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25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 11:45

                                                Le président Macron & le chancelier Schröder caricaturés

 

                                    

 LES ÉMULES DE LA BARONNE THATCHER

 

 

Le quotidien "Le Monde" dévoilait dans son édition du 18 mai 2018 une note interne issue de la Direction du budget du Ministère de l'économie et des finances selon laquelle une remise en cause partielle des aides sociales qui représentent globalement 26% du budget de l’État pourrait faire épargner des milliards aux gestionnaires de nos finances publiques.

 

Les aides évoquées dans cette note seraient l'allocation adultes handicapés (AAH), l'allocation pour l'autonomie (APA) ainsi que les aides personnalisées au logement (APL), qui pourraient ne plus être à l'avenir attribuées que selon des critères stricts qui tiendraient largement compte du moindre patrimoine détenu par les allocataires concernés. A ces remises en cause sociales pourrait également être ajoutée une généralisation du recours aux contractuels dans la fonction publique, ce qui permettrait d'épargner d'autres milliards supplémentaires. Le projet de démantèlement social et de dérégulation salariale que notre président et ses amis argentés cherchent à instaurer pour redresser nos finances publiques n'est an fait rien d'autre qu'une copie de ce que le chancelier allemand Schröder était jadis parvenu à imposer à son pays à partir de 2002,

 

 

UN CHOIX QUI FIT LE LIT DE L’EXTRÊME DROITE ALLEMANDE

 

Manifestement moins imaginatif sur la reconversion économique de notre pays que lorsqu'il s'est agi de faire fructifier les fortunes des barons du capitalisme financier du temps où il siégeait au sein du directoire de la banque Rothschild, le président Macron se contente, depuis son arrivée au pouvoir en mai 2017, de banalement plagier les mesures anti-sociales initiées par Schröder. On retiendra que ces mesures finirent par décourager la population salariée ainsi que les retraités allemands de voter social-démocrate, au point que s'estimant trahis par ce parti et ses chefs, ces derniers allèrent grossir les rangs du mouvement " Alternative für Deutschland " (AfD), un rassemblement xénophobe, proche des vues de l'extrême droite, et qui est entre-temps devenu la troisième force politique allemande en terme de représentation parlementaire. 

 

On mesure à l'aune de ce qui s'est passé outre-Rhin à quel point il est périlleux, tant au niveau de la préservation de nos fondements démocratiques que de celui de la paix sociale, de mener une politique autoritaire, contraire aux intérêts fondamentaux des salariés et retraités, et ce dans le seul but de privilégier l'actionnariat entrepreneurial. Ce n'est pas en rognant continuellement les droits sociaux et en généralisant les emplois précaires, à l'image de ce que Schröder avait fait en copiant la tristement célèbre Margaret Thatcher, que notre président démontrera qu'il porte un tant soit peu d'estime envers les couches populaires. Il est donc grand temps que les néo-libéraux du capitalisme financier comprennent qu'ils ne peuvent indéfiniment se nourrir de l'accroissement des inégalités et des disparités sociales, sans que cela mène à une radicalisation des esprits. Le " Brexit " est l'illustration patente du chemin vers lequel mène l'accentuation des disparités sociales dans une Union européenne dont l'aveuglement social répond aux seules attentes de la classe possédante..

 

 

LOIS HARTZ : LA PAUVRETÉ INSTITUÉE PAR LOI

 

On retiendra encore du chancelier Schröder qu'il ne fut qu'un apparatchik, n'ayant jamais exercé d'autres fonctions qu'au sein de la sphère politique et qu'il méconnaissait le monde salarial au point d'avoir dû faire appel à un ancien DRH à poigne du constructeur automobile Volkswagen, Peter Hartz, pour parvenir à prendre ces mesures sociales controversées qui allaient bouleverser l'Allemagne et furent adoptées, dès la fin 2002, sous la forme de quatre lois, Hartz I à IV..

 

Avec la promulgation de la dernière de ces lois contestées, la Hartz IV, débuta une rupture profonde du consensus social qui régissait les rapports de force en Allemagne depuis 1945. Il fut dès lors imposé une réduction de 26 à 12 mois de l'assurance chômage qui était en place depuis 1927, puis une fusion de l'allocation chômage de longue durée avec le versement de l'aide sociale, ce qui revint à assimiler, au bout de 12 mois d'inactivité, tout chômeur au statut de récipiendaire de l'aide sociale, alors que ceux-ci continuaient jusqu'alors à percevoir 53% de leur salaire de référence. Ce changement fondamental de statut fut considéré comme étant d'autant moins tolérable que l'aide sociale n'est que d'un montant actuel de 416 euros, ce qui équivaut à un affront dans ce pays où le PIB est de 10% supérieur à celui de la France.

La rue pour seul domicile. Toujours plus d'Allemands ne parviennent plus à couvrir leurs besoins élémentaires et mener une vie dans la dignité. Photo : Reuters © Fabrizio Bensch                                                                

 

PLUS LA PAUVRETÉ AUGMENTE ET PLUS L'ESPÉRANCE DE VIE DIMINUE

 

On dénombrait 15,7 % de pauvres (revenus de moins de 60% du salaire médian) au sein de la population allemande en 2017. Cela correspond à 12,9 millions d'individus. Les travailleurs pauvres sont donc légion puisque le chômage officiel est 3 fois moins élevé qu'en France.  Les familles monoparentales sont particulièrement concernées par cette pauvreté galopante qui dévoile par ailleurs un aspect particulièrement hideux de l'extension des inégalités. En effet, alors que le pays est fort prospère, il n'offre plus qu'une espérance moyenne de vie de 70,1 années chez aux hommes pauvres, alors qu'elle s'établit à 80,9 ans chez les plus fortunés. Il en est de même pour les femmes où elle n'est que de 76,9 contre 85,3 années.

 

Le scandale de la politique sociale menée depuis l'entrée en application de la loi Hartz IV se mesure également au nombre de coupures de courant pratiquées pour non-paiement des factures par les foyers désargentés. Ces coupures furent de 330 000 lors des derniers pointages effectués. Par ailleurs, 6,2 millions de menaces de coupures justifiées par ces mêmes motifs ont été adressées aux contrevenants pauvres selon une réponse apportée par les instances gouvernementales à une question écrite posée par une porte-parole du groupe parlementaire " Die Linke " (La Gauche). A ces mesures s'ajoutent 44 000 cas de coupures de gaz pratiquées pour les mêmes raisons.

Longue file d'attente devant une banque alimentaire associative " La table de Dortmund "  Photo : Reuters

 

UNE ADMINISTRATION TATILLONNE ET D'INCESSANTS CONTRÔLES

 

Comment dans des conditions si draconiennes d'octroi de cette allocation de survie peut-on encore croire en un semblant de justice sociale et d'égalité entre les individus de l'Allemagne d'aujourd'hui ? Le système sociale allemand a été à un tel point démantelé qu'il ne faut désormais ne plus posséder le moindre petit patrimoine acquis au long d'une laborieuse existence salariale pour prétendre avoir recours à aux aides sociales dédiées aux chômeurs de longue durée. À cette attribution conditionnelle viennent s'ajouter les pointilleux et incessants contrôles auxquels les demandeurs d'emplois doivent se soumettre s'ils souhaitent ne pas être subitement radiés des listes d'allocataires.

 

Il n'est par exemple pas opportun de chercher à faire jouer des critères tels que l'ancienne activité exercée ou bien encore la qualification professionnelle acquise pour refuser une offre d'emploi proposée par le Job Center (Pôle emploi), partant du principe qu'après trois refus successifs on est contraint d'accepter toute proposition, même si en fin de compte  aucune des propositions faites ne correspondait en rien à l'activité précédemment exercée ou à la rémunération antérieurement perçue. La notion de distance entre le domicile et le lieu de travail étant par ailleurs devenue un critère de refus quasi-superflu, la coercition s'exerce au point que chacun(e) est désormais familiarisé(e) avec le slogan officiel qui clame que " ce n'est pas parce que l'on a jadis été ingénieur que l'on est aujourd'hui toujours en droit de prétendre ne pouvoir exercer un emploi moins valorisant ou moins rémunéré. "

               Contestation pacifique d'une chômeuse devant les guichets d'un " Job Center " (Pôle emploi)

Son manifeste : "Merde de job pour 1 € de l'heure. Je nettoie une demi-assiette puis j'attends ensuite un peu"

 

NE RIEN CÉDER AUX FAINÉANTS

 

Lors de la campagne de communication qui mena à une réforme radicale du marché du travail allemand fin 2001, le social-démocrate Schröder lança sur un ton tonitruant devant un parterre de notabilités économiques et politiques acquises au démontage social qu'il préparait, " Il n'y a pas de droit à la paresse.", propos que le président Macron transposera lors d'un déplacement officiel à Athènes le 8 septembre 2017 en termes pas plus élogieux de, " Je ne céderai rien aux fainéants ". Il est curieux de constater que 4 mois après son élection notre président semblait avoir déjà oublié qu'il n'avait recueilli que 24,01% des suffrages lors du premier tour de la présidentielle, ce qui lui accordait le droit de tempérer ses propos envers l'électorat populaire qui ne lui accorda ses voix au second tour que parce qu'il eut la sagesse de faire barrage à l'extrême droite.

 

La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

Nous suggérons à nos lecteurs de lire sur ce même thème un article publié en janvier 2013 et qui traitait déjà des changements auxquels nous devions nous attendre si les bouleversements sociaux allemands devaient par malheur être repris dans le droit français : http://hendaye.environnement.over-blog.fr/article-le-schroder-de-paris-114437917.html

 

 

 

 

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