L'eau frôle le débordement au quartier des Joncaux par marée de coefficient 111 en 2009. Photo : Axel Brücker, Le blog des Hendayais. La conjugaison d'une forte marée, d'une grosse pluie ainsi que d'un vent violent pourrait mener à une submersion partielle du quartier des Joncaux et faire par ailleurs des dégats sur celui de la Plage.
ENVASEMENT DE LA BAIE DE TXINGUDI & MONTÉE DU NIVEAU DES OCÉANS
Texte initial : 08/05/2015 Actualisation :10/02/2016
La réunion du Conseil municipal qui s'était tenue le mercredi 20 mai 2015 en mairie d'Hendaye avait été consacrée entre autres à la délibération N° 062.2015 dont l'objet portait sur le " Dossier autorisation Loi sur l'Eau – Désenvasement – Désensablement " de la Baie de Txingudi. Ce thème qui préoccupe une partie de la population hendayaise va de nouveau ressurgir lors d'une soirée d'information publique organisée par les Services de l'État et qui se tiendra le lundi 18 janvier 2016 à 18h à l’auditorium de Sokoburu.
Le "Plan de Prescription des Risques" (PPR) édicté en 2011 par le Préfet des Pyrénées-Atlantiques classe la zone des Joncaux en "Zone rouge" du fait qu'une possible submersion d'eau marine pourrait tôt ou tard venir recouvrir une partie de ce quartier. Le quartier de La Plage est quant à lui également éxposé à ce risque, mais sur des étendues et avec des aléas bien plus limités. On sait que ce plan a été établi parce que l'on a lentement pris conscience qu'il est illusoire, concernant la Baie de Txingudi ainsi que le cours de la Bidassoa qui s'étend du pont ferroviaire jusqu'au bas de la Commune de Biriatou, de penser pouvoir contrer, par un endiguement, les effets dévastateurs d'un éventuel débordement de ce fleuve dont le niveau des eaux progresse sous les effets conjugués de l'envasement ainsi que l'augmentation du volume des océans soumis à la fonte des banquises et glaciers polaires.
il faudrait que le niveau des eaux de la baie soit inférieur à celui des terres endiguées pour parvenir à évacuer les eaux de ruissellement vers le large, ce qui ici ne peut être le cas dans une situation de submersion. De surcroît, un endiguement ne pourrait être considéré comme une solution idoine, si l'on sait qu'il impliquerait la mise en place d'un réseau de stations de pompage dont on a, lors de la dernière grande inondation du Bas-quartier début juin 2013, pu constater la relative fiabilité, lorsque les trois puissantes pompes de la station attenante au fronton Daniel Ugarte de Beltzenia ne se sont pas enclenchées alors que l'on avait un besoin impérieux d'elles.
Comment en est-on arrivé à cette situation, et par quelles solutions serait-il possible de tenter de contrer une toujours possible submersion marine du quartier des Joncaux ainsi que celui de la plage ?
LA SOUS-ESTIMATION DES CONSÉQUENCES DE PLUSIEURS RÉALISATIONS ET DE NOS NUISIBLES COMPORTEMENTS
Alors qu'elle jouit du statut de "Zone de grand Intérêt pour la Conservation des Oiseaux sauvages dans la Communauté Européenne" (ZICO) depuis 1992, ainsi que du statut de "Zone de Protection Spéciale" (ZPS) Natura 2000 depuis 2006 (Arrêté du 24 mars 2006), la baie de Txingudi est confrontée à de sérieux problèmes d'envasement/ensablement de ses fonds dus à la construction de divers ouvrages, ainsi que de détérioration de sa flore provoquée, entre autres, par la présence d'un important contingent de bateaux de plaisance sur les lieux (1).
La réalisation d'ouvrages tels que l'endiguement du chenal qui mène à l'océan, la construction de la piste de l'aéroport de Fontarabie qui s'étend jusqu'au milieu du plan d'eau, la création d'une imposante plate-forme qui a fait quadrupler la surface initiale de la gare de triage d'Hendaye en rognant un grand espace nécessaire au brassage des eaux, mais également la plus néfaste qu'utile édification de l'île aux oiseaux qui favorisa l'ensablement d'une partie de la baie sans pour autant améliorer le ravitaillement des migrateurs, entravèrent la libre circulation des eaux marines et contrarièrent les effets régénérateurs des marées, ce qui mena à la rupture des grands équilibres naturels.
Le résultat de ces bouleversements dus à la main de l'homme ne se fit point attendre : on assista, en l'espace de quelques décennies, à un ensablement/envasement généralisé de la baie, assorti d'une forte réduction de la taille du plus important des herbiers localisé sur la vasière de Beltzenia, au niveau de l'île aux oiseaux, celui-ci passant d'une surface de 8,7 à 1,37 ha entre 1976 et 2013.(2). Cette forte rétraction des herbiers offre de plus en plus l'aspect d'une zone atteinte d''hypoxie (zone morte). Elle est la révélation classique des effets conjugués de la désoxygénation de l'eau, de sa pauvreté en apports minéraux, ainsi que des méfaits qu'exercent sur la flore et la faune la pollution azotée produite par de la circulation automobile intense qui règne sur le pourtour du bassin (3), mais aussi ceux qu'engendre la chimie utilisée comme anti-fongicides dans les peintures et dissolvants appliqués sur les nombreuses embarcations présentes dans les deux ports de plaisance situés à l'entrée de l'estuaire ainsi que dans la baie.
UN PLAN DE SAUVEGARDE AUX EFFETS LIMITÉS EST TOUJOURS À L'ÉTUDE
Un nouveau plan communal de sauvegarde concernant l'envasement/ensablement du lit de la Bidassoa ainsi que des fonds de la baie succède désormais à celui élaboré dans le passé et qui envisageait déjà d'agir par dragage, sans toutefois avoir été appliqué faute d'absence d'accord entre les trois autorités communales concernées sur la répartition de ses coûts. Ce plan semble être de nouveau d'actualité, ainsi que l'annonçait un représentant de l'ancienne majorité municipale lors d'une réunion publique qui s'était tenue aux Joncaux le 26 novembre 2013. Il appellerait des analyses complémentaires concernant la détermination des matériaux à extraire, ainsi que l'état de leur contamination. Des analyses seraient également poursuivies afin de fixer les destinations que prendront la vase et le sable qui seront extraits du lit du fleuve et/ou des fonds de la baie. De l'étude en cours découlerait la prise de décision d'un éventuel dragage entre le pont de la SNCF et celui de Béhobie, ce qui permettrait de gagner 20 cm en profondeur de lit, tout en facilitant l'évacuation des eaux vers l'océan. La réalisation tant annoncée de ce plan devant avoir un impact bénéfique sur la recherche d'une maîtrise de toujours possibles submersions marines sur le quartier des Joncaux et celui de la Plage.
Simulation de l'étendue d'une inondation par 3,38 m de hauteur d'eau (zone bleue de l'image de droite qui se laisse agrandir en la cliquant). Voir le document CASAGEC sous le point 4 des pièces annexes pour obtenir plus de détails sur cette étude .
Voir la dernière submersion marine du 9 février 2016 filmée au niveau de la Rue d'Irun à Hendaye-Plage: https://www.facebook.com/sharer/sharer.php?u=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fnicolas.goya.5%2Fvideos%2F10209000679919926%2F&display=popup&ref=plugin&src=video
Nota : Auteur de la vidéo : Nicolas Goya. Cette vidéo a été subitement retirée de la page Facebook de ce dernier. On y voyait un flot d'eau saline dévalant la Rue d'Irun en direction de la Place du Palmier. Autocensure de l'hébergeur ou pressions exercées avec succès sur l'auteur pour qu'il retire son film ?
LA PRISE EN COMPTE DES RISQUES DE SUBMERSION PAR L'ÉTAT
L'Étude hydrosédimentaire de la baie de Txingudi établie dans le cadre du projet Transfrontalier BIDUR (4) ainsi que le Plan de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) mené par la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques (5) ne font désormais plus mystère de possibles submersions marines qui pourraient se produire sur le quartier des Joncaux ou encore celui de La Plage. Cet incontournable problème n'a d'ailleurs pas fini d'occuper les esprits si l'on sait que le niveau des océans devrait augmenter de 20 à 30 cm au cours du siècle présent du fait de la fonte acccélérée des banquises polaires et glaciers (6). Ce défi est d'autant plus pris au sérieux par les diverses autorités concernées que la présence des personnes et de leurs biens, mais également les enjeux économiques concentrés sur ces deux quartiers sont loin d'être dérisoires.
Nous recommandons à nos visiteurs la lecture d'un article intitulé " La baie examinée de près" sous l'excellent site L'actu océanique : https://cetacesetfaunemarine.wordpress.com/2011/04/21/la-baie-examinee-de-pres-pays-basque/
La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT
(1) Voir notre précédent article concernant l'état de pollution de la baie : http://hendaye.environnement.over-blog.fr/article-les-sources-de-pollution-de-la-baie-de-txingudi-39015987.html
(2) Selon un dernier relevé effectué par Ifremer en 2013 : http://envlit.ifremer.fr/content/download/82155/582418/version/5/file/rapport_FRFT8_Bidassoa-Txingudi_2013_def.pdf
(3) Voir les méfaits étendus de la pollution autoroutière (A 63) : http://hendaye.environnement.over-blog.fr/article-etudes-sur-la-pollution-autoroutiere-43605469.html
(4) Étude hydrosédimentaire de la baie de Txingudi : http://wwz.ifremer.fr/biarritz_2011./content/download/61291/835100/file/04-BIDURCG64-CASAGEC.pdf
(5) Consulter également le Plan de Prévention des Risques Littoraux (submersion marine) publié par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques : http://www.pyrenees-atlantiques.gouv.fr/content/download/14028/93913/file/HENDAYE_Projet%20de%20rapport%20de%20presentation1.pdf et plus particulièrement les extraits inclus entre les pages 59 et 70 ainsi que la Partie 3 située en fin de ce document qui résument en des vues condensées les risques encourus sur les quartiers de La Plage et des Joncaux. (ce dossier a été subitement retiré du site de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques)
(6) Journée submersion - Littoral aquitain (2013) : http://www.littoral-aquitain.fr/sites/default/files/upload/pdf/SGBC-6-%20Pr%E9sentations%20Journ%E9e%20Submersion%2020131209.pdf