct sèment un doute déraisonnable à propos des résultats gênants, ou quand les gouvernants exploitent des opportunités politiques en sélectionnant et choisissant en dépit des évidences scientifiques, ils mettent en péril la confiance du public dans les méthodes scientifiques et dans les institutions, et poussent leurs concitoyens au risque. Les tests de sécurité, la réglementation basée sur des sources scientifiques, et le processus scientifique lui-même, dépendent de manière cruciale de l’étendue de la confiance qu’on a dans le corps des chercheurs dévoués à l’intérêt commun, et dans leur intégrité professionnelle. Si au contraire, le point de départ de l’estimation scientifique d’un produit est un processus d’approbation dirigé en faveur de son développeur, renforcé par une suppression systématique des recherches indépendantes travaillant dans l’intérêt général, alors il ne pourra jamais y avoir un débat scientifique honnête et rationnel.

 

Notes

  1. En outre, les scientifiques américains qui publient des études montrant les effets adverses sur l’environnement sont fréquemment et violemment attaqués par les autres scientifiques pro-OGM. Comme le montre un article dans la revue Nature, qui en donne de nombreux exemples, « les articles qui suggèrent que les récoltes de produits biotechnologiques pourraient faire du mal à l’environnement s’attirent les foudres de propos abusifs des autres scientifiques. Derrière ces attaques sont des scientifiques qui sont déterminés à s’opposer aux articles qu’ils considèrent avoir des formes scientifiques susceptibles d’influencer les politiques. Quand un article survient dans lequel ils perçoivent un problème, ils réagissent immédiatement, critiquent le travail effectué dans des forums publics, écrivent des lettres de réfutation, et les envoient aux politiciens, aux organismes de financement, et aux éditorialistes des journaux » (pg. 27 de Waltz. 2009a). En réalité, quand l’un d’entre nous a écrit un commentaire dans Nature Biotechnology il y a dix ans, suggérant qu’on devrait prêter plus attention aux possibles effets indésirables associés à l’insertion de la mutagénèse, nous avons été inondés de réponses, et un administrateur du Salk Insitute a même dit que cette publication « mettait en péril les financements de son institution » (voir Waltz, 2009a). Des attaques similaires ont eu lieu sur les effets adverses des toxines BT sur les coccinelles et les larves des chrysopes vertes, qui étaient utilisées par les autorités allemandes pour interdire la culture du maïs Monsanto 810, une variété de maïs dans laquelle elles sont implantées (voir Hilbeck et al. 2012a, b, respectivement). En 2009, un groupe de 26 entomologistes du secteur public travaillant sur le maïs envoya une lettre à l’Agence de Protection de l’Environnement américaine qui disait « aucune recherche indépendante réelle ne peut être conduite légalement sur beaucoup de points critiques impliquant ces récoltes [à cause des restrictions imposées par les fabricants] » (pg. 880 de Walz, 2009b) ; il n’est pas surprenant que la lettre ait été envoyée anonymement, les scientifiques craignant des représailles des compagnies sur lesquelles avaient porté leur travaux (Pollack, 2009). Par-dessus tout, que l’industrie contrôle quelles recherches peuvent être menées aux USA signifie que des recherches contradictoires peuvent effectivement être supprimées. Dans un des exemples cités par cet article, Pioneer était en train de développer une toxine binaire BT, nommée Cry34Abl/Cry35Abl, contre le chrysomèle des racines du maïs. En 2001, Pioneer contractualisa avec quelques laboratoires d’universités pour tester les effets indésirables sur les coccinelles femelles. Les laboratoires conclurent que 100% des animaux mourraient après huit jours d’alimentation. Pioneer interdit aux chercheurs de publier cette donnée. Deux ans plus tard, Pioneer reçut une autorisation pour une variété de maïs modifié au BT avec du Cry34Abl/Cry35Abl et soumit les études montrant que les femelles coccinelles n’avaient pas de mal après sept jours. Les scientifiques ne furent pas autorisés à rééditer leurs études après que la récolte soit commercialisée (Waltz, 2009b). Dans un autre exemple, Dow Agro Science menaça un chercheur d’une action en justice s’il publiait une information qu’il avait reçu de l’Agence de Protection de l’Environnement américaine. Comme le relate l’article, « l’information concernait une variété de maïs résistant aux insectes connue sous le nom de TC1507, fabriquée par Dow et Pioneer. Les compagnies suspendirent les ventes de TC1507 à Porto-Rico après la découverte en 2006 qu’un parasite avait développé une résistance à cette variété. Tabashnik put examiner le rapport que la compagnie avait remplie avec l’Agence en soumettant une requête en liberté de l’information. « J’encourageais un employé de la compagnie [Dow] à publier les données, et mentionnais que, de manière alternative, je pourrais citer l’information », dit Tabashnik. « Il me répondit que si je citais l’information, je serais l’objet d’une action en justice de la compagnie ». « Ces comportements donnent froid dans le dos » (pg. 882 de Waltz, 2009b).

Les auteurs:

Susan Bardocz (4, Arato Street, Budapest, 1121 Hungary) ; Ann Clark (University of Guelph, ret.) ; Stanley Ewen (Consultant Histopathologist, Grampian University Hospital) ; Michael Hansen (Consumers Union) ; Jack Heinemann (University of Canterbury) ; Jonathan Latham (The Bioscience Resource Project) ; Arpad Pusztai (4, Arato Street, Budapest, 1121 Hungary); David Schubert (The Salk Institute) ; Allison Wilson (The Bioscience Resource Project)

 

 Les premiers signataires :

Brian Wynne (Professor of Science Studies, UK Economic and Social Research Council (ESRC) Centre for Economic and Social Aspects of Genomics, Cesagen, Lancaster University); Irina Ermakova, Dr of Biology, Russian Academy of Sciences; Jo Cummins (Professor Emeritus University of Western Ontario); Michael Antoniou, (Reader in Molecular Genetics; his university (King’s College, London) has a policy not to allow Dr Antoniou to use his affiliation here); Philip L. Bereano (Professor Emeritus University of Washington & Washington Biotechnology Action Council); Dr P M Bhargava (Former and Founder Director, Centre for Cellular & Molecular Biology, Government of India); Carlo Leifert (Professor for Ecological Agriculture Newcastle University); Peter Romilly (formerly University of Abertay, Dundee); Robert Vint (FRSA); Dr Brian John (Durham University, UK, retired); Professor C. Vyvyan Howard, University of Ulster); Diederick Sprangers (Genethics Foundation); Mariam Mayet (African Centre for Biosafety, South Africa);  Eva Novotny (ret. University of Cambridge); Ineke Buskens (Research for the Future); Hector Valenzuela (Professor, University of Hawaii); Ronald Nigh, (Centro de Investigaciones y Estudio Superiores en Antropología Social, Chiapas, Mexico); Marcia Ishii-Eiteman (PhD, Senior Scientist, Pesticide Action Network North America); Naomi Salmon (Dept. of Law, Aberystwyth University, Wales); Michael W, Fox (Minnesota, Veterinarian & Bioethicist, PhD, MRCVS); Neil J. Carman (PhD Sierra Club); Vandana Shiva (India); Hans Herren (President, Millennium Institute, Washington DC, USA); John Fagan (PhD Earth Open Source, UK and USA); Sheila Berry and the Global Environmental Trust; Av Singh (PhD, Perennia); Laurel Hopwood (for the Sierra Club, USA); Philip H. Howard (Associate Professor of Community, Food and Agriculture, Michigan State University); Donald B. Clark (on behalf of Cumberland Countians for Peace & Justice and Network for Environmental & Economic Responsibility, United Church of Christ, Pleasant Hill, TN); Robert Mann (Senior Lecturer in Biochemistry & in Environmental Studies (rtd) University of Auckland, NZ); Chris Williams (PhD, FRSA, University of London); Mae-Wan Ho (PhD Director Institute of Science in Society); Peter Saunders (Prof. Emeritus of Applied Mathematics, King’s College London); Dr. Terje Traavik (Prof. Gene Ecology, Faculty of Health Sciences, University of Tromsö); Oscar B. Zamora (Prof. Crop Science University of the Philippines Los Banos College, Philippines); Adrian Gibbs (Prof. (ret.) Canberra, Australia); Christian Vélot (Senior Lecturer in Molecular Genetics, University Paris-Sud, France); André Cicolella (Scientific adviser INERIS (National Institute of Industrial Environment and Risk) France); Maurizio Pea (Bussolengo General Hospital and University of Verona, Italy) Xiulin Gu (PhD, Yunnan University of Finance and Economics, P.R.China); Brigitta Kurenbach (PhD,University of Canterbury, NZ); Elena Alvarez-Buylla (Instituto de Ecología, CU, Coyoacán, México); Elizabeth Cullen (MB, Ph.D, MD and environmental scientist); Claudia Chaufan, MD, PhD (University of California San Francisco);Marijan Jost (Prof., Croatia); Manuel Ruiz Perez (Dpto. Ecologia, Universidad Autonoma de Madrid-Spain); Rubens Onofre Nodari (Full Professor, Federal University of Santa Catarina Florianópolis, Brazil); Judy Carman (Institute of Health and Environmental Research Inc., Kensington Park, Australia); Florianne Koechlin PhD (Blueridge Institute, Switzerland); Richard Lasker (for Brabant Research, Inc., BioInformatix, Inc., Puget Environmental Group, Inc.);  Anita Idel (Dr. med. vet. Mediatorin (MAB) Germany).

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Réaction de Chantal Jouanno, ex secrétaire d'État à l'Écologie

 

Après la publication des résultats de l'étude sur la toxicité des OGM dans "Le Nouvel Observateur" du 20 septembre, l'ex secrétaire d'État à l'Écologie Chantal Jouanno réagit.

 

"Je me souviens encore de la visite menaçante du vice-président de Monsanto dans mon bureau à l'Elysée", confie Chantal Jouanno, sénatrice UMP de Paris. A la suite de la publication par le "Nouvel Observateur" daté du 20 septembre des résultats d'une étude choc sur la toxicité des OGM, la première qui porte sur la vie entière de rats nourris aux OGM (sur plus de deux ans donc), l'ancienne Secrétaire d'État en charge de l'Ecologie dans le gouvernement de François Fillon, qui était auparavant collaboratrice de Nicolas Sarkozy, réagit. Entre convictions personnelles et positions de l'UMP, exercice délicat. 

Votre sentiment sur cette étude ?

- Vous savez, j’appartiens à une formation politique qui est favorable au progrès et à la science. Mais pour moi cette étude confirme le sentiment que j’ai depuis longtemps : il convient d’appliquer un vrai principe de prudence concernant ces plantes OGM. Nous n’avons pas suffisamment de recul sur ses effets. D’autant que, à ce jour, les OGM agricoles ne représentent à mes yeux aucun avantage réel pour l’agriculture et la planète. Les gains sont en revanche considérables pour les agro-semenciers.

Ce fut votre ligne de conduite quand vous étiez aux affaires ?

- Oui, rappelez vous que nous avons été les premiers en Europe à défendre la clause de sauvegarde à un moment où nous étions très seuls et où la Commission de Bruxelles pesait de tout son poids pour faire autoriser la culture OGM partout en Europe. C’est tout de même grâce à nous que les autres grands pays européens ont basculé dans une attitude de prudence. Il est vrai qu’en 2007, lorsque je plaidais pour cette prudence, beaucoup me disaient que là était le progrès.

Vous aviez eu une expérience désagréable quand vous étiez à l’Elysée ?

- Oui, c’était en 2007. Le Vice-Président de Monsanto était venu me voir dans mon bureau à propos de la clause de sauvegarde. J’avais été stupéfaite du ton menaçant qu’il avait employé. Quand on est sûr de son produit, on répond aux objections et on agit pas de cette manière.

Pour justifier le moratoire, le gouvernement, récemment encore, mettait en avant les seuls risques environnementaux…

- Cette fois, ce sont en plus les effets sanitaires que l’on redoutait qui apparaissent. Cette alerte doit être ajouté à toutes les autres sur les perturbateurs endocriniens. Et à ces nombreuses molécules de synthèse qui fragilisent notre organisme.

Sur l’agriculture française elle même, comment voyez-vous les conséquences …

- Vous savez que les protéines végétales qui permettent d’alimenter notre bétail où nos volailles sont majoritairement importées. 60 à 70 % des soja importés sont OGM. Or nous avons des plantes poussant naturellement en France et en Europe produisant ces protéines nécessaires au bétail. Il faut les cultiver en proportion beaucoup plus grande. D’autant plus que ces plantes (les féveroles notamment) sont très bénéfiques pour les écosystèmes. 

Quel devrait être selon vous la décision immédiate du gouvernement ?

- Avant tout, je crois qu’il faudrait soumettre sans tarder l’étude de Gilles-Eric Séralini à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), pour avoir son avis. L’Anses est une agence sanitaire de très haute qualité qui offre toutes les garanties pour une étude contradictoire.

 

Propos recueillis par Guillaume Malaurie, le 19 septembre 2012. 

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Réactions de Guillaume Malaurie, chroniqueur environnemental au Nouvel Obs

     

LES OGM vus de Bruxelles : circulez, il n'y a rien à voir !

 

La note publiée par l’Efsa (l'agence de sécurité alimentaire européenne) estime l’étude publiée par Gilles Eric Séralini comme "de qualité scientifique insuffisante  pour être considérée comme valable pour l'évaluation des risques". Mieux : l’Efsa "ne voit pas la nécessité de réexaminer sa précédente évaluation de l'innocuité du maïs NK603, ni tenir compte de ses conclusions dans l'évaluation du  glyphosate".


Clair, net  et sans curiosité excessive. Les rats de Séralini sont donc morts en excellente santé. Dans le genre bulle papale et excommunication, il est difficile de mieux fermer le ban . Les arguments sont pourtant les mêmes que ceux évoqués ces deux dernières semaines par les détracteurs de l’équipe de Caen.

 

Les rats choisis, disent-ils, sont connus pour être sensibles au développement de tumeurs. Un constat que Gilles-Eric Séralini n’a jamais nié. S’il a pris ces rats, c’est d’abord, dit-il, parce qu’ils sont standards dans ce type de recherche et que c’est précisément cette même race qu’utilise Monsanto pour son étude à 90 jours sur un maïs OGM.


Un écart qui laisse l'Efsa mutique

Mais  ce qui fait tout l'intérêt de son étude, c’est le fait que les rats nourris aux maïs OGM déclenchent les tumeurs et les affections du rein et du foie très tôt (une explosion vers les 12e et 13e mois) alors que les rats non traités ne déclencheront en moyenne  des tumeurs qu'en fin de  vie. Soit dix mois plus tard. Or ce sont des rats issus de la même espèce. Sauf que les uns ont été nourris au maïs OGM le plus souvent traité au Roundup et les autres non.

 

Une différence de dix mois chez le rat, vulnérable ou non aux tumeurs,  c'est un écart de 40 à 45 ans chez l'Homme. C’est cet écart qui est bien évidemment significatif et qui fait débat. C'est cet écart qui est glaçant. Et qui semble laisser étrangement mutique l’Efsa.


Un nombre de rats équivalent à celui utilisé par Monsanto

L’autre argument, c’est le nombre  insuffisant de rats. Selon "le protocole OCDE", il en faudrait 50 par groupe et non 20. C’est exact. Sauf que "le protocole OCDE" n’en recommande  50 par groupe que lorsqu’il s’agit d’une étude de "cancérogénèse". Or l’étude de Séralini ne portait  pas sur la  cancérogenèse mais  sur la toxicologie.  Nuance de taille, mais zappée par l'EFSA ....

 

Une précision qui est pourtant tout à fait limpide dans l'intitulé même de la recherche de Séralini. Celui-ci n’imaginait d’ailleurs pas cette explosion de tumeurs. Et pensait plutôt que se produiraient des affections aux niveau des reins et du foie.


Le nombre de rats, qu’il souhaitait plus important, est  enfin équivalent à celui utilisé  par Monsanto dans ses propres études sur les animaux. Des études qui, à l'époque,  ne faisaient pas sourciller l’Efsa.

 

Au moins pouvait-on espérer que l'agence, après avoir "excommunié" Séralini  sans l’entendre, exprime le souhait de diligenter des études de type "vie entière"  avec autant de rats qu'elle le souhaite. Qui le lui interdit ? Pourquoi n’est-ce pas même envisagé ?  Pourquoi d'ailleurs ce ne fut jamais envisagé ? Mystère. Mais c'est comme ça et pas autrement.  


Oui, pourquoi pas un traître mot sur cette éventualité ? Aucun doute ne semble effleurer cette agence, qui s’est pourtant fait étriller récemment pour des conflits d’intérêt sur les OGM mis au jour en son sein. Et jusqu’au niveau de sa présidente qui fut contrainte de démissionner.


Exit les doutes

Force est de constster que l'Efsa fait  preuve  d’un esprit de fermeture inquiétant. Comme si une certitude scientifique  se devait d’être intangible et ne jamais se confronter à l’expérience. L’agence  accrédite en outre l’idée que son souci majeur est de continuer à avoir raison et non d’explorer les doutes nouveaux qui surgissent pour les invalider ou les valider de telle manière que  la sécurité alimentaire des Européens dont elle a la charge soit garantie.  


Donc : exit les doutes ! Exit les recherches qui ne sont pas raccord. Et tant pis pour les consommateurs qui ne savent plus à quel saint se vouer.


Les craintes d'une grande majorité d'Européens concernant les OGM semblent sans intérêt aux yeux de l'Efsa et de la Commission. Des craintes qui ne valent pas en tous cas  le petit effort  que seraient  les expérimentations animales "vie entière" permettant de refonder ou non une confiance. Comme il est d'usage pour tester  les médicaments. Ou  les pesticides. 


Au lieu de ça, l'Efsa semble nous dire : tous des obscurantistes, ces Européens !  Des chochottes ! Nos experts ont dit OK. Une fois pour toute. Et puis le business c'est le business. Bienvenue en Eurocratie !

 

Guillaume Malaurie - 4 octobre 2012

 

OGM : l'agence européenne aux doubles casquettes


Pour rédiger son préavis sur l'étude de Gilles-Eric Séralini sur le maïs NK 603, l'Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa), avait montré patte blanche : elle assurait que les rédacteurs n'étaient pas membres du "panel" (le groupe scientifique) qui avait autorisé la mise sur le marché de ce même NK 603.

Logique : être juge et partie rendait ipso facto l'avis suspect. Comment en effet se déjuger sur ce qu'on a déjà jugé ? Sauf qu'une fois de plus, l'Efsa se prend les pieds dans la déontologie.

Explication :

L'un des deux scientifiques consultés ("peer reviewers" (1)) pour rédiger le préavis assassin de l'Efsa sur la recherche de Gilles-Eric Séralini le 3 octobre dernier est le britannique Andrew Chesson.

Or c'est le même Andrew Chesson qui, avec Gijs Kleter, avait préparé le brouillon d'avis (draft) sur lequel le panel de l'Efsa avait voté positivement le 25 novembre 2003. Et qui concluait à l'autorisation de mise sur le marché du maïs NK 603hantal Jouanno ex secrétaire.

Andrew Chesson était en effet remercié en toute fin de l'avis favorable de novembre 2003 en ces termes : "Le groupe scientifique sur les organismes génétiquement modifiés tient à remercier Andrew Chesson et Kleter Gijs pour leur contribution au projet d'avis."

Ainsi le même expert qui prépare l'argumentaire de l'Avis en faveur du feu vert à la commercialisation du NK 603 est précisément le conseil scientifique, le Pair, de ceux qui doivent se prononcer sur l'étude qui met en évidence sa toxicité !

Après les conflits d'intérêt qui ont affaibli considérablement l'autorité de l'Efsa, voilà le temps des faux nez, du cache-cache et des mensonges par omission.

Ça fait beaucoup pour un organisme qui a en charge la santé de 300 millions d'Européens. Et dont on attendrait une conduite et des procédures au-dessus de tout soupçon.

Guillaume Malaurie - 6 octobre 2012

 

Nota : HENDAYENVIRONNEMENT a contacté l'Efsa par mail le le 11 octobre afin de poser à cette autorité européenne une question se rapportant à l'intervention de Guillaume Malaurie ci-dessus titrée "OGM : l'agence européenne aux doubles casquettes". 
 

Question : Bonjour, Comment pourriez-vous réfuter les affirmations avancées par ce  journaliste du Nouvel Observateur qui semble ne pas vous accorder un statut d'entière indépendance scientifique ?

 

Voici, en date du 17 octobre, la réponse de l'Efsa qui élude la question posée, se contentant d'une réponse standardisée :

Cher Monsieur,

Nous vous remercions pour votre courriel et pour l’intérêt que vous témoignez à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Le rôle de l’EFSA est de fournir des avis scientifiques indépendants sur des questions liées à la sécurité de l’alimentation humaine et animale. Les évaluations des risques conduites par l’EFSA permettent aux gestionnaires des risques – la Commission européenne, le Parlement européen et les États membres de l’UE – de se baser sur des fondements scientifiques solides pour les aider à prendre les décisions réglementaires ou législatives requises pour assurer la sécurité de l’alimentation pour tous les citoyens européens. Les décideurs peuvent aussi tenir compte d’autres critères (par exemple socio-économiques) lorsqu’ils prennent une décision ; c’est la raison pour laquelle nous vous conseillons de vous adresser directement à eux si vous avez des questions à ce sujet.

En ce qui concerne l’étude par Séralini et al. à laquelle vous faites référence, l’EFSA a reçu, le 26 septembre 2012, une requête officielle de la Commission européenne qui contenait un certain nombre d’éléments sur lesquels la Commission lui a demandé de se pencher : réaliser une évaluation scientifique de l’article, solliciter toute clarification nécessaire auprès des auteurs de l’article et examiner si l’article contenait des éléments scientifiques qui pourraient amener l’EFSA à reconsidérer les évaluations précédentes réalisées sur la sécurité du maïs génétiquement modifié (GM) NK603.

Dans son évaluation initiale, l’EFSA a conclu que l’article de Séralini et al. était d’une qualité scientifique insuffisante pour être considéré comme valide dans le cadre de l’évaluation des risques. Elle a également estimé que la conception, le système de rapport des données et d’analyse de l’étude, tels que présentés dans l’article, étaient inadéquats. L'EFSA a invité les auteurs Séralini et al. à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d’acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude. Si ces informations lui sont communiquées, elles contribueront à la seconde étape du processus d’évaluation par l’EFSA dont les résultats seront publiés dans les semaines à venir.

Nous vous invitons à consulter le lien ci-après pour obtenir de plus amples informations sur l’évaluation initiale de l’EFSA et ses résultats :  http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/121004.htm

Dans le cadre de la mise sur le marché d’OGM dont le champ d’application inclut l’alimentation humaine et animale, l’EFSA réalise une évaluation des risques conformément à la directive 2001/18/CE et au règlement CE 1829/2003. À la fin du processus d’évaluation, un avis scientifique  est adopté et communiqué à la Commission européenne. Après la publication de l’avis par l’EFSA, c’est à la Commission européenne et aux États membres de l’Union européenne que revient la responsabilité de décider s’ils autorisent ou non l’OGM en question.

En 2009, le groupe scientifique de l’EFSA sur les organismes génétiquement modifiés (groupe GMO) a réalisé l’évaluation de la sécurité associée à une demande d’autorisation pour la culture, l’importation et la transformation du maïs génétiquement modifié NK603 – le maïs utilisé dans l’étude de Séralini et al. Le groupe GMO de l’EFSA a conclu que le maïs NK603 était aussi sûr que son équivalent traditionnel (non GM) en ce qui concerne les effets directs potentiels sur la santé de l’homme et de l’animal, et sur l’environnement.

Veuillez recevoir, monsieur, nos salutations distinguées.

Le Service Ask EFSA

European Food Safety Authority

Via Carlo Magno 1A, 43126 Parme, Italie

www.efsa.europa.eu/fr/contact/askefsa.htm  

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