Centrale nucléaire de Cattenom (Moselle). Les investisseurs fuient le nucléaire puisque 57% des nouvelles capacités de production électricitque installées dans le monde se font à partir de sources renouvelables (Photovoltaïque, éoliennes, biomasse etc...), alors que le nucléaire n'atteint plus désormais que 3% de parts de marché.
APRÈS AREVA, EDF À SON TOUR
AU BORD DU GOUFFRE
Interviewé par le quotidien Libération le jeudi 3 mars 2016, Pierre-Frank Chevet, président de l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) reconnaissait : " Il faut imaginer qu'un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe. Je ne sais pas donner la probabilité et on fait un maximum pour éviter que ça arrive, mais malgré tout, on pose le principe que ça peut arriver ". (1)
Voilà pour le volet de la sûreté de nos centrales qui vieillissent et créaient, à côté du développement de nouvelles technologies nucléaires, d'insolubles problèmes de trésorerie à Thomas Piquemal, directeur financier d'EDF, qui vient de démissionner pour manifester son opposition au risque gigantesque encouru par l'électricien dans la construction en Grande-Bretagne de deux EPR (2) dont on estime le coût à plus de 23 milliards d'euros. Son geste a été aussitôt salué par le secrétaire du comité central d'entreprise (CCE), Jean-Luc Magnaval, qui estime que " si le directeur financier d'AREVA avait agi de même, peut-être aurait-il sauvé l'entreprise ".
En effet, la crise de trésorerie que connaît actuellement EDF et qui porte sur un endettement de 37,5 milliards d'euros plombe, tant sur le plan de la sécurisation des centrales nucléaires que sur celui du développement de formes alternatives de production faisant appel aux énergies renouvelables, toute capacité d'investissement de cette société encore majoritairement détenue par l'État. La faute à cela revenant aux coûts d'exploitation exorbitants que le nucléaire occasionne et aux déboires financiers rencontrés dans les chantiers EPR.
Aux côtés d'EDF, jadis fleuron de notre économie nationale, une autre grande société à capitaux publics et également liée au nucléaire, AREVA, traverse elle aussi de graves difficultés. Elle cumule 9 milliards d'euros de dettes malgré une cession d'actifs 7 milliards d'euros, et rencontre une succession de nouveaux déboires financiers suite aux surcoûts liés aux problèmes techniques et pénalités de retards rencontrés dans la construction de l'EPR de 3ème génération d'Olkiluoto (Finlande), ainsi qu'à la dépréciation massive de la société canadienne URAMIN qu'elle avait racheté à un prix follement injustifié alors que le nucléaire traversait déjà une grave crise de confiance mondiale après les accidents successifs majeurs de Tchernobyl et Fukushima.
On ne sait donc pas trop comment ces deux sociétés qui cumulent une dette de près de 48 milliards d'euros pourront un jour se refaire une santé financière sans devoir faire appel aux contribuables ou à une explosion des tarifs de l'électricité. Cela est d'autant plus préoccupant qu'un autre grand chantier EPR, celui de Flamanville (3) (Manche), dont le coût initial estimé à 4 milliards d'euros aura entre temps atteint près de 10 milliards, connaît des problèmes similaires à ceux de la centrale d'Olkiluoto, alors que les concurrents sud coréens et chinois d'AREVA ont moins de difficultés à vendre leurs centrales nucléaires classiques auprès des pays qui souhaitent encore se doter de cette forme de production d'énergie.
Au-delà des déconvenues technologiques et financières ici décrites il est également utile de se remémorer le problème ardu que pose le stockage sur le long terme des déchets radioactifs pour lesquels aucune solution vraiment fiable d'enfouissement semble avoir été trouvée (4). Ceci aide à mieux prendre conscience qu'il est devenu urgent de chercher à enfin tourner la page du nucléaire qui n'a pas fini de nous réserver de nouvelles et douloureuses surprises dans la lignée des nombreuses déjà vécues : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d'accidents_nucléaires
La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT
(1) Lire à ce sujet l'incident plus grave qu'initialement dévoilé qui s'est déroulé en 2014 à la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim : http://france3-regions.francetvinfo.fr/alsace/incident-la-centrale-de-fessenheim-en-2014-la-presse-allemande-s-inquiete-943547.html
(2) Initialement : European Pressurized Reactor (réacteur pressurisé européen).
(3) http://hendaye.environnement.over-blog.fr/article-epr-de-flamanville-un-gouffre-financier-113161925.html
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Essais nucléaires en Polynésie : la France doit réparation aux habitants !
http://www.sortirdunucleaire.org/article46353?origine_sujet=LI201602.