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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 21:26
L'eau de la retenue de Xoldokogaïna qui alimente principalement Hendaye et Urrugne subit-elle les effets nocifs des particules émises par la centrale thermoélectique de Pasajes et du trafic autoroutier de Biriatou ?

L'eau de la retenue de Xoldokogaïna qui alimente principalement Hendaye et Urrugne subit-elle les effets nocifs des particules émises par la centrale thermoélectique de Pasajes et du trafic autoroutier de Biriatou ?

 

POLLUTION ENVIRONNEMENTALE

 

 

Le dépassement de la valeur guide de 0,1 Becquerel de radioactivité bêta globale par litre d'eau constaté lors de l'un des 11 prélèvements radiologiques effectués sur Hendaye en 2011(1) a réglementairement nécessité (article R.1321-20 du Code de la santé publique) le déclenchement d'une batterie d'analyses complémentaires destinées à rechercher la présence de radionucléides artificiels dans notre eau de consommation. Cette analyse approfondie détermina qu'environ la moitié de cette radioactivité était à mettre sur le compte du K40 (potassium 40), élément ionisant que l'on rencontre fréquemment à l'état naturel dans les sédimentations de charbon et dont on décuple la présence en extrayant ce minérai du sous-sol et en le brûlant ensuite comme combustible.

 

Il semblerait donc que l'eau d'Hendaye et d'Urrugne, principalement issue de la retenue de Xoldokogaïna, fasse l'objet d'une pollution ionisante due aux émanations en fumées, gaz et particules émis lors de la combustion du charbon dans la centrale thermoélectrique de Pasaia/Pasajes, et qu'une fraction par ailleurs non négligeable de la charge en hydrocarbures aromatiques polycycliques de cette même eau proviendrait des rejets de gaz et particules produits par l'intense trafic autoroutier de l'A63 qui passe à une distance d'environ 2,5 km de cette retenue. (2)

 

DES COMPARAISONS ÉDIFIANTES ENTRE L'EAU DISTRIBUÉE À BOUCAU ET BIARRITZ

 

Contrairement à l'eau distribuée sur Biarritz qui est exclusivement pompée dans la Nive à Ustaritz, celle d'Hendaye et d'Urrugne offre la particularité de ne pas être totalement exempte de pollution aux hydrocarbures aromatiquess polycycliques (HAP).  La charge en HAP de notre eau locale est même supérieure à celle de Boucau qui, quoique puisée elle aussi dans la Nive à Ustaritz, arrive toutefois avec une qualité dégradée aux robinets de cette dernière localité du fait qu'elle est mixée avec de l'eau issue de nappes phréatiques situées à La Barre et aux Pontots afin de satisfaire une demande en continuelle progression.

 

Ainsi constate-t-on que l'adjonction d'eau issue des nappes phréatiques de la Barre et des Pontots à celle provenant de la Nive à Ustaritz introduit des HAP et double par ailleurs la teneur en radionucléides de l'eau de Boucau par rapport à celle de Biarritz. La raison de cette dégradation de qualité résidant vraisemblablement dans le fait que ces deux nappes phréatiques se situent à peu de distance d'un espace industriel jadis dévolu à des activités émettrices de pollutions environnementales diverses,  et dont l'une d'elles était manifestement radioactive.(3) Ce lien de causalité existant entre activités humaines environnementalement polluantes et dégradation consécutive de la qualité de l'eau permet, en extrapolant cette constatation sur le cas d'Hendaye-Urrugne, d'exprimer nombre d'interrogations sur les raisons qui font que notre eau locale subit une lente mais constante progression de ses taux de HAP (4) et de radioactivité. 

 

L'ancienne centrale au charbon de Pasaia/Pasajes, mise en service en 1968, était équipée d'un groupe de générateurs électriques de 223 MW. Elle portait une part de responsabilité dans la radioactivité et la pollution aux HAP de l'eau distribuée sur Hendaye et Urrugne. Photo : Wikipedia

L'ancienne centrale au charbon de Pasaia/Pasajes, mise en service en 1968, était équipée d'un groupe de générateurs électriques de 223 MW. Elle portait une part de responsabilité dans la radioactivité et la pollution aux HAP de l'eau distribuée sur Hendaye et Urrugne. Photo : Wikipedia

LES MÉFAITS DU CHARBON DE LA CENTRALE THERMOÉLECTRIQUE DE PASAJES

 

Le charbon utilisé dans la centrale thermoélectrique de Pasaia/Pasajes est issu de la croûte terrestre. Il est le pire polluant de l'environnement parmi les matières fossiles utilisées comme sources d'énergie (le pétrole l'est presque autant, mais est à classer dans une catégorie distincte du fait qu'il est principalement utilisé comme source d'énergie motrice pour les transports).

 

La combustion de ce charbon émet des quantités de déchets toxiques dont la liste est longue et les effets divers trop multiples pour pouvoir être maîtrisés en toute sûreté. Ses déchets de combustion sont directement dispersés dans l'air et sur terre sous forme fumées, gaz et particules qui contiennent des oxydes de soufre et d'azote (composants des pluies, eaux et brouillards acides), de l'arsenic, du mercure, du cadmium, du sélénium, du plomb, du cuivre, du bore, du chrome, du fluor, du molybdène, du nickel, du vanadium, du zinc, du monoxyde et dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre, ainsi que des éléments radioactifs bien souvent ignorés du grand public.

 

" En 2000, la production mondiale de charbon était de 3 Gt (3 milliards de tonnes NDLR). La première étude publiée sur la radioactivité émise par les centrales thermiques au charbon date de 1964, à l’époque d’Atom For Peace. C’est la bataille entre le charbon et le nucléaire pour la production de l’électricité et cette première expertise dit qu’une centrale au charbon rejette dans l’environnement plus de substances radioactives que plusieurs centrales nucléaires. Un article plus récent (1985) conclut: « par conséquent il est évident que les impacts radiologiques de la combustion du charbon sont infiniment plus nuisibles que les impacts radiologiques de la combustion de l’uranium. " (5)

 

Alors que l'uranium et le thorium sont des éléments omniprésents dans la croûte terrestre mais faiblement radioactifs, le radon, gaz rare, est intensément radioactif. Il est issu de la décomposition de l'uranium et est surtout contenu dans les stratifications de charbon. Ce radon est, après le tabagisme, la cause la plus fréquente du cancer du poumon du fait qu'il s'échappe à l'air libre au moment où on extrait le charbon du sous-sol, puis finit par totalement s'extraire de ce minerai dans lequel il est confiné lorsque le charbon brûle. On a ainsi calculé que, pour l'ensemble de notre planète, les rejets combinés d'uranium, de thorium et radon provenant de la seule combustion du charbon et de la houille représentaient actuellement plus de 37 000 tonnes/an.

 

Les éléments radioactifs ainsi émis agissent sur l'organisme par irradiation (action des rayonnements) ou par contamination (inhalation, ingestion ou contamination externe). Ils provoquent des ionisations entraînant des modifications biochimiques plus ou moins graves. C'est essentiellement pour ces raisons que les eaux de distribution (eaux du robinet) doivent normalement avoir un niveau de radioactivité alpha globale de moins de 0,1 Bq/l ou encore une activité bêta globale de moins de 1 Bq/l si elles ne veulent pas être suspectées d'être contaminés par une pollution attribuable aux radionucléides liés à l'activité humaine.

Le trafic sur l'autoroute A 63 distant d'environ 2,5 km de la retenue de Xoldokogaïna contribue également à la dégradation de la qualité de l'eau. Photo : Sirius

Le trafic sur l'autoroute A 63 distant d'environ 2,5 km de la retenue de Xoldokogaïna contribue également à la dégradation de la qualité de l'eau. Photo : Sirius

LES SUSPICIONS LIÉES AUX HAP ÉMIS PAR L'INTENSE TRAFIC AUTOROUTIER

Six hydrocarbures aromatiques polycycliques différents ont été identifiés lors des prélèvements effectués ces dernières années dans l'eau d'Hendaye et d'Urrugne. L'un deux, le naphtalène (de la famille des Composés Organiques Volatils Non Méthaniques (COVNM)), proviendrait, selon l'INERIS, à 89% de combustions incomplètes (6). Il est classé cancérogène de catégorie 3  (substance préoccupante pour l'homme en raison d'effets cancérogènes possibles, mais pour lesquels les informations disponibles ne permettent pas une évaluation satisfaisante) par l’Union européenne. Ce naphtalène partage ce statut de toxicité avec le fluoranthène, que l'on trouve également dans notre eau locale et qui est un dérivant structurel du naphtalène lié à un benzène.

Deux autres HAP, le phénanthrène ainsi que le fluorène, sont également présents dans l'eau de nos robinets. Le phénanthrène laisse encore planer beaucoup de doutes en ce qui concerne sa toxicité (7) et alimente la suspicion sur les effets de son absorption et de son devenir dans l'organisme humain. On sait qu'il pénètre (ainsi que la plupart des HAP) dans ce dernier par voie pulmonaire, orale ou cutanée, sans exactement comprendre comment il se répartit et quels méfaits il cause. Le fluorène, naturellement présent dans le goudron et dont on trouve aussi des traces dans la combustion, notamment du diesel, vient enfin clore cette liste de HAP à ce jour répertoriés dans notre eau locale de consommation.                                                                                                                 

AUCUNE AMÉLIORATION EN VUE SANS UN CHANGEMENT DE NOS COMPORTEMENTS

 

 

Rien ne nous permettra d'obtenir une réduction significative de la radioactivité ainsi que des HAP contenus dans l'eau tant que la centrale thermoélectrique de Pasaia fonctionnant au charbon n'aura pas été remplacée par une production énergétique propre et que, simultanément à cela, l'intense trafic transpyrénéen de camions n'aura pas été transféré sur le rail sous forme de ferroutage, ainsi que cela se pratique déjà pour le bien-être de tous dans plusieurs autres pays européens.

 

Il ne suffit donc pas de se contenter de parcourir la fiche de synthèse de l'Agence Régionale de Santé (ARS) qui accompagne chaque fin d'année nos factures de la Lyonnaise des Eaux/SUEZ et affirme invariablement que " l'eau distribuée pendant l'année a été de bonne qualité " pour prendre réellement conscience que seule une eau exempte de HAP et contenant le moins possible de radionucléides est bienfaisante.

 

La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

(1) Une activité radioactive alpha globale inférieure à 0,1 Bq/l (0,1 Becquerel par litre d'eau analysée) est requise pour ne pas qu'une eau soit suspectée d'être contaminée aux radionucléides artificiels (de nos centrales nucléaires ou autres activités humaines occasionnant des rejets ionisants). Or, en 2011, un pic de pollution radioactive alpha globale de 0,107 Bq/l, imputable pour moitié de cette valeur au K40 (potassium radioactif issu de la combustion des matières fossiles) a été enregistré. Ceci a imposé une nouvelle batterie d'analyses qui n'ont pu déterminer de pollution radioactive due aux radionucléides artificiels comme le tritium ou le césium, ce qui laisse penser que cette présence radioactive dans l'eau a essentiellement pour origine la combustion intensive de matières fossiles sur les environs. Retrouvez cette problématique sous : http://www.irsn.fr/FR/expertise/rapports_expertise/Documents/environnement/ASN-DGS-IRSN_Bilan-qualite-radiologique-eaux_052009.pdf

(2) Voir les analyses globales comparatives de qualité de l'eau de Boucau, Biarritz et Hendaye sous : https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau

Nota : Contrairement ce qui était fait dans le passé pour l'ensemble des communes de France, le site ministériel " solidarités-santé.fr " ne communique désormais plus la globalité des relevés physico-chimiques effectués sur l'eau du robinet. Cela est donc aussi le cas pour Hendaye, Biarritz et Boucau, villes pour lesquelles lors de la rédaction du présent article ces données étaient encore fournies. Les teneurs en hydrocarbures aromatiques polycycliques, radioactivité, nitrate ou encore glyphosate etc... de nos eaux sont ainsi livrées aux supputations de chacun.

(3) Mieux comprendre les problèmes liés à la contamination radioactive générée par l'ancienne usine de broyage de monazite (riche en thorium, utilisée entre autres dans l’industrie électronique) "Fertiladour" de Boucau sous le site associatif : http://www.fetidadour.com/ et voir un des documents vidéo : http://video-streaming.orange.fr/actu-politique/dans-le-port-extrait-maquillage-terres-fertiladour-boucau_8643694.html

(4) Voir : DELETRAZ G., PAUL E. (1998). État de l'art pour l'étude des impacts des transports routiers à proximité des routes et autoroutes.https://www.google.fr/search?q=+%C3%89tat+de+l%27art+pour+l%27%C3%A9tude+des+impacts+des+transports+routiers+%C3%A0+proximit%C3%A9+des+routes+et+autoroutes+sous+:&ie=utf-8&oe=utf-8&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a&channel=np&source=hp&gws_rd=cr&ei=OwDQUveGDuy20QXCoYC4DA Page 115 : "SAUTER et PAMBOR [1989] ont montré que dans les polluants des gaz d'échappement, les hydrocarbures peuvent être tenu pour responsables de la fusion des cires cuticulaires (des épicéas et pins NDLR), qui sont connues pour être de bons capteurs d'hydrocarbures. Un autre effet de surface observé en liaison avec les autoroutes est l’acidification de la surface des feuilles par rapport au site contrôle à 15 km [FLÜCKIGER-KELLER & al., 1979] ". Page 130 : "Les HAP sont considérés comme de bons indicateurs de la pollution particulaire automobile."

(5) Voir cette problématique de l'utilisation du charbon dans les centrales thermoélectriques à partir de la page 125 sous : http://www.robindesbois.org/dossiers/rad_nat_techno.pdf

(6) Voir la fiche du naphtalène sous : http://www.ineris.fr/substances/fr/substance/getDocument/2807

(7)  Voir la fiche du phénanthrène sous :http://www.ineris.fr/substances/fr/substance/getDocument/2819.

 

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