IMMOBILI
Le marché immobilier hexagonal est actuellement entraîné dans une tourmente de laquelle il ne pourra que difficilement se remettre. Les prix éhontés des biens à louer ou à vendre ainsi que les pratiques transactionnelles souvent déconcertantes des professionnels de ce milieu font que rien ne va plus. L' problème que les citoyens à la recherche d'un logis, puisque les transactions s'opérent toujours plus hors du marché commercial traditionnel, ce qui ne va pas sans contarier les rentrées fiscales de celui-ci.
Faisons un petit tour de cet embarrassant sujet en commençant par une question écrite posée il y a peu au gouvernement par deux députés majoritaires.
14e législature
Question n°: 67005 de Mme Sylviane Bulteau (Socialiste, Vendée)
Question écrite
Ministère interrogé > Finances et comptes publics
Question publiée au JO le : 21/10/2014 page : 8737
Mme Sylviane Bulteau interroge M. le ministre des finances et des comptes publics sur la concurrence que constituent certains sites d'annonces gratuites, notamment pour les professionnels de l'immobilier qui considèrent que celle-ci s'exerce de façon tout à fait déloyale, et même au détriment de l'État, en laissant s'installer un marché parallèle de l'immobilier. En effet, lorsqu'une transaction immobilière est réalisée par l'intermédiaire d'un professionnel, ce dernier pratique des honoraires qui sont assujettis à l'impôt (TVA). Ce qui n'est naturellement pas le cas dans le cadre d'un arrangement entre particuliers. Le principal site internet d'annonces gratuites en France, accessible sans inscription préalable, propose environ 260 000 annonces.
Si l'on considère une somme moyenne de 6 000 euros HT sur ces transactions, à laquelle on applique 20 % de TVA, on obtient 312 millions d'euros environ de manque à gagner pour l'État. La vente de particuliers à particuliers s'est donc indéniablement « professionnalisée » grâce aux nouvelles technologies. Aussi, elle lui demande quelle est la position du Gouvernement à ce sujet et s'il envisage de réglementer ces nouveaux usages.
Une question écrite identique, portant le N° 67529, a été posée le 28/10/2014 par le député Jacques CRESTA, socialiste des PyrénéesOrientales, à l'ntention du même ministère.
COMMENTAIRE DE LA R
Deux particularités caractérisent notre marché immobilier : le coût exorbitant des biens (1), mais aussi les marges bénéficiaires scandaleuses que les agences immobilières réalisent lors de leur mise en vente ou en location. Il est donc compréhensible que nos concitoyens cherchent à louer, acheter ou vendre, sans devoir faire appel à ce type d'intermédiaires.
Les agences prélèvent bien souvent une commission qui s'élève entre 5,5 et 8,5 % TTC du prix de vente d'un appartement ou d'une maison, ce qui, rapporté à un bien à 250 000 euros, appelle généralement le versement d'une commission à hauteur de 7% TTC du montant de la transaction, soit 17 500 euros, desquels le fisc percevra 3 500 euros au titre de la TVA.
On s'attend, suite au plafonnement des honoraires d'agences sur les biens locatifs qui vient d'entrer en vigueur avec la loi ALUR , à ce que le coût d'intervention de ces intermédiaires subisse une légère diminution sur les petites surfaces locatives. Il augmentera probablement par contre sur les surfaces plus grandes, du fait que la rétribution des agences se fera désormais au prorata de la surface du bien loué, et selon un tarif qui pourra aller jusqu'à 13 euros /m² Les coûts d'honoraires attachés à la location de logis
ces mêmes élus semblent avoir rallié le camp des pourfendeurs de cette loi puisque, dans leur question écrite adressée au ministre, ils ne font même pas allusion au fait que les professionnels de l'immobilier sont les premiers à faire usage du plus important des sites qu'ils stigmatisent les 3/4 des annonces immobilières émises proviennent paradoxalement de leurs rangs.
Pas moins de 64% des acteurs de l’immobilier ne sont pas enthousiastes sur l’avenir du marché du logement pour 2015, selon une étude publiée par le Crédit Foncier / CSA le 5 janvier. L’immobilier étant la composante principale du patrimoine des ménages, il y a donc quelques soucis à se faire sur le devenir de ce type de "placement".
(1) Les Français louent faute de pouvoir acheter : http://patrimoine.lesechos.fr/patrimoine/immobilier/0203930662143-immobilier-les-francais-louent-faute-de-pouvoir-acheter-1063493.php
(2) http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028772256&categorieLien=id
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