"Non seulement l’OTAN est inutile mais elle est nuisible" affirmait Gabriel Robin, ancien ambassadeur auprès de l'OTAN, lors du colloque "Sécurité européenne: OTAN, OSCE, Pacte de Sécurité" en 2009.
Photo : www.fondation-res-publica.org
QUIZ DU MOIS
FAUT-IL SORTIR DE L'OTAN ?
L'OTAN est actuellement au cœur des débats qui traitent du conflit guerrier qui s'étend en Ukraine et n'est pas étranger au fait que Moscou redoutait d'assister à un rattachement prochain de ce pays à cette organisation militaire qui se retrouverait alors positionnée sur une nouvelle zone frontalière avec la Russie.
On se souvient que l'OTAN avait été créée le 4 avril 1949 pour faire face à une prétendue menace soviétique et souder par la même occasion les pays de l'Europe occidentale contre l'idéologie qui régnait alors en URSS et dans les autres "démocraties populaires". L'OTAN aura ainsi été un des instruments de l'équilibre de la terreur pendant toute la durée de la guerre froide. Elle exercera sa première mission militaire ( sans avoir été formellement missionnée par l'ONU) lors du conflit qui embrasa l'ex-Yougoslavie en 1995, alors que, paradoxalement, l'URSS n'existait déjà plus depuis la fin de la décennie précédente et que le Pacte de Varsovie avait également été dissous.
Après avoir présenté dans un reportage fictif * la façon simpliste dont l'OTAN réduit notre monde en une opposition d'axes du bien et du du mal (comprendre : l'Occident face à la Russie, la Chine, l'Iran, la Corée du Nord, Cuba et quelques autres), nous poursuivons notre approche de la compréhension de cette institution en rapportant l'appréciation qu'en faisait, lors du colloque " Sécurité européenne : OTAN, OSCE, Pacte de Sécurité " du 30 mars 2009, Gabriel Robin, ambassadeur de France, ancien directeur des Affaires politiques au MAE, ancien ambassadeur auprès de l’OTAN et du Conseil de l'Atlantique nord de 1987 à 1993 (extrait) :
" Mais que peut-on penser de l’avenir d’une organisation comme l’OTAN ?
Cette organisation qui n’a plus son autorité d’origine, qui n’en a pas retrouvé d’autre qu’on puisse nommer sans se couvrir de ridicule, n’a donc strictement aucune utilité. On peut comprendre qu’un pays comme la Pologne trouve l’OTAN utile mais j’attends qu’on me dise quelle utilité la France attend de l’OTAN.
Non seulement l’OTAN est inutile mais elle est nuisible. L’OTAN pollue le paysage international dans toutes les dimensions. Elle complique la construction de l’Europe. Elle complique les rapports avec l’OSCE (mais ce n’est pas le plus important). Elle complique les rapports avec la Russie, ce qui n’est pas négligeable. Elle complique même le fonctionnement du système international parce que, incapable de signer une convention renonçant au droit d’utiliser la force, l’OTAN ne se conforme pas au droit international. Le non recours à la force est impossible à l’OTAN car elle est précisément faite pour recourir à la force quand bon lui semble. Elle ne s’en est d’ailleurs pas privée, sans consulter le Conseil de sécurité des Nations unies.
Par conséquent je ne vois pas très bien ce qu’un pays comme la France peut espérer de l’OTAN, une organisation inutile et nuisible, sinon qu’elle disparaisse. " (1)
Les souhaits d'adhésion s'entendent avant l'annexion de la Crimée par la Russie
et le début de la guerre en Ukraine.
Cartographie : OTAN
Lors d'un autre colloque dénommé " Refaire l'Europe ? Aperçu rétrospectif et esquisse d'une politique " du 2 décembre 2013, ce même Gabriel Robin s'exprimait sans équivoque au sujet des rêves évanouis que suggéra la création de l'Union européenne, ainsi que du lien de vassalité qui noue l'Europe aux États-Unis (extrait) :
" On juge une entreprise politique à ses résultats, comme un arbre à ses fruits. Et si les résultats sont contraires aux buts poursuivis et affichés au départ, il faut prononcer l’échec.
Or, dans le cas qui nous occupe, ce qui était promis, c’était la prospérité, le plein emploi, la croissance. Nous constatons que le résultat n’est pas là. La courbe de la croissance n’a cessé de s’aplatir, de décennie en décennie, depuis trente ans. Elle est aujourd’hui pratiquement horizontale et elle menace de devenir négative. Voilà pour la prospérité.
Deuxième promesse de l’Europe, la puissance ! L’union fait la force, nous allons ensemble tenir tête aux grandes puissances du monde… Le résultat n’est pas au rendez-vous. L’Europe n’est pas devenue l’égale des États-Unis. Elle en est restée la vassale. L’Europe n’a pas plus qu’avant réussi à imposer ses vues. Elle ne parvient pas, par exemple, à faire prévaloir son idée sur un sujet aussi brûlant que le conflit israélo-palestinien. Et chaque fois qu’une crise survient dans le monde, les commentateurs sont unanimes : comment, l’Europe n’est pas là, l’Europe brille par son absence, quel dommage ! Mais non, l’Europe n’est jamais là, elle est absente. Donc, pas de puissance non plus.
Alors, il reste la paix. On se rabat là-dessus quand on a épuisé les autres sujets. Mais la paix n’était pas l’affaire de l’Europe. Au temps de la guerre froide, la paix était l’affaire de l’équilibre est-ouest et de la dissuasion nucléaire. L’Europe habillait un morceau de la paix, elle ne la fondait ni ne l’entretenait. Et depuis que la guerre froide est terminée, le bilan en matière de paix n’est pas entièrement univoque. L’Europe s’est laissée entraîner dans quatre ou cinq guerres : la Serbie, la première guerre d’Irak, l’Afghanistan, la Libye et, s’il n’avait tenu qu’à elle, nous serions en guerre aujourd’hui avec la Syrie.
L’échec est flagrant, patent. J’ajoute qu’il y a des circonstances aggravantes. Cet échec n’est pas ponctuel, il n’est pas temporaire. On peut l’observer depuis vingt ans, tout au long de la période où l’Europe, comme l’a rappelé Pierre de Boissieu, a accumulé ce qu’elle a appelé des " progrès historiques " en signant des traités plus importants les uns que les autres qui allaient changer la face du monde et de l’Europe. En dépit de l’euro, malgré tous ces progrès européens, salués comme tels, célébrés, l'échec est rebelle à toute médication, il est pis aujourd’hui qu’il y a cinq ans comme il était pis il y a cinq ans qu’il y a dix ans. C’est un échec profond dont on se demande quand il sera suffisant pour qu’on ose le constater et prononcer son nom. " (2)
On constate donc bien que l'impuissance de l'UE à jouer un rôle d'ambassadrice de la paix dans les nombreux foyers de guerres qui embrasent actuellement notre planète va malheureusement de pair avec son alignement inconditionné aux côtés de l'OTAN, organisation militaire incapable de se départir de l'esprit de confrontation qui prévalait lors de la Guerre froide et au sujet de laquelle M. Gabriel Robin concluait :
La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT
* Voir notre quiz précédent
(1) Source : http://www.fondation-res-publica.org/Debat-final_a403.html
(2) Source : http://www.fondation-res-publica.org/Debat-intervention-de-M-Gabriel-Robin_a776.html
(3) Source : Citation rapportée par régis Debray dans une lettre ouverte intitulée " La France doit quitter L'OTAN" que celui-ci adressait à Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères. Extrait du mensuel Le Monde diplomatique, mars 2013.
NOTRE QUIZ
QUESTION : L'OTAN prépare activement son prochain sommet qui se tiendra le 4-5 septembre 2014 à Newport (Grande-Bretagne). En cette circonstance, les membres de ce pacte militaire pourraient abroger un interdit qui prévaut depuis l'acte fondateur de cette organisation en matière de positionnement des armements classiques et balistiques.
En quoi consiste ce projet de modification de la charte de cette organisation qui pourrait faire basculer notre planète dans une phase d'instabilité majeure, susceptible d'ouvrir la porte à un conflit armé avec la Russie ?
RÉPONSE : ?
La première personne qui répondra sous la rubrique "Contact" à la question posée sera gratifiée du CD ci-dessous représenté.
Lieu de remise du gain : 64700 Hendaye. Aucune expédition n'est prévue. Le CD pourra, au choix, être glissé dans une boîte aux lettres hendayaise ou être retiré sur la localité.
Nota: Le(a) gagnant(e) bénéficiera d'une garantie d'anonymat. La participation à ce quiz implique tout renoncement à un recours contentieux dans le cas de contestation des résultats du jeu.