" La déchéance de nationalité touche aux principes mêmes fondamentaux de notre République " fustige le Défenseur des Droits, jacques Toubon. Photo : AFP
LES OPPOSANTS À LA DIVISION DE CITOYENNETÉ ET L'INSCRIPTION DE L'ÉTAT D'URGENCE DANS NOTRE CONSTITUTION
De son côté, Christiane Taubira, garde des Sceaux, personnage dont la stature morale et le déterminisme républicain sont appréciés bien au-delà des rangs de son propre parti, tient à son tour des propos cruels de vérité lorsqu'elle clame conjointement son opposition à ce projet de déchéance de nationalité, tout en notant d'une façon désabusée que " la dernière parole est celle du président ", faisant ainsi allusion au système politique monarchique qui préside aux destinées de notre pays : http://www.dailymotion.com/video/x3j5gr1_christiane-taubira-sur-la-decheance-de-nationalite-la-parole-derniere-est-celle-du-president-de-la-r_new
Christiane Taubira, garde des Sceaux, fragilisée dans ses fonctions depuis qu'elle a également osé manifester son opposition à ce projet de révision constitutionnelle.
UN THÈME EMPRUNTÉ AUX SPHÈRES TRADITIONNELLES DE L'EXTRÊME DROITE
Comment ces deux personnages, pourtant situés sur des lignes politiques si différentes, en arrivent-ils à concomitamment dénoncer les intentions de nos gouvernants actuels qui sont en passe de créer une hiérarchisation entre nos concitoyens, au détriment des 3 millions de binationaux qui vivent parmi nous ? Notre pays traverse actuellement une phase difficile, liée à son déclassement économique qui engendre une perte de repères. Il se laisse aller à fantasmer et développer un mouvement d'opinion fortement imprégné de l'esprit maurrassien qui avait déjà eu cours lors de la grande crise économique de l'entre deux guerres. Cette crise identitaire d'alors voyait dans le "nationalisme intégral" des vertus bienfaisantes qui devaient permettre d'exclure les juifs, les protestants, les francs-maçons, les étrangers (que Maurras appelait "métèques"), ainsi que les adeptes d'idéologies venues de l'étranger (communisme) de la nation française. Ces exclusions devant se faire au profit des seuls nationaux éduqués selon les principes chers à l'Église catholique romaine qui servait de ciment unificateur au modèle d'ordre national que Maurras ne parvint heureusement pas à imposer. Est-ce là la voie vers laquelle on cherche de nouveau à nous orienter aujourd'hui ? Si tel était le cas, cela nous ramènerait à une situation comparable à celle de la sombre période du Régime de Vichy qui trouva le moyen de déchoir de sa nationalité française un dénommé Charles de Gaulle pour le punir de ne pas avoir voulu se plier à collaborer avec l'occupant nazi !
La lepénisation galopante des esprits - que l'on doit à un mélange de vulnérabilité de nos concitoyens à la tentation du héros providentiel et au fait que trop de nos politiques et médias passent leur temps à paraphraser le FN - n'a pas fini de nous faire frissonner. Elle nous remémore que c'est au prétexte d'un nationalisme à visage prétendument social que la plus sanglante des dictatures des temps modernes embrasa l'Europe et extermina des dizaines de millions d'humains sous l'impulsion d'un psychopathe enragé il y a de cela à peine trois quarts de siècle.
La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT