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1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 13:50
Aperçu aérien des principales constructions qui, au fil du temps, ont fini par toujours plus contracter l'estuaire de la Bidassoa et diminuer l'effet auto-régulateur des marées : aéroport d'Hondarribia, gare de triage d'Hendaye, ports de plaisance de part et d'autre du chenal d'accès, île aux oiseaux devenue entre-temps une presqu' 'ïle, etc...

Aperçu aérien des principales constructions qui, au fil du temps, ont fini par toujours plus contracter l'estuaire de la Bidassoa et diminuer l'effet auto-régulateur des marées : aéroport d'Hondarribia, gare de triage d'Hendaye, ports de plaisance de part et d'autre du chenal d'accès, île aux oiseaux devenue entre-temps une presqu' 'ïle, etc...

L’amoncellement des vases dans la baie de Txingudi transforme depuis déjà des années ce vaste plan aquatique en une plaine boueuse. L'île aux oiseaux, artificiellement créée afin de favoriser le ravitaillement des migrateurs, n'est plus la plupart du temps qu'une presqu'île tellement le lit de l'estuaire s'est surélévé. On constate ainsi à quel point les erreurs successives d'aménagements irréfléchis des berges situées au Nord et au Sud du bassin empêchent des centaines de milliers de tonnes de vases et de sable d'être évacués vers l'océan.

 

L'artificialisation de la baie de Txingudi débuta dès l'année 1955 par la création sur l'emplacement du lit du fleuve de l'aéroport de Fontarabie (Hondarribia), puis fut  ensuite poursuivie sur la berge opposée par l'édification d'un vaste terrain-plein destiné à accueillir l'extension de la gare de triage d'Hendaye. Il faudra attendre le courant des années 90 pour voir entreprendre de nouveaux et imposants travaux d'aménagement des rives de l'estuaire au niveau de son embouchure. Ce fut cette fois un complexe liant habitats, Hôtellerie, commerces et port de plaisance que l'on construisit au lieu dit La pointe, et qui fut promptement débaptisé en Sokoburu afin de donner un nom à consonance locale si prisée par les promoteurs à cette extrémité du quartier de La plage. On sait ce qu'il advint ensuite de l'immense espace inoccupé situé sur la  rive Sud de ce même chenal d'accès que l'on bétonna à son tour peu de temps après afin de créer un second port de plaisance distant d'à peine 600 mètres du premier. 

 

Les initiateurs de ces divers projets furent longtemps insensibles à l'influence que ces constructions ne manqueraient pas d'exercer sur le flux et reflux des marées. Il faudra attendre le courant de la premère décennie de ce siècle pour que l'on prenne; à la lumière des informations divulguées sur l'irrésistible montée du niveau des océans, enfin conscience de l'insuffisante évacuation des sédiments bloqués par la multiplication des constructions opérées sur le lit ainsi que sur les berges du bassin. On constatera alors la spectacculaire progresion des vases sur le lit de l'estuaire et l'on découvrit par ailleurs que ces dernières étaient chargées de pollutions chimiques multiples.

 

Une étude destinée à mesurer l'ampleur de ces divers problèmes ainsi que les risques potentiels de submersions marines sur les quartiers des Joncaux et de La plage fut alors diligentée et conjointement financée par le Gouvernement de Navarre, la Diputaciőn du Guipuzkoa ainsi que le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques.  Elle détermina des zones de possibles aléas, mais ne porta aucun jugement sur l'emprise croissante que les multiples bâtiments et aménagements portuaires et aéroportuaires exercent sur le cours de la Bidassoa et de son estuiare. Ainsi, personne n'osant ou pouvant ouvertement se prononcer sur les effets indésirables engendrés par l'artificialisation de la baie, il revient à chacun de s'en remettre à sa propre imagination pour penser qu'un remodelage des berges au niveau par exemple de la piste de cet aéroport urbain pourrait aider à recréer la libre circulation des flux marins sur l'estuaire et donc auto-réguler son lit en facilitant l'évacuation des vases.

Photo de l'aéroport d'Hondarribia (Fontarabie) montrant clairement l'immensité de l'espace conquis sur le lit de l'estuaire, puisque l'ensemble du terrain ici représenté sur le versant Sud du bassin faisait initialement partie du plan d'eau.

Photo de l'aéroport d'Hondarribia (Fontarabie) montrant clairement l'immensité de l'espace conquis sur le lit de l'estuaire, puisque l'ensemble du terrain ici représenté sur le versant Sud du bassin faisait initialement partie du plan d'eau.

Voir également la carte montrant la délimitation des frontières étatiques qui permet de se faire une idée des terrains aménagés de part et d'autre par rapport au plan d'eau initialement existant : https://www.google.fr/maps/@43.360739,-1.7843108,14.64z

 

Il est à propos de l'avenir réservé à l'aéroport d'Hondarribia déjà possible d'estimer que celui-ci va entamer une phase de déclin commercial du fait de la très prochaine entrée en service de la LGV Madrid-Irun qui mettra ces deux villes à 2H30 de distance. Aussi serait-il judicieux de chercher à parvenir enfin à un regroupement du trafic aérien sur Biarritz-Parme, et ce en opérant un croisement des participations financières des deux sociétés mixtes qui gèrent actuellement ces aéroports. Cette centralisation aurait un impact environnemental positif sur le bassin de Txingudi et permettrait par la même occasion de compenser la perte d'activité également attendue sur l'aéroport de Biarritz-Parme avec l'arrivée de la LGV jusqu'à Bordeaux qui raccourcira notoirement le temps de parcours Paris-Hendaye dès la mi-2017.

 

Les communes limitrophes du bassin de Txingudi ainsi que les gouvernements régionaux des deux flancs des Pyrénées ne pourront encore longtemps repousser la fermeture de la piste de l'aéroport urbain d'Hondarribia et son démantèlement. Cet immense terrain, gagné sur le lit de l'estuaire, représentant une des principales entraves à la libre circulation des flux marins. Ces élus devront également s'atteler à l'épineux problème du coûteux dragage d'environ un million de m³ de vases polluées qui accroissent les risques de submersions marines en des temps où l'irréversible montée du niveau des océans provoquée par la fonte des calottes polaires devient toujours plus menaçante pour de nombreux littoraux.

 

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT    

 

 

Voir nos autres articles sur le même sujet :

 

http://hendaye.environnement.over-blog.fr/article-les-sources-de-pollution-de-la-baie-de-txingudi-39015987.html

 

http://hendaye.environnement.over-blog.fr/2015/05/ongi-etorri-bienvenue-sur-notre-site-socio-environnemental.html

 

http://hendaye.environnement.over-blog.fr/2016/02/illustration-des-risques-annonces-dans-le-pprl.html

 

 

                          

Extrait du Conseil municipal du 20 mai 2015 annonçant une volonté partielle de changements:

 

 

SUR RAPPORTS DE Mme Chantal KEHRIG COTTENÇON   

062.2015 – OPERATIONS DE DESENVASEMENT –

DESENSABLEMENT DE LA BAIE DE TXINGUDI DEMANDES DE SUBVENTIONS ET AUTORISATIONS DIVERSES

 

" Afin de pouvoir réaliser les opérations d’entretien de la baie de Txingudi particulièrement complexes et onéreuses, la ville d’Hendaye s’est portée volontaire pour faire établir une étude de faisabilité complète. Différents partenaires institutionnels sont concernés par cette opération en terme de financement et de co-maîtrise d’ouvrage délimitée dans le cadre d’une étude juridique financée par le Conseil Départemental des P.A..

 

Le montant du dossier complet de faisabilité (4 phases : étude de faisabilité, études techniques, demandes d’autorisations, accompagnement de la maîtrise d’ouvrage) est estimé à 130 000 € HT et pourrait se dérouler sur 2 ans.

 

M.DESTRUHAUT : Nous voterons pour ce dossier qui est capital et important pour la ville d’Hendaye. C’est dans la continuité de ce qui avait été lancé par la municipalité précédente au travers d’une étude réalisée par la CASAGEC. Il faut effectivement faire bouger ce dossier stratégique pour l’avenir de la ville.

 

Monsieur le Maire : Effectivement l’étude CASAGEC avait été lancée par le Conseil Départemental et aujourd’hui l’équipe municipale a souhaité réactiver ce dossier en 5 temps forts :

 

- le 9 juillet 2014 : nous avons tenu une réunion en Sous-Préfecture avec le Département, la Marine Nationale, la délégation de la Mer et du Littoral. 3 engagements de Monsieur le Sous-Préfet consistaient à :

 

1. Interroger la DREAL (Services de l’État) sur les procédures assez compliquées à mettre en  oeuvre pour obtenir l’autorisation de dragage de la Bidassoa. Souvent on nous demande pourquoi il est possible de draguer dans le port de Saint Jean de Luz et pas dans la Bidassoa. Il faut rappeler que nous sommes sur des eaux non pas internationales mais sur des eaux communes. Il y a plusieurs partenaires autour de la Baie.

 

2. Interpeller le SGAR sur la possibilité de flécher des fonds européens pour réaliser ces travaux

 

3. Inscrire cette thématique dans la partie transition écologique du Contrat de Plan État/Région.

 

- le 30 octobre 2014 : le Département a acté la décision de faire financer l’étude juridique par la Conférence Atlantique Transfrontalière, dont j’étais le Président jusqu’aux dernières élections départementales. Je rappelle qu’au sein de cette Conférence Atlantique siègent à la fois le Département, l’État, la Région, le Gouvernement d’Euskadi, la Diputación de Guipuzcoa.

 

- le 09 décembre 2014 : nous avons saisi Monsieur le Sous-Préfet pour faire établir une étude de faisabilité complète, ce que vient d’évoquer Mme KEHRIG, concernant les dispositions à prévoir pour remettre à niveau le site et obtenir les autorisations de dragage de la Bidassoa.

 

- janvier 2015 : la commune d’Hendaye a lancé une consultation pour la réalisation d’une étude d’impact en vue du dragage de la Bidassoa.

 

- le 20 mai 2015 : aujourd’hui nous délibérons pour obtenir les subventions et acter que nous souhaitons être les maîtres d’ouvrage de l’opération.

 

Je vous livre quelques informations qui nous ont été communiquées par la Marine Nationale suite à la réunion de la 40ème CIP (Commission Interministérielle des Pyrénées) qui s’est réunie le 7 décembre 2014 à Paris. Cette commission s’est tournée à la fois vers Madrid et Paris afin de saisir les deux Etats de cette problématique. Il a été noté une pollution de la Bidassoa au TBT (oxydes de tributylétain) *, autrement dit une pollution due aux peintures. Enfin, le dernier élément surprenant et intéressant, est de constater que de 2012 à 2013 le taux de vase aurait diminué de moitié selon une étude de l’IFREMER.

 

Donc rien n’est fait, mais nous avançons sereinement et de manière concertée avec les différents services de l’État. Bien sûr se posera la question des financements. Nous ne souhaitons pas forcément un dragage systématique de la Baie, comme cela se faisait il y a une trentaine d’années, mais souhaitons retrouver les usages de la Baie. Il s’agit plutôt de proposer des dragages sectorisés pour retrouver le chenal, les liaisons autour du port de pêche, de Caneta, autour de l’île aux oiseaux et sécuriser également le quartier des Joncaux. Nous n’exigeons pas un dragage général puisqu’il a été dit ici et là - même si nous ne sommes pas obligés de croire tous les ingénieurs ou techniciens - qu’aujourd’hui les fonds s’étaient stabilisés, qu’il n’y avait pas de risque de submersion ou d’inondation. Nous restons très vigilants et insistons sur le fait que nous souhaitons procéder à quelques dragages, même s’ils ne sont que sélectifs."

 

* Note de la Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT : L'oxyde de tributylétain (TBTO) est un composé chimique organostannique qui se présente sous la forme d'un liquide inflammable incolore à faible viscosité et non volatil, pratiquement insoluble dans l'eau mais soluble dans les solvants organiques. Il est principalement utilisé comme biocide (fongicide et molluscicide) dans les traitements conservateurs des bois des embarcations de loisir. C'est un composé très irritant pour la peau.

 

Les dérivés du tributylétain ont longtemps été utilisés comme produits ant-fouling. Cependant, ces composés sont suspectés d'être particulièrement toxiques, peut-être avec des effets sensibles sur les organismes aquatiques dès une concentration de 1ng L, ce qui leur a valu une interdiction mondiale par l'organisation maritime internationale 4. L'oxyde de tributylétain est aujourd'hui considéré comme un polluant maritime dangereux et comme substance extrêmement préoccupante par l'Union européenne.

 

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