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4 mars 2022 5 04 /03 /mars /2022 12:14

 

LA FRANCE DOIT ÊTRE PRÉSENTE À LA PREMIÈRE RÉUNION DU TIAN

 

Dans le contexte particulièrement dramatique de la guerre qui se déroule actuellement en Ukraine, notre rédaction se fait un devoir de relayer la pétition de la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), regroupement de plusieurs ONG qui militent pour l'abolition généralisée et contrôlée de ce type d'armes de destructions massives.

 

ICAN transmettra au Président français le souhait des pétitionnaires de voir ainsi notre pays apporter à la communauté internationale un gage exemplaire de sa bonne volonté dans la recherche de solutions diplomatiques au conflit actuel et ceux à venir, alors qu'un toujours possible recours à cette arme diabolique peut se produire. du seul fait que pas un seul des pays détenteurs de ce type d'armes est encore parvenu à accepter le principe d'une interdiction et du démantèlement généralisé et contrôlé de ces armes nucléaires

 

Une réponse positive du Président français correspondrait à l'envoi d'une délégation officielle, qualifiée "d'observatrice", à la première réunion des États signataires (1) du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN) qui va se tenir sous l'égide des Nations Unies à Vienne au mois de juillet 2022. Un telle participation serait un signal fort envoyé par notre pays à la communauté internationale pour parvenir par étapes successives à des progrès tangibles et réalistes vers un désarmement généralisé.

 

Notre Président ne peut plus longtemps ignorer qu'une demande pressante de dénucléarisation/démilitarisation de notre planète est au sein des populations mondiales partout en marche, y compris en Russie, puisque tout humain conscient des dangers encourus sait qu'il n'y a rien de plus dangereux et aléatoire que de croire pouvoir assurer la paix sur cette terre en la faisant reposer sur des armes de destruction massive, avec l'espoir qu'elles ne seront jamais utilisées.

 

Nous invitons vivement nos lectrices et lecteurs à signer cet appel qui se trouve sous le lien mis en fin de texte et contribuer pare ailleurs à amplifier sa diffusion.

 

La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

(1)  https://www.lemonde.fr/international/article/2017/07/08/un-traite-d-interdiction-des-armes-nucleaires-adopte-a-l-onu_5157788_3210.html

 

La première réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), va se tenir aux Nations Unies à Vienne au mois de juillet 2022. Le TIAN a été adopté par une majorité des États (122) à l’Assemblée générale des Nations unies le 7 juillet 2017. Seul traité qui interdit juridiquement les armes nucléaires. Il est entré en vigueur le 22 janvier 2021, venant notamment compléter d’autres instruments, comme le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP). En effet jusqu’à présent cette arme de destruction massive n’était pas encore rendue illégale au regard du droit international. Désormais les États membres du TIAN ne doivent jamais et en aucun cas :

 

  • Développer des armes nucléaires, ni faire de recherches, concevoir ou prendre d’autres mesures en vue de produire des armes nucléaires.
  • Tester des armes nucléaires que ce soit sous terre, sous l’eau ou dans l’atmosphère.
  • Produire des armes nucléaires, y compris leurs composants et leurs vecteurs.
  • Acquérir des armes nucléaires par d’autres moyens, par exemple auprès d’un autre État.
  • Stocker ou posséder des armes nucléaires (sauf s’ils travaillent à les éliminer).
  • Transférer la propriété ou le contrôle d’armes nucléaires à un autre État.
  • Utiliser ou menacer d’utiliser des armes nucléaires (soit la politique de dissuasion nucléaire) en temps de guerre ou de paix.
  • Héberger sur leur territoire des armes nucléaires d’un autre État (sauf s’ils travaillent à leur élimination).
  • Aider ou encourager quiconque, de quelque manière que ce soit — y compris le financement —, à l’une de ces activités interdites.

 

 

À la différence du dérèglement climatique, nous disposons des moyens humains, technologiques et financiers pour mettre un terme à la menace des armes nucléaires. Ce qui manque, c’est la volonté politique. La France dispose de 290 bombes atomiques et pour cela elle a réalisé 210 essais nucléaires de 1960 à 1996 en Algérie puis en Polynésie, et elle doit maintenant indemniser les victimes et réhabiliter l’environnement.

 

La France doit participer à cette réunion de l‘ONU
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24 septembre 2021 5 24 /09 /septembre /2021 11:56

 

 

 

HISTOIRE LOCALE 

 

                           

                          FIGURES HENDAYAISES DU PASSÉ

 

 

Cette rubrique est destinée à présenter des habitants qui auront marqué la vie de leur quartier et de la ville d'Hendaye pour avoir été des personnages hauts en couleurs et/ou particulièrement exemplaires.

 

Si vous souhaitez faire connaître ou voir renaître des figures marquantes sur lesquelles vous possédez textes et photos, contactez-nous en utilisant l'adresse mail que vous trouverez sous la rubrique "Contact" ci-contre. Vous pourrez alors nous demander à ce que votre anonymat d'intervenant(e) soit préservé, toutefois aucun envoi non clairement identifiable par notre rédaction sera publié.

 

Le présent portrait retrace la vie de Catherine Belloc, épouse Rivière, ancienne riveraine du Quartier du Port qui, quoiqu'un peu plus mesurée dans sa liberté de ton que sa mère Pascaline*. était malgré sa frêle nature d'une détermination insoupçonnable lorsqu'il s'agissait de prendre la défense des opprimés ou encore d'œuvrer à la progression de l'équité sociale. 

 

* Découvrir le portrait de Pascaline Belloc sous notre rubrique : " Histoire locale - Figures  du passé par quartiers "

 

 

                              Catherine Belloc

                                                           Épouse Rivière

                                                      1885 - 1977

 

    Un personnage d'une détermination à toute épreuve

          Catherine Belloc, future épouse Rivière, photographiée en 1908 dans son habit traditionnel bayonnais.

                                                          

                                                                      Par Christian Rivière

                                                 Aîné de ses petits-enfants

                                                                 

 

Comment mieux camper le personnage de Catherine Belloc, épouse Rivière, qu'en reproduisant une fraction de phrase empruntée à l'ouvrage intitulé CHINGUDY 1913 -1930 (Un peu de ce qui fut) [1] du talentueux narrateur Jean Paguessorhaye, enseignant, chroniqueur-historien local et analyste sociologique hors-pair, qui décrit des dizaines de figures emblématiques hendayaises des "Années folles" (1920-1930) qui s’étendirent des lendemains de la fin du premier conflit mondial pour prendre fin avec la "grande dépression" économique qui marqua le passage à la nouvelle décennie qui suivit. L'un de ces personnages haut en couleurs fut notre grand-mère paternelle, que l'auteur caractérise d'un jet : "... Catherine, mariée à Marcel, un parisien sympa, avec qui elle partagea des convictions bien ancrées, jouissait de la considération générale à Hendaye."

 

Catherine était l'aînée d'une fratrie composée de 6 filles, Charlotte, Françoise, Jeanne, Mayotte, Thérèse, et d'un garçon répondant au doux prénom de Julien. Ce dernier ne trouvera malheureusement pas le temps d'apprécier très longtemps la vivacité d'esprit qui animait alors ce petit monde, puisqu'il décédera des suites d'une infection tuberculeuse avant d'être parvenu à sa majorité. Un drame familial se produisant rarement seul, ce fut, en 1914, au tour de Raymond Belloc, époux à la présence effacée de Pascaline et géniteur de cette nombreuse descendance de succomber à son tour, emporté par une jaunisse foudroyante, peu de mois avant que la Première Guerre mondiale enclenchée suite à l'assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, vienne ensanglanter notre continent.

 

Cette succession de drames éveillera les vocations professionnelles de trois des filles Belloc, puisque Catherine et Jeanne accomplirent une formation d'infirmières dans la capitale avant de venir ensuite intégrer ce que l'on appelait alors le "sanatorium d'Hendaye", alors que la cadette, Mayotte, suivra un cursus similaire qui la mènera à faire une carrière de laborantine au sein d'une unité de recherches en radiothérapie à l'hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière.              

 

     

La rencontre d'une vie

 

Le séjour professionnel de Catherine à Paris ne sera pas sans avoir des conséquences sur la suite de son existence. Elle fera en effet connaissance dans cette bouillonnante capitale de Marcel Rivière, personnage érudit et séducteur, à l'allure britannique marquée par une scolarité accomplie en internat chez les Jésuites, ce qui le mènera à développer une aversion prononcée envers le clergé ainsi que les préceptes catholiques. Catherine épousera Marcel peu de temps avant sa mobilisation, le 1er août 1914, qui le  mènera sur les fronts de la Marne et de l'Aisne, puis au Sud des Alpes tenu alors par l'Armée royale italienne qui, quoique membre de la Triple Alliance constituée avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, combattra néanmoins aux côtés des alliés occidentaux pour des raisons de revendications territoriales sur les contrées limitrophes du Trentin-Haut-Adige, ainsi que la Dalmatie ou encore l'Istrie.   

La mobilisation décrétée le 1er août 1914 mènera Marcel Rivière sur les lignes de fronts de la Marne et de l'Aisne. Il fera parvenir à Catherine une carte-lettre datée du 29.10.1914, annonçant l'arrivée des premiers froids sur le front des combats.

Marcel sera démobilisé dès le début d'année 1919 et conservera un souvenir ému des moments où nombre de ses camarades furent gazés, estropiés ou tués sous ses yeux. Il rapportera de cette expérience guerrière une hostilité amère envers les conflits armés et fustigera les aspects tout autant horribles qu'insensés qui en résultent.

 

Revenu à la vie civile, notre grand-père sera recruté par la Compagnie des chemins de fer du Midi qui le congédiera très vite pour avoir participé à la mémorable grève des cheminots de 1920. Il deviendra ensuite ouvrier chez les maîtres verriers-mosaïstes Mauméjean frères qui venaient de créer un nouvel atelier de production sur Hendaye. Puis, la propagation de l'automobile faisant alors fureur, délaissera cet emploi pour prendre le volant d'une somptueuse limousine Panhard & Levassor, dotée d'un puissant moteur de 6 cylindres sans soupapes, avec laquelle il sillonnera la région côtière entre Hendaye et Biarritz en tant que chauffeur de taxi.

 

Il va sans dire que ce n'est pas sur la population hendayaise d'alors, qui atteignait à peine 4 500 âmes, que notre grand-père pouvait compter pour assurer la poursuite de sa nouvelle activité, mais bien plus sur la riche noblesse provinciale qui accourait de toute la péninsule ibérique dans l'espoir de parvenir à côtoyer dans la célèbre ville balnéaire qu'était alors Biarritz l'habitué des lieux que fût Sa Majesté le Roi d'Espagne Alphonse XIII. L'effet de mimétisme faisant, c'est ensuite toute l'aristocratie européenne de moindre rang qui fréquentera Biarritz depuis que Napoléon III et son épouse, Eugénie de Montijo, avaient mis cet ancien village de pêcheurs à la mode au début de la seconde moitié du siècle précédent. 

Marcel Rivière, photographié devant son taxi Panhard-Levassor, limousine au moteur sans soupapes, en attente d'une prise en charge devant la gare d'Hendaye. Photo de 1929.

 

La fin de sa courte carrière professionnelle

 

Les bouleversements politiques qu'engendra la proclamation de la Seconde République espagnole en 1931 incitèrent Alphonse XIII à s'exiler en France, puis dès 1934 à Rome, où l'ex-roi alla définitivement s'installer. Marcel perdit aussitôt l'essentiel de sa clientèle fortunée, car ce ne fut pas l'événement que constitua l'instauration des congés payés par le Front populaire en 1936 qui permit à Marcel de compenser ce manque de clientèle, puisque les flots de salariés qui vinrent sur le littoral basque essentiellement fréquenter la plage d'Hendaye étaient avant tout des gens laborieux qui n'avaient que les moyens d'utiliser les transports en commun. Marcel fut donc contraint d'abandonner cette activité de taxi pour réintégrer les chemins de fer qui venaient tout juste d'être nationalisés avec la création de la SNCF.

 

Cette nouvelle réorientation professionnelle de notre aïeul s'avérera être d'autant plus nécessaire pour le salut financier de la famille que Catherine avait, peu de temps auparavant, dû subir une lobectomie pulmonaire, suite à la contraction d'une infection au chevet d'un malade qu'elle soignait au sanatorium. Cet accident majeur de santé signifiera la fin anticipée de sa carrière d'infirmière et réduira grandement les ressources financières du couple dont les deux fils, Georges (Jojo) et Louis (Loulou), étaient entre-temps devenus adolescents.

 

Contrainte de devoir repenser sa vie, Catherine renouera dès lors très vite avec son engagement citoyen déjà ancien en faveur de la justice sociale ainsi que de l"émancipation féminine. Ces attentes s'exprimaient alors un peu partout en Europe et sur le continent nord-américain pour faire avancer l'égalité des sexes sur le plan salarial, familial, mais aussi électoral avec la revendication du droit de vote universel ainsi que l'éligibilité des femmes. Catherine partageait sur ce sujet les arguments successivement avancés par des personnalités féminines audacieuses telles Hubertine Auclert, entretemps décédée, ou encore la toute autant remuante anglaise Emmeline Punkhurst, que Catherine dénommait, pour une simple question de facilité de prononciation, par son nom de jeune fille, Emmeline Goulden, qui sera l'irrésistible initiatrice du mouvement des Suffragettes. Ces revendications firent alors trembler par leur détermination et leur ampleur la société patriarcale et conservatrice des deux côtés de l'Atlantique.

  Catherine Rivière, en tailleur cintré et chemisier à col d'officier, avec Marcel son époux ainsi que de g. à d. leurs fils Jojo (Georges) et Loulou (Louis).  Photo de 1930.

Malgré la multitude des engagements féministes de l'époque, notre pays devra toutefois attendre d'être libéré du joug nazi et de la parenthèse mortifère du régime de Vichy pour enfin parvenir à instaurer, sous l"impulsion du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) conjointement  mené par les gaullistes et communistes, le droit de vote aux citoyennes par l'article 17 de l'ordonnance du 21 avril 1944  : " Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.". Cette avancée sociétale ouvrira la voie à la publication, par Simone de Beauvoir en 1949, de l'immense crédo émancipateur des femmes que fut son ouvrage "Le Deuxième Sexe".

 

L'engrenage répressif lié au drame de la Guerre d'Espagne

 

Sensibilisés par la tragédie humaine qu'engendra l'intervention des généraux factieux et leurs alliés nazis contre la Seconde République espagnole en 1936, Catherine et Marcel hébergèrent successivement et jusqu'en avril 1939 [2] des dizaines de réfugiés espagnols dans les deux grands greniers qui jouxtaient leur appartement du dernier étage du 29 de la rue du Port. Ces civils n'avaient d'autre issue que de parvenir à franchir la frontière française pour sauver leur vie. Ils n'étaient là qu'en transit et devaient parfois partager ces greniers sommairement aménagés avec des volontaires des Brigades internationales qui cherchaient à rejoindre les lignes de fronts républicaines et étaient envoyés par l'entremise du Secours Rouge de Pau. Parmi ces volontaires se présentèrent, fin juillet 1936, vers 10 heures du soir, quatre civils allemands, antinazis, qui souhaitaient être hébergés pour la nuit avant de repartir porter main-forte aux troupes républicaines. L'un d'eux sera fait prisonnier sur l'un des fronts madrilènes, puis interné à Sachsenhausen, camp de concentration où Loulou Rivière le retrouvera après avoir été à son tour déporté en janvier 1943.

 

L'hospitalité offerte à ces allemands enclencha aussitôt les premières tracasseries des autorités administratives françaises. En effet, peu de temps après, notre grand-mère fut convoquée par le juge de paix de Saint-Jean-de-Luz qui lui reprocha de ne pas avoir déclaré l'hébergement d'étrangers, la condamnera à payer une amende symbolique, moyennant quoi elle devait promettre de ne pas récidiver. Catherine répliqua poliment au juge : " Ne pas recommencer Monsieur le Juge ? Demain, Monsieur le Juge, je recommencerai s'il le faut ! " [3]. Suite à l'ébruitage de cette convocation, Léon Lannepouquet, maire d'Hendaye de l'époque, édile au grand cœur et à la trempe foncièrement républicaine, fit appeler Catherine et lui remboursa ce qu'il considérait être une punition injuste. Nos deux personnages se tutoyaient depuis leur enfance et partageaient un rapport familier qui reposait sur une large convergence de vues sur des sujets tels que l'humanisme et la citoyenneté.  La déportation à Dachau de Léon Lannepouquet en juin 1944 et son décès dans ce camp six mois plus tard pour n'avoir jamais accepté de se plier aux injonctions de  l'occupant nazi, firent que Catherine ne parvint que des années après la Libération à faire son deuil de ce personnage qu'elle avait si respectueusement admiré.

 

L'envoyé spécial du quotidien communiste L'Humanité  partagera plusieurs fois la table familiale des Rivière pendant les trois années que durera la Guerre d'Espagne. Il venait chaque fois recueillir des informations à partir des premières loges du drame. Le couple eut même l'honneur de recevoir, en août 1936, un visiteur de marque en la personne de Prosper Môquet, député communiste du Front Populaire et élu du XVIIème arrondissement de Paris. Ce dernier était également venu s'enquérir des nouvelles qui parvenaient des divers fronts de la péninsule ibérique. Prosper Môquet avait fait le voyage en compagnie de son épouse Juliette, ainsi que de Guy et Serge, leurs fils. Guy, l'aîné, sera arrêté 13 octobre 1940 à la gare parisienne de l’Est par la police française, puis tombera sous les balles d'un peloton d'exécution au camp de Choisel (Châteaubriant) le 22 octobre 1941, en représailles à un attentat commis par des maquisards contre un officier supérieur allemand. Guy n'avait que 17 ans. [4]

C'est dans l'appartement partiellement mansardé du dernier étage du 29 Rue du Port que vécut jusqu'en 1977 la famille Rivière. La partie arrière du logement donnait sur deux grands greniers où furent successivement hébergés des brigadistes internationaux qui rejoignaient les rangs de l'Espagne républicaine, puis des civils espagnols qui avaient pris le chemin de l'exil. Au premier étage de l'immeuble vivait la famille Armandaritz, artisans pêcheurs depuis plusieurs générations.

Les prémisses d'un effondrement démocratique

 

Catherine subira le contrecoup de son engagement résolu en faveur des républicains espagnols dès la fin du gouvernement de Front populaire en avril 1938. Le changement gouvernemental qui s'opéra alors était dû aux atermoiements de Léon Blum, SFIO (Ex-appellation du PS) , qui semblait ne pas avoir pris la mesure de la tournure internationale que prenaient désormais le conflit espagnol et la mise sous tutelle, le 19 mars 1939, de la Bohême-Moravie (partie tchèque de l'ex- Tchécoslovaquie) par l'Allemagne. L'attentisme de Léon Blum face à ces deux problèmes finira par le discréditer. Il sera remplacé à la Présidence du Conseil par le radical Édouard Daladier.

 

À peine nommé, Daladier profitera de la divulgation de l'existence du Pacte germano-soviétique [5], traité de non-agression conclu le 23 août 1939 entre l'Allemagne et l'Union soviétique à Moscou, pour mener la chasse aux communistes français, faisant arrêter 49 de ses 72 députés et interdire l'ensemble de ses activités,  alors que cet accord fut unilatéralement rompu par Hitler le 22 juin 1941 avec le déclenchement de l'invasion de l'URSS sous le nom de code Unternehmen Barbarossa (Opération Barbarossa). Il va sans dire que la stigmatisation des communistes ne fit que renforcer l'atmosphère de suspicion généralisée qui régnait en cette phase pré-guerre, et qu'elle favorisera grandement la progression spectaculaire de la pensée maurrassienne [6] dans les sphères intellectuelles, la presse ainsi que la grande et petite bourgeoisies qui espéraient une implosion de la IIIème République afin de ramener le pays sur la voie du conservatisme.

 

Ainsi ne faut-il pas s'étonner que l'entrée en guerre qui allait suivre libérera immédiatement les moyens répressifs indispensables à la soumission du pays au diktat d'un tribun nationaliste et pro-collaborationniste qui se dénommera Pétain.

 

En ce dimanche du 15 octobre 1939 ce fut au tour de Loulou, alors âgé de 17 ans, d'être ciblé par les Renseignements généraux (RG) en gare d'Hendaye, alors qu'il s'apprêtait à prendre le train pour rendre visite à Mayotte, sœur cadette de Catherine, qui vivait dans la capitale. Le préposé à la fouille de ses bagages, l'inspecteur Papi, qui se distinguera par la suite pour avoir pendant tout le temps de l'occupation allemande été un servile agent des nazis, trouvera même le moyen de déchirer l'abdomen d'un poulet cuit, destiné à servir de présent à Mayotte, afin de vérifier qu'il ne contenait rien d'autre que de la farce. Le 23 mars 1940, Loulou sera licencié par les PTT où il était employé au service des télégrammes, au prétexte de s'être servi d'une enveloppe de service pour s'adresser au maire, Léon Lannepouquet. Quelques semaines plus tard, deux gendarmes se rendirent sur son nouveau lieu de travail, à Saint-Jean-de-Luz, pour lui signifier qu'il devait se conformer à l'interdiction de séjourner sur un périmètre qui englobait tout le Pays basque.

 

Les premiers signes de la future collaboration vichyssoise avec les nazis

 

L'arsenal déployé pour harceler notre famille prit dès lors une tournure si manifestement répressive que l'on peut, avec le recul du temps, se demander comment, avec l'invasion allemande qui allait suivre, ses membres les plus en vue pouvaient encore échapper à un internement.

 

Parvenus à rapidement occuper plus de la moitié du pays, les nazis laissèrent au régime de Vichy le soin de recruter dans les rangs des services de renseignements issus de la défunte IIIème République des agents chargés de traquer " l'ennemi intérieur ". Catherine se verra donc confrontée à la réapparition de son dossier et sera aussitôt frappée, par arrêté préfectoral en date du 1er décembre 1940, d'une " astreinte à résider sur le territoire de la commune d'Hendaye ", avec obligation de se présenter " le premier lundi de chaque quinzaine à la brigade de gendarmerie ", sous prétexte qu'elle faisait partie " des individus dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique ".

Par arrêté en date du 1er décembre 1940 émis par la préfecture des Landes, Catherine Rivière se voyait notifier une assignation à résidence assortie d'une obligation de se présenter le premier lundi de chaque quinzaine à la brigade de gendarmerie d'Hendaye.

Cette assignation à résidence sera pour notre grand-mère un moindre mal, car on peut légitimement s'interroger sur ce qu'il serait advenu d'elle si l'occupant n'avait pas ordonné à l'autorité vichyssoise de ne choisir que des individus en bonne condition physique pour fournir en main-d’œuvre les camps de déportation qui étaient des lieux où les internés étaient contraints de se plier à une production esclavagiste au service de la machine de guerre nazie.

 

Cette nouvelle vie sous étroit contrôle n'évitera toutefois pas à Catherine et Marcel d'être, tôt un matin de 1941, confrontés à une perquisition de leur appartement. La minutieuse fouille des lieux que deux policiers venaient entreprendre aurait pu fort mal se terminer si Catherine n'avait eu la présence d'esprit de les leurrer en leur lançant sur un ton provocateur devant une armoire à linge de la plus grande des chambres : " Si vous cherchez un pistolet, il est là sous les draps ! ". Ces propos d'une audace inouïe dérouteront ces "visiteurs" qui s'acharneront à rechercher encore plus intensément ailleurs, puis repartiront au final bredouilles, alors qu'une arme avait réellement été dissimulée dans un double-fond de cette armoire.

 

Nos grands-parents furent à compter de ce jour contraints de vivre reclus, ceci afin de ne pas exposer d'autres membres de la famille ou du cercle des résistants locaux à la brutalité de l'occupant, mais aussi limiter la propagation de rumeurs qui faisaient le bonheur des délateurs en tous genres qui s'activaient parfois uniquement dans le but de tirer un profit financier de cet acte qui était la plupart du temps gratifié par les nazis ou Vichy. 

 

Le 22 octobre 1942, Loulou, alors âgé de 20 ans, sera interpellé au domicile familial et emmené sous escorte dans une cellule de la gendarmerie prévôtale située alors au N° 20 de l'actuelle Rue du 19 Mars 1962. Il sera quelques jours plus tard interné pendant plus de 3 mois au Fort du Hâ à Bordeaux, puis transféré vers le camp de Compiègne-Royallieu [7] d'où, entassé dans un wagon à bestiaux parmi cent autres détenus, il parviendra le 25 janvier 1943 au camp de concentration de Sachsenhausen. Catherine et Marcel passeront dès lors des moments émotionnels douloureux en ce gros bourg qu'était encore Hendaye et où tout un chacun parvenait inévitablement à être informé des malheurs qui s'abattaient sur les familles que l'occupant et ses laquais persécutaient.

 

Catherine parviendra néanmoins à tant bien que mal surmonter la douloureuse période qui s'annonçait en ne pensant qu'au sort réservé à son plus jeune fils, ainsi qu'aux milliers d'autres qui avaient également été déportés. Ceci l'incitera à encore plus accentuer son action au sein du "Comité féminin (clandestin) de la Résistance" qui, à l'image de ceux qui se développaient peu à peu au plan national, avait localement été constitué dès la fin de 1942 [8]. Elle organisera par la suite, alors que la Wehrmacht était en déroute sur les divers fronts de l'URSS et que l'entrée en guerre des USA n"était plus qu'une affaire de temps après l'attaque aérienne nippone sur la flotte américaine à Pearl Harbor, une "Section locale de l'Union des femmes françaises (UFF)" dont elle assumera, la Libération venue, un temps la première présidence.

 

Ses engagements ultérieurs ...

 

Enrichie des enseignements qu'apportèrent les centaines de milliers d'opposants politiques allemands que les nazis firent interner et/ou assassiner dans les premiers camps de concentration créés dès 1934, ainsi que de l'engagement exemplaire que les milliers de volontaires allemands démontrèrent dans la défense de la République espagnole au sein des Brigades internationales, Catherine refusera constamment de confondre la responsabilité du Troisième Reich dans l'horreur de l'holocauste et de la déportation avec le statut de conscrits qu"avaient les hommes du rang enrôlés pour combattre au sein de la Wehrmacht.

 

Ainsi s'opposera-t-elle constamment à ce que l'on accable le peuple allemand considéré dans sa globalité, et clamera sans relâche, à l'image de ce qu'elle fit lors de nos guerres coloniales, que seuls les ordonnateurs de ces abominables actes ainsi que les tortionnaires qui les accomplirent se devaient d'endosser leurs responsabilités devant la communauté internationale et l'Histoire. Elle reprochera en ce sens aux autorités de notre pays qui initièrent les tonsures publiques des femmes qui s'étaient "offertes" à de simples soldats de l'armée d'occupation, d'avoir permis de détourner l'attention de la population sur les responsabilités de nombreux fonctionnaires vichyssois et autres collaborateurs de tous rangs qui bénéficièrent par ce biais d'échappatoires à des procès.

 

Catherine s'engagera dès la création du Secours populaire français (SPF) en 1945 au sein de cette association qui renaissait des cendres du Secours Rouge d'avant-guerre et apporte encore de nos jours, aussi bien dans notre pays que dans ceux où sévissent de récurrents problèmes humanitaires, une précieuse aide alimentaire et matérielle aux plus démunis, réfugiés, victimes de catastrophes naturelles et de guerres.

 

... et jusqu'à la fin de sa vie

 

La phase de la décolonisation générera bien d'autres combats chez notre grand-mère. Catherine sera une fervente admiratrice de la grande figure indochinoise que fut Nguyen Aï Quoc, (plus connu sous le pseudonyme de Hô Chi Minh), fondateur de la "Ligue pour l'Indépendance du Viêt Nam", qui au congrès de Tours de la SFIO en décembre 1920 fit une intervention remarquée sur la libération des peuples soumis aux colonisations.

 

Il en fut de même concernant l'emblématique indépendantiste Ben Bella, ancien combattant de la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny, qui s'illustra dans la Bataille de Monte Cassino ainsi que la Campagne d'Allemagne (1945) et fut décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle avant de passer près de 25 années de sa vie en prison pour avoir entraîné son peuple à se libérer du joug colonial. Catherine s'engagera également sans compter dans le Comité de soutien créé pour qu'éclate la vérité sur la disparition du jeune mathématicien algérois Maurice Audin, arrêté, puis torturé et exterminé par des éléments de l'armée française pour avoir pacifiquement soutenu la cause de l'indépendance algérienne. Elle épaulera avec une farouche détermination et de nombreuses autres concitoyennes le combat de Josette Audin, qui luttera pendant 60 années et jusqu'à son décès pour que toute la lumière soit faite sur l'assassinat de son époux Maurice. [9]

 

Notre inébranlable aïeule ne parvint jamais à se départir des méthodes de dissimulation qui eurent cours pendant les années d'occupation et trouvèrent encore une part de justification lors de la poursuite de l'insupportable dictature franquiste au-delà de 1945. Ainsi, accrochera-t-elle jusqu'au début des années 60 un torchon à la fenêtre de la cuisine du dernier étage du 29 rue du Port afin de faire comprendre aux nouveaux réfugiés politiques venus d'outre-Bidassoa que la soupe du midi était prête, comme cela était courant de le faire du temps où ces derniers se réfugiaient dans la clandestinité.

 

Ses dernières confidences

 

Il serait enfin incomplet de ne pas rappeler que notre  grand-mère s'insurgea souvent sur la fin de sa vie contre la lente mais inexorable disparition de l'environnement apaisant auquel elle tenait tant et qui faisait alors le charme du gros bourg qu'était encore Hendaye.

 

Elle contestera ainsi sans relâche la destruction du lavoir de Caneta, et fit à ce sujet de tels tapages lors des délibérations du Conseil municipal dans l'enceinte de l'ancienne mairie qu'un petit bassin de remplacement fut construit, puis quelques années plus tard enseveli sous les remblais qui allaient permettre l'extension de la gare de triage. Je la revois encore  brandir à bout de bras à partir des sièges réservés au public son parapluie refermé dont elle ne se dessaisissait quasiment jamais tout en manifestant sur un ton véhément son mécontentement dès qu'une quelconque délibération allait dans le sens d'une transformation de son cadre de vie. Mais, peu de temps avant de s'éteindre, elle finira par me confier sur un ton résigné, qui m'avait profondément peiné puisqu'il annonçait qu'elle avait pleinement pris conscience que ses jours étaient désormais comptés, qu'après avoir connu une longue et bouillonnante existence ses combats n'avaient dorénavant plus de sens tellement elle se savait impuissante à empêcher des transformations qui défiguraient toujours plus  la ville qu'elle avait tant aimé..

        Catherine, lors du repas festif organisé à Biriatou en l'honneur de son 90ème anniversaire, le 11 août 1975.

Souvenir post-mortem

 

Je croise il y a de cela une quinzaine d'années devant son domicile de la rue des Lauriers Denise Parnaud, née Imatz, fille des propriétaires du jadis célèbre grand-hôtel hendayais éponyme. Je m'empresse de la saluer mais, ne pouvant me distinguer puisqu'elle est atteinte d'une cécité aggravée, elle identifie néanmoins ma voix et me questionne : " Vous êtes Monsieur Rivière ? ".

 

Assurée d'avoir affaire à ma personne, elle poursuit : " J'ai un souvenir impérissable de votre grand-mère Catherine en mémoire. Nous étions en pleine occupation allemande et, n'ayant alors pas encore de gros problèmes avec mes yeux, je me remémore très bien le visage aux traits bouleversés qui devint le sien du jour où ils déportèrent Loulou, son fils cadet. Ceci fut un drame pour elle et sa famille, mais je savais que sa fureur de lutter contre le mal nazi qui alors nous accablait était au moins aussi forte que l'anéantissement qu'elle subissait. Je n'oublierai jamais avec quelle dignité elle continuait tant bien que mal à assumer ses taches quotidiennes.

 

Je me souviens aussi de ce jour de 14 juillet où, alors que notre ville était sillonnée de continuels déplacements de gens en armes, elle avait encore l'audace de suspendre à chacune des trois fenêtres de son appartement du dernier étage de la rue du Port de grandes pièces de linges aux couleurs de notre emblème tricolore, qui se trouvait ainsi être le seul à symboliquement flotter sur Hendaye en cette circonstance.

 

Je tiens à vous confier que notre famille ne partageait pas les convictions politiques des vôtres, mais que nous étions toutefois tous profondément ébahis et admiratifs devant la témérité dont elle nous administrait la preuve."

 

Adorable Mamie, je suis infiniment reconnaissant au hasard de l'existence d'avoir eu la chance de pouvoir intimement te côtoyer pendant les 34 premières années de ma vie. Tu étais si humainement attachante que ton souvenir éveille encore aujourd'hui en moi un inaccessible désir ; celui de parvenir un jour à posséder un seul petit fragment de ta magnifique personnalité.

 

 

Notes :

 

[1] CHINGUDY 1913 -1930 (Un peu de ce qui fut), par Jean Paguessorhaye, page 324.

 

[2]  Suite aux accords Bérard-Jordana conclus le 25 février 1939 entre la France et l'Espagne au siège du nouveau gouvernement nationaliste installé à Burgos, notre pays obtint un gage de neutralité espagnole en échange de sa reconnaissance de la légitimité de Franco sur l'Espagne. Ceci impliquera, entre autres, que les deux pays signataires s'engagent à prendre toute mesure propre à étroitement surveiller, chacun sur son territoire, toute activité qui pourrait nuire à la sécurité de l’État voisin, ce qui permet d'expliquer pourquoi Catherine sera convoquée par un juge de paix. Dans les jours qui suivirent la signature de ces accords  le gouvernement d’Édouard Daladier déléguera, le 2 mars 1939, Philippe Pétain comme ambassadeur à Burgos.

 

[3] Ailleurs demain de Louis Rivière. Éditions Tirésias -AERI, Paris, page 81.

 

[4] Lire une courte biographie de Guy Môquet : https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Guy_M%C3%B4quet/149687

 

[5] Le Pacte germano-soviétique faisait lui-même suite aux accords de Munich de 1938 signés entre l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie qui signifièrent le démantèlement de la Tchécoslovaquie, puis l'échec des négociations menées en vue de constituer une alliance soviéto-occidentale contre l'Allemagne nazie et les autres puissances de l'Axe. 

Lire aussi " Un autre récit des accords de Munich " : https://www.monde-diplomatique.fr/2018/10/GORODETSKY/59133

 

[6] Pensée propagée par Charles Maurras (1868-1952). Condamné après-guerre à la dégradation nationale et à la réclusion à perpétuité cet adepte du nationalisme intégral salua l'arrivée du maréchal Pétain en 1940 comme une "divine surprise" et voyait en " l'État français " une revanche sur la Révolution.

 

[7] Le camp de Compiègne-Royallieu, moins connu que ceux de Drancy ou de Natzweiler-Struthof (Alsace annexée), était reservé au transit des convois de détenus politiques destinés à être déportés pour raison de "répression".  La plupart des internés de ce camp avaient donc été arrêtés en représailles à des attentats antiallemands ou pour être des "agitateurs" communistes. Le camp comptait également dans une de ses trois sous-divisions des détenus notables juifs, pour la plupart issus du cercle des professions libérales, qui étaient là en attente d'être déportés vers Auschwitz. Ce camp aura été le seul de ceux situés en France (hors Alsace-Lorraine annexées) à être commandé par les Allemands avant Juillet 1943.

Le choix de ce lieu était pour les nazis hautement symbolique puisque, le lieu-dit "Royallieu" est situé à seulement quelques kilomètres de là où, le 22 juin 1940, avait été signé l'armistice qui établissait les conditions de l'occupation de la France par le Reich, Hitler ayant exigé que ce second armistice se tienne lui aussi dans le wagon positionné en clairière de Rethondes qui avait déjà servi de "décor historique" à l'armistice franco-allemand précédent qui mit fin à la Première Guerre mondiale le 11novembre 1918. 

Regarder le document filmé retraçant  les préparatifs de ce cérémonial : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i00007864/signature-de-l-armistice-franco-allemand-a-rethondes

 

[8] Découvrir l'origine de ces "Comités féminins de la Résistance": https://fr.wikipedia.org/wiki/Henriette_Bidouze . Lire également " Elles, la Résistance", ouvrage collectif rédigé (entre-autres) par Marie-Louise Coudert, Paul Hélène, Marie Claude Vaillant-Couturier (livres d'occasion en bon état à la FNAC)

 

[9] Lire l'article que nous avons dédié à Maurice Audin en l'occasion du 59ème anniversaire de sa disparation, le 10 juin 2016 :  https://hendaye-environnement.over-blog.fr/2016/06/maurice-audin-et-son-epouse-josette-jeunes-fiances-a-alger-59eme-anniversaire-de-l-assassinat-de-maurice-audin-jeune-et-brillant-mat

 

Voir également l'annonce de la reconnaissance du rôle de l’État dans la mort  de Maurice Audin : https://www.liberation.fr/france/2018/09/15/la-reconnaissance-du-role-de-l-etat-dans-la-mort-maurice-audin-aura-t-elle-des-consequences-juridiqu_1678772

 

 

 

 

 

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Published by Sirius
16 avril 2021 5 16 /04 /avril /2021 09:19

IRUN, 15 avril 1931.

Une gigantesque foule en liesse manifeste son contentement d'apprendre la proclamation de la Seconde République espagnole.

 

 

ANNIVERSAIRE

 

 

     MOURIR POUR SES IDÉES 

 

Commémoration du 90ème anniversaire de la proclamation de la Seconde République espagnole

 

 

Le 14 avril 1931, surlendemain des élections municipales qui menèrent à une forte progression des forces antimonarchistes dans l'ensemble des grandes villes de notre voisin ibérique, a été proclamée la Seconde République espagnole (1931-1939). A peine ce bouleversement politique connu, le roi Alphonse XIII jugea bon de s'exiler, sans avoir pour autant souhaité abdiquer.

 

On sait ce qu'il est advint de cette république qui fut assaillie, à peine cinq années après, par les factieux et leurs alliés nazis qui aidèrent militairement le général putschiste Francisco Franco à instaurer une dictature.  

 

Fort de ces appuis, l'impitoyable "caudillo" engagera une répression militaire sanglante sur l'ensemble du pays et contraindra les héroïques défenseurs de la démocratie espagnole qui étaient pour la plupart des civils à mourir les armes à la main ou partir en exil.

 

La commémoration du 90ème anniversaire de la proclamation de cet événement sociétal majeur du siècle dernier se produit en des temps où, à nouveau de nos jours, de nombreux pays sont confrontés à une possible arrivée au pouvoir de prétendants autoritaires, ces derniers ressassant des slogans xénophobes et sécuritaires dans le seul but de parvenir à un isolement national qui mène les peuples à une obédience aveugle.   

 

Il apparaît, près d'un siècle après cette tragédie subie par l'Espagne républicaine, que cet anéantissement de la démocratie est un avertissement que devraient méditer tous ceux qui souhaitent qu'un pareil malheur ne se reproduise pas plus chez eux qu'ailleurs.

 

La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

                                               COMMEMORATION

 

         L'Amicale des Anciens Guérilleros Espagnols en France                                     

                                     (anciens combattants assimilés aux FFI)

 
                                        vous convie à assister
         
                                le 17 avril 2021 à 11 heures
 
à la commémoration du 90ème anniversaire de l'instauration de la Seconde République espagnole
 
Pont international reliant Irún à Hendaye 
 
où sont apposées des plaques à la mémoire des républicains espagnols .
                                         
               Les mesures sanitaires en cours seront de rigueur
                                                         
                             Nous comptons sur votre présence
                                    
                                       Merci-Gracias-Milesker
 
 
 
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1 janvier 2021 5 01 /01 /janvier /2021 10:59

 

 

 

HISTOIRE LOCALE

 

 

                FIGURES HENDAYAISES DU PASSÉ

 

 

Cette rubrique est destinée à présenter des habitants qui auront marqué la vie de leur quartier et de la ville pour avoir été des personnages hauts en couleurs et/ou particulièrement exemplaires.

 

 

Si vous souhaitez faire connaître ou voir renaître des figures marquantes sur lesquelles vous possédez textes et photos, contactez-nous en utilisant l'adresse mail que vous trouverez sous la rubrique "Contact" ci-contre.

 

Le présent portrait est consacré à Simone Chrisostome-Vilalta,  hendayaise du Bas-Quartier, qui s'illustra par son courage et sa témérité au cours de l'occupation de notre pays par l'Allemagne nazie.

Simone CHRISOSTOME-VILALTA, dite "MONETTE" de son petit nom de guerre.

Simone CHRISOSTOME-VILALTA, dite "MONETTE" de son petit nom de guerre.

Simone Chrisostome-Vilalta

1923 - 2021

 

Par Christian Rivière

 

 

Simone Chrisostome-Vilalta, hendayaise de naissance et de cœur qui aura comme aucune autre femme marqué par son indéfectible courage civique la sombre période qu'a connue notre ville pendant l'occupation allemande, vient de nous quitter dans les premières heures de cette nouvelle année 2021. Elle était âgée de 97 ans. 

 

 

Une jeunesse dont l'exemplarité éveille le respect

 

Engagée dès la fin de son adolescence contre la propagation de l'idéologie nazie dont on devinait déjà les contours avec l'arrivée au pouvoir d'un général factieux dénommé Franco en Espagne, puis l'invasion de notre pays par la terrifiante armée du Troisième Reich, Simone Chrisostome, future épouse Vilalta (conjoint qui aura comme elle connu l'atrocité des camps de déportation), entra en résistance au sein du noyau de citoyens insoumis qui se constitua dès le lendemain de l'arrivée des troupes d'occupation sur Hendaye. Nous étions alors à la fin de l'été de l'année 1940 et Simone n"avait pas encore tout à fait atteint sa dix-septième année.

 

Notre future héroïne s'initia dès lors à son rôle de résistante à partir du domicile familial situé au Bas-Quartier. C'est là que s'organisa, sous l'égide de son père soutenu par quelques familles hendayaises dont les noms sont cités dans les témoignages et documents rapportés en annexe,  la distribution de tracts appelant à la "Résistance" et que se nouèrent les prises de contacts avec des groupes régionaux essentiellement liés à la mouvance communiste. Simone sera ainsi très vite occupée à discrètement tracter ces appels ainsi qu'à convoyer de faux papiers qui attribuaient une nouvelle identité à ceux qui refusaient de se soumettre.

 

Après deux années de cette activité clandestine qui mena plusieurs fois la Gestapo à perquisitionner le domicile de sa famille, Simone rejoignit ensuite en tant qu'agent de liaison les rangs du réseau de résistance "Angers, honneur et patrie" qu'anima son père en terroir angevin. Ce réseau scinda son activité en plusieurs groupes autonomes : renseignement, sabotage, évasion, propagande, poste (avec pour mission l'interception des lettres de dénonciations) et compta jusqu'à 296 membres qui furent confrontés à la violence de la répression nazie qui se solda par 107 arrestations ainsi que 49 déportations (dont celle de Simone) entre septembre 1943 et février 1944.

 

 

Confrontée au monde concentrationnaire où seule la solidarité comptait pour survivre

 

Simone sera arrêtée le 2 août 1943 à Angers, soit peu de mois avant sa vingtième année, puis incarcérée dans cette même ville avant d'être ensuite internée au Fort de Romainville et finalement transportée dans un wagon à bestiaux vers le camp de concentration de Ravensbrück situé à 80 km au nord de Berlin et dans lequel, sur les quelques 132 000 femmes et enfants qui y furent déportés, 90 000 furent assassinés. Simone subira dans cet enfer concentrationnaire un rude et périlleux internement qui ne prendra fin qu'à la veille de la capitulation du IIIe Reich le 8 mai 1945, démontrant ainsi que les sévices imposés aux déportés par ce régime honni parvenaient difficilement à être qualifiés tellement leur cruauté était ineffable.

 

Confrontée en ce sinistre lieu d'internement à d'insupportables astreintes physiques, des violences démesurées ainsi qu'à une disette savamment imposée, Simone reviendra profondément amaigrie et psychiquement marquée à tout jamais par cette indescriptible expérience dans laquelle les détenues démontrèrent, malgré leurs épouvantables conditions de détention, une extraordinaire solidarité entre elles. Elle considérera dès lors qu'un devoir impérieux s'imposait à chacune de ces anciennes déportées : celui de témoigner, sans relâche, à quel point la nature du monde concentrationnaire nazi pouvait avoir un caractère profondément inhumain et démentiel.

 

 

Un legs fait de souvenirs admiratifs et indélébiles

 

Passée du stade de l'ex-détenue à celui de l'héroïne, Simone ira inlassablement témoigner, aussi longtemps que ses jambes lui permirent encore de se déplacer, devant des générations d'écoliers et étudiants en passe de devenir adultes. Elle dénoncera inlassablement devant ces derniers les méfaits qu'engendrèrent le nationalisme exacerbé et les discours haineux d'un psychopathe dénommé Hitler sur l'Allemagne d'alors qu'il dirigeait avec une poigne de fer .

 

En dévoilant ainsi devant nos générations montantes son incroyable lucidité ainsi que son admirable humanisme qui devenait particulièrement émouvant lorsqu'elle exprimait pouvoir pardonner à ceux qui furent subjugués puis asservis par leur "Führer", notre regrettée amie démontrera qu'elle possédait une singulière et attachante personnalité.

 

Simone nous manquera immensément, mais son exceptionnel engagement demeurera à tout jamais gravé dans nos mémoires et aura utilement contribué à perpétuer le souvenir de l'horreur que fut le monde concentrationnaire nazi.

 

 

Témoignages et documents édités en hommage à "Monette"

 

-1-

 

https://youtu.be/moEUAwDoWYM

Témoignage de Simone Chrisostome-Vilalata

Réalisation :

 La Amical de Mauthausen y otros campos

&

L'Amicale française de Mauthausen et ses camps annexes

 

-2-

 

Entrevue avec Simone Chisostome-Vilalta

initiée et réalisée par  :

OROITZA - Cercle de Recherches sur l'Histoire de Hendaye 

http://www.oroitza-histoire-d-hendaye.fr/#Deportations

 

-3-

 

Le camp de Ravensbrück, des rescapées témoignent : https://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/le-camp-de-concentration-de-ravensbrueck-des-rescapees-temoignent/

 

-4-

 

Documents photographiques

Tenue de déportée de Simone sur laquelle repose un calpin illustré intitulé "À ma petite Monette, pour ses 21 ans". Ce recueil, confectionné avec les moyens de fortune du camp, lui a été offert par une co-détenue qui a consigné son parcours de vie sur quelques feuillets.

Tenue de déportée de Simone sur laquelle repose un calepin illustré intitulé "À ma petite Monette, pour ses 21 ans". Celui-ci a été confectionné avec les moyens de fortune du camp par une codétenue qui a consigné son parcours de vie sur quelques feuillets.

Détail de la couverture du petit recueil photographié ci-dessus : " A Monette pour ses 21 ans."

           Détail de la couverture du calepin photographié ci-dessus.

Simone parmi ses camardes de détention au moment de la libération du camp de Ravensbrück.

Simone parmi ses camardes de détention au moment de la libération du camp de Ravensbrück.

Séjour de délassement des anciens déportés hendayais aux Aldudes, (été 1945). De gauche à droite : Louis Rivière, Paul Gastesi, Réné Peyrelongue, François Pastor, Simone Chrisostome, Martin Mir.

" Cette médaille, je la partage avec mes camarades déportés henadayais qui ont, comme moi, subi cette douloureuse épreuve de barbarie et de cruauté. "  Simone Chrisostome-Vilalta, lors de sa remise de Médaille de la Ville d'Hendaye en mairie. Photo : Mairie d'Hendaye

" Cette médaille, je la partage avec mes camarades déportés hendayais qui ont, comme moi, subi cette douloureuse épreuve de barbarie et de cruauté. " Simone Chrisostome-Vilalta, lors de la cérémonie d'attribution en mairie de la Médaille de la Ville d'Hendaye. Photo : Mairie d'Hendaye

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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 15:05
UN VACCIN EN PERSPECTIVE ? ... SUIVRE L'ÉVOLUTION QUOTIDIENNE DE LA SECONDE VAGUE DE COVID-19 sous notre rubrique "BRÈVES & NOUVELLES".

    La verbalisation à l'issue d'un contrôle de police se fait à l'appréciation du fonctionnaire.        Photo : AFP

 

 

SOCIÉTÉ/COVID-19

 

UN ABSURDISTAN AUTORITAIRE 

 

 

Déjà irrité par les éditoriaux des influents quotidiens The  New York Times [1] et The Washington Post qui lui reprochent son égo démesuré ainsi que de courtiser les électeurs qui pourraient lui faire défaut en faisant usage par l'intermédiaire de son premier ministre de la rhétorique de l’extrême-droite qui consiste à stigmatiser les politiciens de gauche comme étant des apologistes des islamistes, Manuel Macron vient probablement d'être une nouvelle fois agacé en découvrant un nouvel article publié cette fois par un des grands et fort sérieux hebdomadaires de la presse allemande.

 

C’est sur le sujet de la gestion incohérente et autoritaire faite par notre président de la pandémie de Covid-19 que, sous la plume de la journaliste Annika Joeres, l'hebdomadaire Die Zeit publie un article intitulé « Un Absurdistan autoritaire »[2] (titre qui fait ironiquement allusion à une de ces ex-républiques de l'URSS dont on sait qu'elles sont aujourd'hui dirigées d'une main de fer par des personnages plus ou moins despotiques) et nous plonge dans un monde que l'on pourrait croire utopique tant les forces de police abordent les "citoyens" en ayant à l'esprit le sentiment que ces derniers seraient incapables de parvenir à se soustraire du stade de l'infantilisme.

 

Mais lisons plutôt un extrait de cet article qui se réfère à l'interpellation qui s'est produite dans une de nos stations balnéaires réputées et met en scène des protagonistes qui ne sont pas inconnus des familiers du littoral basque :

 

« Lorsque Betty Bellion-Jourdan est sortie de la mer à Biarritz dans l’ouest de la France il y a quelques jours, quatre policiers l’attendaient : la femme de 93 ans avait le droit de s’asseoir sur la plage pendant cette période de confinement, mais pas celui de nager dans l’eau. Depuis des décennies, la vieille dame nage le crawl tous les jours dans l’Atlantique, même dans le froid hivernal, et soulage ainsi la neuropathie dans ses jambes, une maladie nerveuse. « Aucun spécialiste, aucun massage ne peut me guérir comme la mer le peut », déclare-t-elle. Comme on peut le voir dans une vidéo, un policier lui a simplement répondu : « Selon l’article 46 du règlement 20-10, tous les sports nautiques sont interdits ». Madame Bellion-Jourdan devra donc payer une amende de 135 euros si elle s’approche à nouveau de la mer.

 

La nageuse Betty Bellion-Jourdan détient pourtant un certificat de son médecin, Guillaume Barucq (NDLR qui est également élu d’opposition au sein du Conseil municipal de cette ville) et selon lequel cette personne dépend de la natation pour sa santé. « Personne dans la mer ne risque d’être infecté par la Covid-19, c’est gratuit et c’est bon pour la santé », argumente Barucq. Il recevait de plus en plus de patients dans son cabinet qui étaient déprimés et devenaient de plus en plus faibles physiquement. Tout le monde avait besoin de sport pour renforcer ses défenses, y compris contre le coronavirus. « Dans quel État vivons-nous, où les seniors qui nagent doivent sortir de l’eau sous escorte policière ? » s’interroge le médecin. Entre-temps, le ministre des Sports a clairement indiqué depuis Paris que les personnes atteintes de maladies chroniques peuvent continuer à faire du sport. Mais pour cela, tout le monde, comme Bellion-Jourdan, a besoin d’un nouveau certificat. »

 

La lecture de cet extrait incite à penser que cette journaliste aurait très bien pu résumer sa description de l'ambiance rapportée de notre pays de la façon suivante : J’ai été sidérée par le fait que les Français acceptent en général avec apathie les mesures édictées, même s'il s'avère que ce qu'on leur impose est tout autant ubuesque qu'autoritaire.

 

On voit qu'en ces temps de pouvoir quasi-monarchique plus personne ne parvient à échapper aux tracasseries qui ont cours un peu partout comme l'atteste le témoignage ci-dessous qui fait immanquablement prendre conscience qu’il est devenu hasardeux de nos jours de se rendre sur la voie publique, même si l'on est animé que d'intentions pacifiques.

 

Il faut enfin craindre que dans l'actuel climat d'intimidation des citoyens qui vient s'ajouter au mécontentement d'un grand nombre de ces derniers qui considèrent que la représentativité parlementaire actuelle est foncièrement inéquitable du fait du mode de scrutin majoritaire en place, un vote favorable à loi dite de "sécurité globale" [3][4] en débat à l'Assemblée nationale viendrait encore plus accentuer la défiance des électeurs envers les élus, puisque les § 22 & 24 de cette proposition de loi contiennent des éléments à caractères manifestement liberticides qui ne cherchent qu'à restreindre nos libertés fondamentales.

 

La rédaction d’HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

[1]  https://www.nytimes.com/2020/10/29/world/europe/nice-attack-france.html?searchResultPosition=4

 

[2]  https://www.zeit.de/politik/ausland/2020-11/corona-regeln-frankreich-lockdown-polizei-quarantaene-attest-joggen-sport?utm_referrer=https%3A%2F%2Fwww.qwant.com%2F

 

Die Zeit publiera deux semaines plus tard sous le titre " Wie ein König " ("Comme un roi")  https://www.zeit.de/politik/ausland/2020-11/proteste-frankreich-emmanuel-macron-corona-krise-grundrechte-fuehrungsstil/seite-3 une autre charge dénonçant la dérive monarchique de notre république et était agrémentée d'un lien acht Minuten langes Video qui illustrait le comportement de sa police.

 

[3]  https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/11/17/quelles-sont-les-principales-mesures-de-la-loi-de-securite-globale-examinee-a-l-assemblee_6060063_1653578.html

 

 [4]  https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2020/11/20/nous-n-accrediterons-pas-nos-journalistes-pour-couvrir-les-manifestations_6060521_3236.html

 

 

Témoignage

 

Confinement : j'ai été condamné parce que je ne portais pas de jogging
 
Contrôlé le 22 mars par la police, j'ai été jugé et condamné pour déplacement interdit pendant le confinement, sans que je ne le sache. Le motif semble être… ma tenue vestimentaire, pas assez sportive au goût des fonctionnaires.
                               Par Étienne Girard, rédacteur en chef société-enquêtes à
                               

 

Lire son témoignage : https://www.marianne.net/societe/police-et-justice/confinement-jai-ete-condamne-parce-que-je-ne-portais-pas-de-jogging

 

 

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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 16:05

 

 

Estimé(e)s Lectrices et Lecteurs,

 

Que ce soit au moment des rituelles fêtes de fin d'année ou encore tout au long des 365 jours calendaires, le Secours populaire français (SPF) apporte une aide alimentaire, vestimentaire, matérielle, ainsi qu'un soutien moral ou administratif précieux aux plus défavorisés de notre société, que ces derniers se trouvent bien entendu en France, mais aussi partout autour du globe, là où sévissent en particulier la pauvreté, les famines, les catastrophes naturelles ou encore les conflits armés. 

 

Les innombrables interventions du SPF sont mues par une philosophie de prise en charge des nécessiteux qui ne fait aucune différence entre l'origine de ces derniers ou encore les pays où ils vivent, pas plus qu'il est tenu compte de leurs convictions religieuses ou de leur agnosticisme puisqu'une seule chose compte pour les dizaines de milliers de bénévoles qui font vivre cette irremplaçable institution de solidarité depuis 1945*, c'est d'aider selon l'unique credo " Tout ce qui est humain est nôtre ".

                                

Et si vous deveniez un père Noël vert en faisant un don selon vos moyens ?

 

La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

* Le SPF est issu de l'ancien Secours rouge (1923-1936), devenu de 1936 à 1945 le Secours populaire de France  et sera dénommé dès la fin du second conflit mondial après sa fusion avec l'Association nationale des victimes du nazisme (ANVN) le Secours populaire français..

 

 

 

Avec le Secours populaire, donnez un coup de main au Père Noël !

 

 

Les Pères Noël verts permettent aux enfants, aux jeunes, aux familles, aux personnes âgées ou isolées, de fêter Noël et la nouvelle année dans la dignité.


Grâce à eux, depuis 1976, le Secours populaire peut proposer aux enfants et aux familles en difficulté : des jouets, des livres, des colis alimentaires festifs... sans oublier des parades, sorties, spectacles, places de cirque ou d’évènements sportifs, goûters, repas au restaurant… partout en France, mais aussi au-delà des frontières, grâce au réseau associatif du Secours populaire dans le monde.

La hotte du Secours populaire français (SPF)

 

Pour mener à bien cette mission, les Pères Noël verts multiplient les activités solidaires permettant de collecter des dons financiers, des jouets neufs et des produits gastronomiques.

En effet, cette période de l’année, particulièrement difficile, doit être un moment de fête pour tous !

 

Chaque année, avec la montée de la pauvreté, la tournée des Pères Noël verts est de plus en plus difficile, c’est pourquoi, le Secours populaire invite chacun, via un site web dédié, à soutenir cette grande campagne de Noël à l’occasion des initiatives organisées, pour apporter un peu de chaleur, de réconfort et de dignité aux personnes en difficulté, de plus en plus nombreuses à franchir les portes de l’association.

 

Pour les bénévoles, il existe de nombreuses manières de s’engager, selon les disponibilités, par exemple : en déposant des tirelires chez les commerçants, en participants aux stands paquets-cadeaux à la sortie des magasins, en collectant des denrées alimentaires festives dans les grands surfaces ou encore en organisant des arbres de Noël.

 
Les Pères Noël verts sont aussi soutenus par les entreprises, fondations et personnalités.

 

Pas d’action sans don !

 

Votre soutien financier nous permettra d’apporter une solidarité concrète aux victimes. L’ampleur de l’aide dépendra des fonds que nous réussirons à collecter.

 

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5 novembre 2020 4 05 /11 /novembre /2020 15:51
SUIVRE CI-DESSOUS L'ÉVOLUTION DE LA SECONDE VAGUE DE LA PANDÉMIE DE COVID-19.
Mill Valley, Californie, lors de la grippe espagnole de 1918.
       Sur la pancarte de la personne située à droite on peut lire : " Portez un masque, sinon vous irez en prison".
 
 

L'ÉVOLUTION DE LA PANDÉMIE DE COVID-19 AU FIL DES JOURS

 

 

Situation dans les cinq pays européens les plus peuplés :

                                                             Caricature : Fred Sochard

 

17/01 - Selon les relevés hebdomadaires établis par l'OMS et ceux quotidiens de la Johns Hopkins University (USA), la situation sanitaire liée à la pandémie de covid-19 serait la suivante au sein des 5 pays les plus peuplés de l'UE (Royaume-Uni compris) :

 

 

Nouveaux cas hebdo au 12/01    Cumul au 17/01    Cumul des décès

Allemagne            142 861                   2 039 725             46 670
Espagne

             59 343                   2 252 164             53 314

 France

           122 565                   2 931 686             70 093

Italie

           116 665                   2 368 733             81 800

Royaume-Uni            417 620                   3 367 070             88 747

                              

Derniers commentaires de notre rédaction :

 

17/01 -  70 000 décès sont désormais comptabilisés en France, alors qu'un cumul de 3 millions de cas va bientôt être atteint. Le Royaume-Uni connaît une vague affolante de nouvelles contaminations avec plus de 400 000 cas en une semaine.

 

07/01 - Avec 384 784 nouveaux cas de contaminations notés en sept jours, le Royaume-Uni enregistre une propagation fulgurante du virus alors que la campagne de vaccination bat son plein sans pouvoir pour l'instant refléter de notoires effets.

 

03/01  -  L'Allemagne a enregistré 12 690 nouveaux cas de COVID-19 au cours des dernières 24 heures, la France 19 241 (et désormais franchi un cumul de 65 000 décès), l'Italie 22 210, le Royaume-Uni 53 285 et l'Espagne n'a pour l'instant rien communiqué.

 

31/12  -  Le Royaume-Uni peine à contenir la propagation de la pandémie alors que la vaccination débuté il y a une semaine.  Les vaccinés sont-ils encore contagieux est une question qui n’a pour l'instant encore été tranchée dans aucune revue scientifique.

 

23/12 - Afin de parvenir à délester la surcharge hospitalière en réanimation que connait actuellement l'Allemagne, le gouvernement fédéral a pris la décision de faire distribuer gratuitement 3 masques lavables de Type FFP2 à toute personne âgée de plus de 60 ans ou atteinte de problèmes de santé pouvant mener à devoir être réanimée en cas de contamination à la Covid-19.

 

19/12  -  Le cap des 60 000 décès vient d'être franchi hier en France et le cumul des contaminations avoisine 2,5 millions, soit une augmentation de 60 229 nouveaux cas par rapport à la veille.

 

17/12  - La journée d'hier a apporté son lot de 773 décès dus au virus en Allemagne, 680 en Italie, 612 au Royaume-Uni, 290 en France et 195 en Espagne.

 

16/12 - Contrairement au vaccin ARN messager (ARNm) BNT162b2 développé par les laboratoires associés PFIZER/BioNTech qui exige une conservation par -70° avant d'être injecté, un autre vaccin ARNm (dénommé mRNA-1273) mis au point par le laboratoire américain MODERNA est à son tour sur le point d'obtenir la certification des autorités sanitaires US du fait qu'il serait aussi sûr et efficace que celui des coallisés PFIZER/BioNTech. Il devrait néanmoins bénéficier d'un indéniable avantage sur le premier puisqu'il n'exigerait d'être conservé qu'à une température située entre + 2-8° pendant 7 jours ou à - 20°C pendant 6 mois.

 

Évolution de la seconde vague de Covid-19 au sein de l'UE :

 

Cartes comparatives des nouveaux cas de COVID-19 notifiés sur les semaines 49-50 (carte du dessus) et sur les semaines 51-52 (carte du dessous) par régions et fractions de 100 000 habitants des pays de l'UE.

 

A compter de la 45ème semaine de pandémie les cartes de l'ECDC font état de deux nouvelles tranches de ratios qui vont au-delà des 240 contaminations pour 100 000 habitants jusque-là évoquées. Il est désormais fait mention des nouvelles tranches allant de 480-959,9 et ≥ 960,0, ceci permettant de plus justement quantifier l'état de la pandémie par  région

 

La dernière mappemonde publiée par l'OMS ce mercredi 10/01 montre que la plupart des pays européens ainsi que la Russie sont situés sous le seuil des 1 000 cas de covid-19 par million d'habitants au cours des 7 derniers jours à l'exeception de l'Irlande, du Royaume-Uni et de la Suède. Sur le continent américain, les USA se maintiennent également toujours au-delà.

 

Sélection de sites permettant d'obtenir des informations sur la pandémie :

 

Les informations fournies par le site Santé publique France https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/articles/infection-au-nouveau-coronavirus-sars-cov-2-covid-19-france-et-mo étant difficiles à parcourir du fait qu'un enchevêtrement de reports de pages complique un suivi de l'évolution de la pandémie en France et dans le monde, nous proposons à nos lecteurs de se reporter sur les pointages globalement plus explicites qu'éditent quotidiennement l'OMS https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/situation-reportshttps://covid19.who.int/table, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC, agence sanitaire de l'UE) https://www.ecdc.europa.eu/en/cases-2019-ncov-eueea, ou encore le site hospitalo-universitaire Johns Hopkins (USA) https://coronavirus.jhu.edu/map.htm qui centralise également des données mondiales.

 

 

 

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6 octobre 2020 2 06 /10 /octobre /2020 16:14

                                                   Hendaye : Quartier des Joncaux.

Le fleuve Bidassoa sur le point de quitter son lit lors d'une forte marée précédée d'importantes pluies.

Photo : Axel Brucker, Le blog des Hendayais

 

 

ALEAS ENVIRONNEMENTAUX

 

PERCEPTION DES RISQUES D'INONDATIONS PAR LA POPULATION HENDAYAISE

 

Nos lecteurs se souviennent probablement qu'en plein déroulement des mesures de confinement nécessitées par la propagation exponentielle de la pandémie de covid-19, une étudiante en "gestion de l‘environnement et des risques" recourait à notre site pour parvenir à diffuser un questionnaire interrogeant les Henadayais-es sur leur perception des risques d'inondations auxquels ils s'estimaient être exposés sous l’effet conjugué de possibles crues de la Bidassoa et de la montée constante du niveaux des océans due à la fonte actuelle des calottes polaires.

 

Ce questionnement cherchait à déterminer le degré d'information des populations susceptibles d'être impactées par cet autre aspect des changements climatiques et permettre ainsi à cette étudiante de rassembler des éléments analytiques qui fonderaient la trame de son mémoire de master qu'elle intitulera " La gestion du risque inondation à Hendaye ".

 

Au moins 42 de nos lecteurs répondirent à ce questionnaire dans les temps impartis. Tous n'étaient pas nécessairement des résidents du quartier des Joncaux ou de la plage qui sont les deux zones d'Hendaye susceptibles d'être exposées à ce type de risque, puisqu'il pouvait également se trouver parmi eux des personnes qui fréquentaient ces deux quartiers à des fins professionnelles ou vivaient encore ailleurs.

 

La quantité de contributions recueillies n'a malheureusement pas été d'une importance suffisante pour constituer une base de données statistiques "large" au sens de la détermination du niveau général d'information du public sur ce sujet. Toutefois, compte tenu des réponses reçues qui furent d'une indéniable qualité ainsi que des pertinents commentaires reçus, ces retours exprimèrent un évident intérêt du public pour ce sujet et permirent in fine de dégager une tendance de fond indiscutablement fiable.

 

Notre rédaction avait dans un passé récent plusieurs fois attiré l'attention de ses lecteurs sur les risques d'inondation/submersion auxquels la ville d'Hendaye est exposée. Ces divers "papiers" sur ce sujet parvinrent en moyenne à retenir l'attention de près de 450 lecteurs (selon le comptage établi par notre hébergeur qui note le nombre de visiteurs pour chaque article mis en ligne), ce qui pouvait laisser espérer qu'une plus grande partie de ces derniers allait contribuer à l'établissement de données statistiques locales d'une plus grande ampleur. Mais il n'en a malheureusement pas été ainsi.

 

Faut-il rechercher dans cette absence relative de participation de nos lecteurs à l’approfondissement de cette thématique qui paraissait pourtant retenir leur attention des causes multifactorielles ? Probablement, si l'on tient compte, entre autres, des multiples contraintes quotidiennes supplémentaires qui vinrent s'imposer à eux pendant le confinement. Si tel a été le cas, ceci étayerait alors la thèse de sociologues selon lesquels, lors de situations d'exception ou d'urgence, même temporaires, l'engagement d'une partie non négligeable de nos concitoyens habituellement impliqués dans la vie de leur cité est mis en sommeil, ce qui est en fin de compte préjudiciable au bon fonctionnement de notre démocratie.

 

C'est pourquoi il y a nécessité d'avoir des comportements individuels susceptibles d'endiguer la crise sanitaire actuelle et de parallèlement développer une véritable Culture de prise en compte des risques environnementaux liés aux changements climatiques, puisque, au final, l'explication de ces deux phénomènes passe par la compréhension qu'il existe une évidente relation de cause à effet entre eux.

 

La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT


 

Nota : Eugénie Mangeot, auteure de ce mémoire, nous prie de transmettre aux 42 personnes qui ont répondu dans les temps impartis à son questionnaire qu'elle tient à sincèrement les remercier de lui avoir apporté leur aide sans laquelle elle n'aurait pas pu mener celui-ci à bon terme.

 

 

La gestion du risque inondation à Hendaye

 

MASTER DYNARISK

(Extrait du mémoire)

 

COMPTE-RENDU DES QUESTIONNAIRES

 

Cette étude devait comporter une partie sur un questionnaire réalisé auprès des populations, malheureusement la pandémie et le confinement ont rendu impossible cet exercice. Hendaye-Environnement a toutefois eu l’amabilité de bien vouloir héberger le questionnaire sur son site mais même ainsi, au mois de mai, seulement 42 personnes y avaient répondu.

 

Ce questionnaire était en parti inspiré de l’étude du CEREMA-Méditerranée sur la perception du risque dans la région PACA réalisée en décembre 2019. Celle-ci avait pour méthodologie de commencer par construire une problématique simple à laquelle le questionnaire devait répondre: quelle est la perception des habitants quant au risque ?

 

Beaucoup des données reconnues devaient être qualitatives, avec tous les biais que cela implique. Il existe de nombreux facteurs pour influencer ce genre d’étude, notamment l’âge, le territoire, l’expérience face à l’aléa … Mais c’étaient justement des avis de résidents qui étaient intéressants, avec tout ce que ça implique, puisque c’est eux que la mairie doit pouvoir atteindre et sensibiliser.

 

Pour ce questionnaire, les items retenus étaient surtout « l’expérience d’une inondation », «l’accès à l’information », la « réception de l’information » et les « mesures de gestion ».

 

 

LE QUESTIONNAIRE ÉTAIT LE SUIVANT :

 

1.     Avez-vous conscience de la présence du risque inondation dans la commune                              d’Hendaye ?

 

1 bis.   Si oui, connaissez-vous la limite de la zone à risque dans les Joncaux ?

 

2.     Vous souvenez-vous d’une inondation ayant eu lieu à Hendaye ?

 

 3.     Avez-vous connaissance des documents officiels concernant le risque 

          inondation  (PPRL, DICRIM) [1] ?

 

3 bis.  Si oui, lesquels ?

 

3 ter.  Si oui, les avez-vous déjà consultés ? Avez-vous déjà été incité à le faire par la

         mairie ?

 

4.     Avez-vous connaissance de la révision du plan de prévention des risques

        entre 2015-2017 ?

 

5.     Avez-vous entendu parler d'une action de sensibilisation sur la question des   

         risques ayant eu lieu à Hendaye ?

 

5bis.   Si oui, y êtes-vous déjà allé ?

 

6.     Connaissez-vous les réflexes à adopter en cas d’inondation ? Le numéro de    

         téléphone à contacter ?

 

7.     Savez-vous quel est le point de ralliement en cas d’évacuation ?

 

8.     Sur une échelle de 1 à 10, à quel point pensez-vous que la gestion du risque   

         inondation soit importante ?

 

9.     Sur une échelle de 1 à 10, à quel point vous sentez-vous informé sur le sujet ?

 

10.   Sur une échelle de 1 à 10 à quel point vous sentez-vous préparé en cas

         d’inondation ?

 

11.   Sur une échelle de 1 à 10, à quel point vous sentez-vous pris en compte dans 

         le processus de prévention des risques ?

 

12.   Habitez-vous / travaillez-vous dans le quartier des Joncaux ?

 

 

CE QUI A PU EN RESSORTIR, C'EST QUE LES PERSONNES INTERROGÉES :

 

-       Avaient connaissance du risque inondation sur la commune d’Hendaye

 

-       Se souvenaient d’une inondation ayant eu lieu à Hendaye mais évoquaient  

        surtout les vagues submersives de 2015 qui avaient détruit une partie de la

        promenade du bord de mer

 

-      Avaient en grande partie connaissance de l’existence des documents comme

        le PPR  mais ne les avaient pas forcément consultés ni n’avaient été incités à

        le faire

 

-       Avaient connaissance de la révision faites par le BRGM de son rapport

 

-       N’avaient pas entendu parler d’action de sensibilisation ayant eu lieu à

        Hendaye

 

-       Ne connaissaient pas les numéros d’urgences (ou évoquaient celui des

         pompiers)

 

-       Ne connaissaient pas le point d’évacuation

 

-       Pensaient que la gestion du risque inondation était importante avec une

         moyenne de 7.9/10

 

-       Se sentaient très peu informés sur le sujet avec une moyenne de 3.75/10

 

-       Se sentaient peu préparés en cas d’aléa avec une moyenne de 4.5/10

 

-       Se sentaient très peu pris en compte dans le processus de prévention des

         risques avec une moyenne de 2.38/10

 

Ces résultats ne sauraient être représentatifs de la population des Joncaux et encore moins de la population d’Hendaye dans son ensemble, à cause de la petitesse de l’échantillon et des conditions de sa réalisation à la suite du confinement. Toutefois, ils peuvent donner un aperçu du ressenti de quelques personnes qui habitent ou travaillent dans une zone à risque.

 

Ce qui transparaît dans ces résultats est très différent de ce que les habitants exprimaient par exemple avec le «Collectif Joncaux en colère». Si la gestion du risque semble si importante pour certains, ils sont malgré tout mal informés et ne cherchent pas forcément à trouver d’eux-mêmes les renseignements. De plus, si on se réfère aux évènements qui ont entouré le premier rapport du BRGM, le risque inquiète, jusqu’à ce qu’il mette en danger des aspects comme l’immobilier et dans ces cas-là les personnes concernées souhaitent, davantage, conserver le statu quo.

 

Le sujet est délicat surtout quand on sait que beaucoup d’habitants ont été pris au dépourvu en apprenant que leurs biens étaient dans une zone à risque. La gestion du risque passe aussi par une compréhension des aspects économiques et sociaux d’un territoire. Pour Hendaye, ce sont évidemment les risques liés à l’Atlantique et au bord de mer qui inquiètent davantage. Les Joncaux, eux, préoccupent moins, et peu de gens ont en mémoire une inondation qui ait touché ce quartier. Le risque qu’évoquent souvent et les institutions et les particuliers est le risque submersion. C’est le cheval de bataille de la côte Atlantique, avec une érosion forte et les tempêtes d’hiver c’est compréhensible.

 

Cependant, on peut se poser la question : N’éclipse-t-on pas finalement d’autres aspects qui pourraient, dans le futur, devenir plus inquiétants si aucune action n’est réalisée ? Les scénarios montrent clairement un phénomène qui pourrait se renforcer avec, notamment, les conditions adéquates, de fortes marées et de fortes précipitations. Même si rien n’est arrivé jusqu’ici, c’est le propre d’une bonne gestion de savoir anticiper avant que la catastrophe n’arrive. Le dragage de l’estuaire amont ne semble pas avoir d’incidence sur la force de l’aléa, mais qu’en est-il de la partie aval ?

 

Des ouvrages, un long épi notamment, ont été réalisés face au risque submersion. Des pompes ont été installées dans le bas-quartier. Dans les Joncaux pour le moment, il ne se passe rien, le statu quo est de mise. Bien que les informations sur les risques soient très complètes si elles ne sont pas lues, elles ne pourront pas aboutir à une prise de conscience.

 

La gestion des pouvoirs publics, notamment de la mairie, paraît encore assez superficielle.

 

Pour le futur, la mairie devrait s’intéresser à la sensibilisation des populations. Le risque inondation est une réalité difficile. Le refus d’accepter la probabilité d’un aléa n’aide absolument pas les habitants de zones à risque à prendre conscience du danger qui les menace. La carte du PPRL ne fait qu’entretenir la confusion avec ces marquages binaires de zones vertes – zones bleues qui ne décrivent par la réalité du risque, de plus le PPRL n’est valable que pour un aléa dit « actuel ». Il serait nécessaire d’informer plus largement les résidents d’Hendaye des prévisions pour l’aléa « 2100 ».

 

Hendaye n’aide pas à créer une conscience du risque, encore moins une culture du risque, et en cas d’évènement de grande ampleur, cela peut affecter la résilience des populations après coup. Ce n’est pas un indicateur d’une gestion globale.

 

La gestion est aussi incomplète parce que l’estuaire de la Bidassoa concerne trois communes, dont deux espagnoles. Tout au long des recherches et des entretiens, il apparaît clairement qu’Irun, Fontarabie et Hendaye ont un lien historique avec l’estuaire et ont toujours eu une gestion disparate et très personnelle de leur espace sans vraiment se consulter les uns les autres. Dans un espace européen, il existe des projets communs, mais ils ne concernent pas vraiment le risque. Si les pouvoirs publics envisageaient de draguer l’estuaire c’était notamment pour permettre aux bateaux de plaisance de pouvoir circuler plus aisément. Si Fontarabie voulait étendre son aéroport, c’était pour accueillir plus de vols par an. Si Hendaye s’est débarrassé du sable extrait pour construire son port de plaisance en le faisant couler dans la baie, c’était par facilité. L’aspect pratique semble primer sur l’état de l’estuaire. Les choses évoluent un peu. Il y a des impulsions, par exemple, pour rendre aux îles leur état naturel. Toutefois, ces avancées sont timides quand on constate que dans l’histoire l’estuaire a été traité uniquement comme un terrain pour s’étendre un peu plus et non comme une zone fragile dont la destruction pouvait avoir des conséquences.

 

Hendaye pourrait accorder sa gestion du risque avec Irun et Fontarabie. Les trois communes pourraient réfléchir à des plans communs pour endiguer l’envasement de la Bidassoa et de son estuaire. Le dragage amont vaudrait la peine d’être discuté, ainsi qu’une stratégie commune en ce qui concerne un espace que les trois villes partagent et qui est interconnecté.

 

 

CONCLUSION :

 

Sur le contexte du travail de terrain mené pour cette étude deux écueils doivent être mentionnés : en pleine période électorale, la Mairie d’Hendaye n’a pas répondu aux courriels de sollicitations pour une entrevue et l’instauration soudaine du confinement ne permet pas de garantir que l’échantillon des répondants aux questionnaires est pleinement représentatif.

 

En effet, le questionnaire a été hébergé sur le site Hendaye-Environnement avec une accroche prometteuse. Mais ce blog est très suivi par des citoyens qui souvent partagent ses opinions ou ses sensibilités, pas nécessairement des habitants ou des entrepreneurs qui ont pu faire partie du «Collectif Joncaux en colère» ou qui sont peu sensibilisés aux questions liées aux risques.

 

Depuis un siècle, l’estuaire de la Bidassoa n’a cessé d’être utilisé comme une zone d’extension potentielle pour les villes qui la bordent. D’abord très disputé par l’Espagne et la France pour ses ressources, Irun, Fontarabie et Hendaye ont progressivement asséché les zones humides du grand marais que formait l’estuaire pour y installer deux gares, un aéroport, deux ports, deux plages … Autant d’éléments qui ouvraient les villes au tourisme et à la modernité.

 

Cette anthropisation a cependant eu des effets négatifs pour les zones humides. L’estuaire a perdu beaucoup de ce qui faisait son écosystème, notamment les vasières et les herbiers qui ont réduit de manière drastique et continuent, encore aujourd’hui, de s’amenuiser. Malgré son classement en zone Natura 2000, les masses d’eau de la baie de Txingudi sont polluées et présentent des traces de métaux lourds dues notamment aux industries installées autour.

 

Pour répondre à la question « quelle gestion du risque inondation à Hendaye » il faut d’abord s’intéresser à la gestion globale de l’estuaire de la Bidassoa, et celle-ci est questionnable. Il y a eu très peu de concertations entre les villes en amont de leurs projets d’extension sur les zones humides, et à ce jour aucune stratégie transfrontalière n’est mise en place pour faire face à l’envasement de l’estuaire. L’état des masses d’eau se dégrade et les éléments typiques d’un écosystème estuarien sont en train de disparaître complètement.

 

Cette inaction face à l’état écologique de la baie se reflète dans les mesures timides de la Mairie d’Hendaye pour faire face au risque inondation sur son territoire. L’évolution du rapport du BRGM entre 2015 et 2017 a opportunément calmé la colère des habitants des Joncaux plus alarmés des perspectives de dévaluation de leurs biens que réellement convaincus du risque encouru. Dans ce contexte tendu et sensible, la Mairie n’a visiblement pas recherché une communication offensive : la manière dont le PPRL est illustré, la façon dont les habitants concernés par le risque semblent se sentir peu informés, peu intégrés dans le processus de gestion et peu préparés en cas d’aléa, témoignent de cette stratégie.

 

Même si le site internet de la mairie présente une rubrique sur le sujet, mettre l’information dans un espace public et consultable par tous ne sous-entend pas nécessairement que quiconque ira s’informer de sa propre initiative, surtout quand certains étaient déjà persuadés que le BRGM faisait erreur. Nombre d’habitants perçoivent le PPRL non pas comme un instrument de protection, de sensibilisation et d’anticipation mais comme une menace bureaucratique pour la valorisation de leur patrimoine immobilier.

 

De plus, les zones les plus touchées dans le quartier des Joncaux sur le PPRL concernent les usines qui y sont implantées. Quand l’estuaire souffre déjà de la pollution, une inondation de ces bâtiments pourrait avoir un impact catastrophique, non seulement sur l’économie de la ville, mais aussi sur l’état des masses d’eau de la baie. Placer cette zone en « bleue » et «inconstructible » alors qu’elle accueille déjà des industries et ne présente aucune protection structurelle hormis un mur de séparation d’avec la Bidassoa ne semble pas à la hauteur des enjeux.

 

La gestion du risque inondation à Hendaye n’apparaît pas exemplaire, l’estuaire a été trop souvent la victime d’une prédation de part et d’autre de la frontière pour des intérêts économiques et touristiques purement nationaux, les plans d’action ou de remédiation, eux aussi, restent nationaux comme le montre le dossier du dragage porté par la Mairie d’Hendaye qui n’implique pas l’Espagne ou les études entreprises par l’Espagne pour faire face aux inondations régulières des bas quartiers d’Irun plus densément peuplés et industrialisés que les Joncaux.

 

Toutefois la Bidassoa reste un bien commun comme l’a affirmé le Traité de Bayonne et aux yeux de l’Europe cette affirmation se traduit par des financements importants en études et en évaluations de BIDUR à GURATRANS. Ces études et évaluations permettent des diagnostics partagés et commentés des deux côtés de la frontière et doivent ensuite servir de base à des actions nationales appuyées sur les compétences territoriales des différents organismes à l’œuvre.

 

Après le temps des diagnostics et des états des lieux la nécessité d’une gestion coordonnée du bassin versant transfrontalier de la Bidassoa et de l’estuaire n’a guère dépassé l’étape des déclarations d’intention.

 

 

[1] ACRONYMES UTILISÉS :

 

BRGM = Bureau de recherches géologiques et minières

 

CEREMA = Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) est un établissement public tourné vers l’appui aux politiques publiques

 

DICRIM = Document d’information communal sur les risques majeurs

 

PPRL = Plan de prévision des risques littoraux

 

 

 

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2 octobre 2020 5 02 /10 /octobre /2020 15:40

Manifestation silencieuse de soutien envers les internés aux abords du centre de rétention

administrative d'Hendaye. 

Crédit photo : Archives Pierre Sabathié

 

 FOCUS 2019 SUR LA RÉTENTION ADMINISTRATIVE DES ÉTRANGERS EN FRANCE

 

Dans le Rapport annuel 2019 de 122 pages qu'elles viennent de publier, les associations d'aide aux réfugiés ASSFAM-Groupe, SOS Solidarités, France terre d’asile, Forum Réfugiés-Cosi, La Cimade et Solidarité Mayotte, dévoilent une longue liste de situations accablantes qui surviennent dans les centres et locaux de rétention éparpillés sur notre territoire et dans lesquels sont confinés, généralement pour de nombreux jours, les réfugiés et les sans-papiers qui ont la plupart du temps été interpellés lors de contrôles policiers effectués le plus souvent "au faciès" sur la voie publique.

 

La "patrie des droits de l'homme", dont on sait qu'elle s'attire de nombreuses critiques internes et internationales en usant de ces méthodes injustifiées qui sont indistinctement appliquées autant à l'encontre des voyageurs isolés que les familles avec enfants en bas-âges, est depuis l'élection du président Macron, en 2017, prise de nouveau au piège d'une politique migratoire "du chiffre" qui traque impitoyablement ces gens envers lesquels on a le plus souvent rien d'autre à reprocher que de poursuivre le rêve de parvenir à échapper aux guerres ou à la misère qui règnent dans les pays d'où ils proviennent. Ces derniers se trouvent ainsi dans une impréparation totale et bien compréhensible lorsqu'ils sont interpellés et accusés d'être en situation de non-conformité administrative.

 

Ailleurs, dans les autres démocraties européennes, celles qui ne sont pas déjà sous le coup de régimes autoritaires de style hongrois ou polonais, la rétention administrative est une contrainte physique qui n'est utilisée qu'en ultime recours. Ce n'est donc pas parce que notre pays n'a pas trouvé les moyens de se doter de lieux d'hébergements suffisamment dignes ou encore d'écourter de façon significative le temps de traitement des dossiers déposés auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), que l'on doit traiter ces interpellés comme si l'on avait affaire à des criminels potentiels. 

 

Nous vous recommandons vivement de parcourir ce rapport qui ne peut laisser personne indifférent puisque l'un de ces centres de rétention est situé en bordure de notre rue Joliot-Curie, ce qui ne suscite évidemment pas la fierté des Hendayais-es,  mais révolterait également autant les célèbres humanistes-pacifistes Irène et Frédéric Joliot-Curie (Prix Nobel de Chimie 1935) s'ils étaient encore de ce monde.

 

La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

        Lire le rapport :

 

https://www.lacimade.org/wp-content/uploads/2020/09/La_Cimade_Rapport_Retention_2019-1.pdf

 

 

 

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5 août 2020 3 05 /08 /août /2020 10:43

 

Épandage d'herbicides et pesticides dans l'agriculture productiviste. Photo : AFP

                                                                                                                                                                  L'EFFONDREMENT D'UN  MYTHE                                                                               

L'Autriche est le premier pays de l'UE à avoir décidé il y a un an d'interdire le glyphosate. Cette interdiction devrait entrer en vigueur après quelques retards.

 

Néanmoins, ce pays a encore un obstacle à surmonter : la Commission européenne doit accepter l'interdiction. Bayer-Monsanto, producteur quasi-monopoliste de ce produit tant décrié, essaie naturellement d'empêcher cela avec ses lobbyistes omniprésents au sein des instances bruxelloises.



La multinationale veut à tout prix mettre un terme à cette tentative d'interdiction car elle sait que si l'Autriche parvient à être le premier pays de l'UE à obtenir gain de cause sur le glyphosate, d'autres suivront aussitôt. Les herbicides et pesticides synthétiques étant des vaches à lait pour l'industrie agrochimique, cette dernière défend donc par tous les moyens la prolongation de l'utilisation de ces produits qui font de nombreux ravages tant sur les plans de la biodiversité et de l'environnement que celui de notre santé.                                                   

 
 
La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT
 
 
 
PS : Bayer-Monsanto a enregistré une perte de près de 10 milliards d'euros au deuxième trimestre de cette année 2020. La cause de ce trou abyssal est à mettre sur le compte de la provision qu'elle a dû constituer au sujet du glyphosate, herbicide qui est son produit phare et a déjà entraîné le paiement d'un milliard de dollars à des plaignants américains qui ont contracté un cancer à cause de ses effets et va entraîner le déboursement de 9 autres milliards suite à un compromis passé avec les autorités judiciaires américaines qui permettra d'indemniser près de 125 000 plaignants victimes de cet herbicide.[2] Il y a quelques semaines à peine, la cour d'appel californienne a confirmé un jugement contre la multinationale allemande, tout en réduisant à 20,5 millions de dollars le montant de l'indemnisation réclamée par l'avocat de l'un des plaignants qui était atteint de leucémie.                                                  
                                                                                                                        
On voit que les faits scientifiques, la loi ainsi que les pressions citoyennes parviennent à rendre toujours plus contestable l'utilisation des poisons cancérigènes utilisés en agriculture. Voilà qui devrait inciter les instances nationales de la FNSEA à sortir d'urgence de l'agriculture productiviste, mère de tous les maux que connaît notre terroir.
 

 

 

[1] Avant que l'interdiction du glyphosate entre en vigueur en Autriche le 1er janvier 2020, la chancelière autrichienne de l'époque déclarait qu'elle ne pouvait transposer l'interdiction dans le droit national, le Parlement autrichien ayant soumis la demande à l'UE avec des erreurs procédurales. En conséquence, le Parlement autrichien a reformulé sa notification à l'UE en mai 2020 et la Commission européenne a jusqu'au 19 août 2020 pour exprimer son point de vue ou présenter des objections sur cette demande d'interdiction. 

 

[2] https://www.journaldemontreal.com/2020/06/24/roundup-bayer-va-indemniser-les-plaignants-americains-a-hauteur-de-10-milliards-de-dollars-1

  
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