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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 10:25
Maurice Audin et sa future épouse Josette, jeunes fiancés à Alger.

Maurice Audin et sa future épouse Josette, jeunes fiancés à Alger.

 

59ème ANNIVERSAIRE DE L'ASSASSINAT

DE MAURICE AUDIN

 

 

Jeune et remarquable maître-assistant de mathématiques à la faculté des sciences d'Alger, mais aussi ardemment engagé dans la lutte pour l'indépendance algérienne, Maurice Audin, militant du Parti communiste algérien, fut arrêté lors de la Bataille d'Alger dans la soirée du 10 juin 1957. Il fut torturé et vraisemblablement assassiné par un/des membre(s) de l'armée française onze jours après son enlèvement. Sa morts se mêla à celles de milliers d'autres détenus qui furent également victimes des tortures, puis des éliminations sommaires perpétrées suite aux pleins pouvoirs civils et militaires que le gouvernement socialiste de Guy Mollet avait octroyés au général  Massu  de janvier à octobre 1957 pour " pacifier " Alger et sa Casbah.  Appuyée  par 10 000 hommes de la 10. Division de parachutistes, ainsi que plusieurs régiments d'infanterie de marine, cette Bataille d'Alger comptera parmi les moments les plus sombres de la décolonisation.

 

Le dernier à avoir vu Maurice Audin vivant, en dehors de ses tortionnaires, fut son camarade de parti Henri Alleg.* Arrêté le surlendemain, il fut lui également longuement torturé. Il survivra et écrira un témoignage poignant, La Question **, dans lequel il raconte sa détention et les sévices qu'il y a subis. Le livre sera interdit dès sa parution en mars 1958 et aussitôt saisi en librairies malgré les interventions auprès du président Coty d'illustres littéraires tels André Malraux, François Mauriac ou encore Jean-Paul Sartre. Toutefois, une édition clandestine circulera sous le manteau et s'arrachera à plus de 150 000 exemplaires. Cet ouvrage apportera une contribution fondamentale à la révélation de la torture en Algérie et démontrera à quel point cette guerre coloniale dérivait peu à peu en un conflit qui, par ses inqualifiables excès, rappelait par moment les méthodes méprisables qu'employaient les soldats du III-Reich.***

 

Depuis cet assassinat 59 années ont passé. Nombreux sont ceux qui ont vainement tenté de réunir les preuves matérielles qui auraient pu élucider ce crime, ce qui reléguerait alors la thèse encore officielle de l'évasion de Maurice Audin lors d'un transfert en Jeep d'un lieu d'interrogation à un autre dans le domaine des affabulations. Au premier rang de cette interminable quête de recherche de la vérité se trouvent, tout comme à la première heure de juin 1957, l'épouse de Maurice, Josette, qui fut plus tard épaulée dans cette rude tâche par Michèle, sa fille, qui partagera sa vie entre son métier de mathématicienne et son inconsolable besoin de donner un nom à l'assassin de ce père qu'elle n'a pas connu.

 

Mère et fille n'épargnèrent tout au long de ces décennies aucun effort pour tenter de faire éclater la vérité sur la disparition de Maurice Audin. Mais rien n'y fit, pas plus leurs multiples interventions auprès des présidents de la République successifs, que la communication de documents fragmentaires provenant des archives militaires que l'actuel ministre de la Défense se dépêcha de leur transmettre suite à l'interpellation du président Hollande par Josette Audin à la veille de la visite d'État de ce dernier en Algérie en décembre 2012. À cette énième requête le président répondit en ces termes : " Plus de cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, l’État français doit faire face à ses responsabilités et au devoir de vérité qui lui incombe envers vous et votre famille d’abord, mais également envers l’ensemble des citoyens."

 

Qui ne pourrait cautionner d'aussi raisonnables paroles, mais qui ne firent malheureusement depuis avancer en rien vers la résolution de la dernière grande énigme de la guerre d'Algérie que la famille Audin est en droit de voir enfin être mise à nu. Une chose demeure toutefois certaine, il est peu vraisemblable de parvenir un jour à clarifier cette triste affaire en escomptant un "geste" de "la grande muette" qui ne devrait qu'abaisser sa stature morale en contribuant à faire poindre la vérité sur ce sujet.**** Reste alors à espérer que le travail acribique des historiens mènera tôt ou tard à délivrer ce douloureux secret de son voile. 

 

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

 

 

*     Devenu journaliste et écrivain, il décédera en juillet 2013

 

**    Éditions de Minuit

 

***  Initialement publié un moi plus tard, un autre ouvrage, celui de l'historien Pierre Vidal-Naquet, et qui s'intitule L'Affaire Audin, démontrera également que la thèse de l'évasion expliquant la disparition de Maurice Audin était une imposture, émettant l'hypothèse que le jeune mathématicien était mort au cours d'une séance de tortures, postulat que l'auteur étayera lors de la republication de son livre en 1989 à l’appui de différents documents judiciaires auxquels il avait eu entre temps accès.

 

**** L’État français reconnaitra en septembre 2018 - soit soixante-et-un ans après les faits - avoir eu une responsabilité dans la disparition puis la mort de Maurice Audin: https://www.liberation.fr/france/2018/09/15/la-reconnaissance-du-role-de-l-etat-dans-la-mort-maurice-audin-aura-t-elle-des-consequences-juridiqu_1678772. Cet aveu sera fait à peine quelques mois avant la disparition de Josette Audin qui décèdera le 2 février 2019, sans toutefois avoir pu apprendre dans quelles circonstances précises son époux trouva la mort en 1957.

 

Un brillant mathématicien mort pour l'Algérie

                

                                                                         Par                                                                            

                                                    Mohamed Rebah*

                                                          Chercheur en Histoire

                                                   Ancien élève de Maurice Audin

 

 

Il fut assassiné par les parachutistes, il y a cinquante-sept ans, le 21 juin 1957. Comme des milliers de disparus de la Bataille d'Alger, son corps n'a pas été retrouvé.

 

C'est un immense honneur pour moi d'évoquer, aujourd'hui, le souvenir de ce frère et ami, de ce camarade dont j'eus le privilège d'être l'élève.

 

J'ai connu Maurice Audin par l'intermédiaire de mon frère aîné, Nour Eddine, étudiant comme lui à l'Université d'Alger. Ils partageaient les mêmes convictions politiques. Nour Eddine est tombé au champ d'honneur le 13 septembre 1957, à Bouhandès, au sud-ouest de Chréa, au flanc sud du djebel Béni Salah.

 

A Alger, où sa famille revint dans les années 1940, il suivit pratiquement toute sa scolarité. Il entra à la Faculté des sciences d'Alger, en 1949, à l'âge de 17 ans.

 

Brillant étudiant, il fut appelé le 1er février 1953 comme assistant par le professeur Possel qui le prit aussitôt en thèse et le mit en contact avec son patron de Paris, le grand mathématicien Laurent Schwartz.

 

En plus de ses activités de chercheur, Maurice Audin, membre du Parti communiste algérien depuis 1951, était omniprésent dans les luttes syndicales et politiques.

 

C'est à travers ces luttes que se forgea sa conscience nationale. Il intégra ainsi la nation algérienne en lutte pour sa dignité.

 

Cette manifestation fut d'ailleurs le prélude à la grève générale illimitée déclenchée le 19 mai 1956.

 

Maurice Audin engagea sa vie dans une voie pleine de courage

 

Détruire l'ordre colonial sanglant, insultant, raciste, pour construire, avec le peuple libéré, une société juste, solidaire, fraternelle.

 

Qu'est-ce qui a poussé à l'action ce jeune mathématicien qui, de par sa compétence, était appelé à une brillante carrière et à une paisible vie toute consacrée à la recherche en mathématiques ?

 

Aux questions des historiens, Josette Audin, son épouse, professeur de mathématiques comme lui, répond avec sérénité : "Ce sont ses convictions communistes que je partage autant que son goût pour les sciences. Nous étions tous les deux conscients des risques que nous faisaient courir nos engagements politiques".

 

Pour retracer les circonstances de la disparition de Maurice Audin le 21 juin 1957, je m'appuie sur le témoignage de son épouse, ainsi que sur les écrits d'Henri Alleg, auteur de la "Question", et du Docteur Georges Hadjadj. Je me réfère également à l'ouvrage de l'historien Pierre Vidal-Naquet, "L'Affaire Audin", et aux journaux de l'époque.

 

* Économiste de formation, Mohamed Rebah a été militant de l’Organisation civile du FLN (1956-1962) et détenu politique des camps de concentration de Ben Aknoun (Alger), Paul Cazelles (sud Algérois), Bossuet (sud Oranais) et Arcole (Oranais). Il a également fait partie de l’équipe rédactionnelle du quotidien Alger républicain sous la direction d’Henri Alleg, Boualem Khalfa et Abdelkader Choukha.

Josette, épouse de Maurice AUDIN, attend depuis cinquante-neuf ans un simple geste d'aveux des autorités françaises

Josette, épouse de Maurice AUDIN, attend depuis cinquante-neuf ans un simple geste d'aveux des autorités françaises

                        Regarder également :  http://www.dailymotion LE DOCU DÉBAT

 

 

Contexte de l'arrestation de Maurice Audin par les parachutistes le 11 juin 1957 :

 

La lutte armée pour l'Indépendance entre dans sa troisième année. Nous sommes loin des premiers coups de fusils de chasse. En cette année 1957, l'initiative appartient aux katibas et aux commandos de l'ALN.

 

Alger, 1957. Le général Massu reçoit, le 7 janvier, les pleins pouvoirs des mains du chef du gouvernement, Guy Mollet. Il devient ainsi le chef suprême de la zone d'Alger. Il s'entoure d'officiers revenus comme lui du Viet Nam après la défaite du corps expéditionnaire français à Diên Biên Phû au mois de mai 1954, Avec ses milliers de parachutistes, il envahit Alger et sème la terreur dans la population.

 

La liste est longue. A Paul Cazelles (Aïn Oussara), à 250 kilomètres au sud d'Alger, l'armée française ouvre un vaste camp de concentration où les prisonniers, entassés sous les tentes, ne sont même pas recensés.

 

Nous sommes en pleine bataille d'Alger. Bataille d'Alger déclenchée par le service des renseignements français avec l'attentat monstrueux perpétré dans la nuit du 10 au 11 août 1956, à la rue de Thèbes, contre la population pauvre de la Casba

 

Dans la nuit du 11 juin 1957, des officiers du 1er régiment de chasseurs parachutistes enlèvent Maurice Audin à son domicile, à la cité des HBM de la rue Flaubert, au Champ de Manœuvres.

 

Son épouse raconte ce qui est arrivé : "Il est 23 heures. Nos enfants - le plus jeune, Pierre, a un mois - sont à peine couchés lorsque les "paras" viennent frapper à la porte. J'ai la naïveté de leur ouvrir, sachant très bien, en réalité, ce qu'une visite aussi tardive peut signifier...Ces hommes venus prendre mon mari me diront en partant : ''S'il est raisonnable, il sera là dans une heure''...Il n'a pas dû l'être, raisonnable, car je ne l'ai jamais revu".

 

De son côté, le docteur Georges Hadjadj relate sa rencontre avec Maurice Audin, dans la salle de torture d'El Biar, la nuit du 11 au 12 juin : "J'étais à ce moment-là au deuxième étage, à l'infirmerie, où j'avais été amené dans l'après-midi à la suite d'une crise titanifère que l'électricité avait provoquée.

 

Le capitaine Faulques est venu me chercher pour me faire répéter, devant Audin, dans l'appartement en face, ce que je lui avais dit, c'est-à-dire que j'avais soigné chez lui M. Caballéro. Il y avait par terre une porte sur laquelle étaient fixées des lanières. Sur cette porte, Audin était attaché, nu à part un slip. Etaient fixées, d'une part à son oreille et d'autre part à sa main, des petites pinces reliées à la magnéto par des fils.

 

Il y avait dans la pièce outre le capitaine Faulques, le capitaine Devis, le lieutenant Irulin, le lieutenant André Charbonnier et un chasseur parachutiste.

 

J'ai ensuite regagné la chambre de l'infirmerie, d'où j'ai pu entendre les cris plus ou moins étouffés d'Audin. Une semaine après, on nous transféra, Audin et moi, dans une petite villa située à un kilomètre du lieu où nous étions détenus. Elle se trouvait en face du PC du régiment de parachutistes et il y avait un panneau accroché à l'entrée indiquant : ''PC 2° bureau''.

 

On nous mena là soi-disant pour être interrogés. En fait, comme je le sus plus tard, ce déplacement était dû à une visite d'officiels dans les locaux d'El Biar. A cette occasion, j'ai pu revoir Audin. Nous étions enfermés dans une pièce avec d'autres détenus musulmans.

 

Audin a pu alors me raconter les sévices qu'il avait subis. Il en portait encore les traces : des petites escarres noires aux lieux de fixation des électrodes. Il avait subi l'électricité. On lui avait fixé les pinces successivement à l'oreille, au petit doigt de la main, aux pieds, sur le bas-ventre, sur les parties les plus sensibles de son corps meurtri.

 

Il avait également subit le supplice de l'eau. A cette occasion, il avait perdu son tricot parce qu'on s'en était servi pour recouvrir son visage avant de glisser entre ses dents un morceau de bois et un tuyau. Et puis, bien sûr, il y avait un parachutiste qui lui sautait sur l'abdomen pour lui faire restituer l'eau ingurgitée... ".

 

Henri Alleg, l'auteur du livre La Question, témoigne :

 

"Il devait être 22 heures ce soir- là, lorsque Charbonnier est venu me demander de me préparer pour un transfert...Je l'ai entendu dire dans un couloir : "Préparez aussi Audin et Hadjadj..." J'ai attendu. Personne n'est venu me chercher. Dans la cour, une voiture a démarré, s'est éloignée. Un moment après, une rafale de mitraillette. J'ai pensé : "Audin".

Alger : Place Audin. " Lorsque je me rendais chez lui, au 22 rue de Nîmes, au centre d'Alger, pour les cours de mathématiques qu'il me donnait gracieusement, je ne savais pas que j'allais à la rencontre d'un savant, tellement sa modestie était grande. Il me consacra généreusement ses samedis après-midi, alors qu'il préparait sa thèse de doctorat en mathématiques." Mohamed Rebah

Alger : Place Audin. " Lorsque je me rendais chez lui, au 22 rue de Nîmes, au centre d'Alger, pour les cours de mathématiques qu'il me donnait gracieusement, je ne savais pas que j'allais à la rencontre d'un savant, tellement sa modestie était grande. Il me consacra généreusement ses samedis après-midi, alors qu'il préparait sa thèse de doctorat en mathématiques." Mohamed Rebah

Qu'est-il advenu de Maurice Audin ?

 

Le rapport du lieutenant-colonel Mayer, commandant du 1° RCP, mentionne :

 

"Le dénommé Audin Maurice, détenu au centre de triage d'El Biar, devait subir un interrogatoire par la PJ le 22 juin 1957 au matin.
Le 21 juin, il fut décidé de l'isoler et de l'emmener dans un local de la villa occupée par le noyau Auto du régiment OP, 5, rue Faidherbe, où devait avoir lieu l'interrogatoire le lendemain.

 

Vers 21 heures, le sergent Mire, adjoint de l'officier de renseignement du régiment, partit chercher le détenu en jeep. Le prisonnier, considéré comme non dangereux, fut placé sur le siège arrière du véhicule, le sergent Mire prenant place à l'avant à côté du chauffeur.

 

La jeep venait de quitter l'avenue Georges-Clémenceau et était engagée dans un virage accentué. Le chauffeur ayant ralenti, le détenu sauta du véhicule et se jeta dans un repli du terrain où est installé un chantier, à gauche de la route.

 

(...) La 2° Compagnie cantonnée à El Biar fut rapidement avertie, et envoya des patrouilles en direction de Frais Vallon. Il ne fut pas possible de recueillir le moindre renseignement..."

 

"Mon mari a été étranglé le 21 juin 1957 au centre de tri de la Bouzaréah, à El Biar, au cours d'un interrogatoire mené par son assassin, le lieutenant Charbonnier, officier de renseignements du 1° RCP...

 

Le crime fut commis au su d'officiers supérieurs qui se trouvaient, soit dans la chambre des tortures, soit dans la pièce attenante.

 

Il s'agit du colonel Trinquier, alors adjoint du colonel Godard, du colonel Roux, chef du sous-secteur de la Bouzaréah, du capitaine Devis, officier de renseignements attaché au sous-secteur de la Bouzaréah, et qui avait procédé par ailleurs à l'arrestation de mon mari, du commandant Aussaresses, du commandant de la Bourdonnaie".

 

Le général Massu a été, peu après, informé personnellement de cet assassinat, baptisé accident, par les officiers qui se sont rendus à son bureau de l'état-major. C'est dans le bureau du général que fut réglée la mise en scène de la prétendue évasion de Maurice Audin.

 

Maurice Audin a été immédiatement inhumé à Fort - l'Empereur en présence du colonel Roux et du lieutenant Charbonnier qui l'assistait".

 

Josette Audin n'a cessé de chercher à connaître la vérité.

Lettre de Michèle Audin, fille de Maurice, envoyée le 1er janvier 2009 au Président Sarkozy afin de lui expliquer pourquoi elle refuse de se voir attribuer le grade de chevalier de la Légion d'honneur. Ce dernier ne répondra pas à sa lettre.

Lettre de Michèle Audin, fille de Maurice, envoyée le 1er janvier 2009 au Président Sarkozy afin de lui expliquer pourquoi elle refuse de se voir attribuer le grade de chevalier de la Légion d'honneur. Ce dernier ne répondra pas à sa lettre.

Où se trouve le corps du supplicié ?

 

Le général Massu a refusé de dévoiler le secret. Quelque mois avant la mort du général, en 2002, le commandant Aussaresses (le commandant "O") lui avait demandé : "Vous ne pensez pas, général, qu'après plus de cinquante ans, il faudrait parler pour Madame Audin." Le général le rabroua : "Je ne veux plus rien entendre : compris Aussaresses ?", lui lança-t-il au téléphone.

 

Le 19 juin 2007, dans une lettre ouverte, Josette Audin écrit au président de la République française pour lui demander "simplement de reconnaître les faits, d'obtenir que ceux qui détiennent le secret, dont certains sont toujours vivants, disent enfin la vérité, de faire en sorte que s'ouvrent sans restriction les archives concernant cet évènement... ".

 

Elle n'a pas reçu de réponse.

 

Mais, par une lettre datée du 30 décembre 2008, le président de la République française informe la fille aînée de Maurice Audin, Michèle, mathématicienne, de sa décision de lui décerner le grade de chevalier de la Légion d'honneur (pour sa contribution à la recherche fondamentale en mathématiques et la popularisation de cette discipline).

 

Michèle Audin l'a refusée. "Je ne souhaite pas recevoir cette décoration...parce que vous n'avez pas répondu à ma mère...", a-t- elle écrit au chef de l'Etat français, dans une lettre ouverte qui a fait le tour du monde.

 

Depuis, il y a eu les révélations du général Aussaresses faite à un journaliste peu avant sa mort. Maurice Audin est mort d'un coup de poignard porté par un officier parachutiste placé sous ses ordres, lui a-t-il confié. Josette Audin a émis des doutes sur ces déclarations. "C'est bien que le général ait dit sa vérité, mais c'est seulement sa vérité. Ce n'est pas forcément la vérité", dit-elle.

 

De son côté, lors d'un travail de recherche, la journaliste Nathalie Funès révéla le nom de l'assassin. Il s'appelle Gérard Garcet, révèle un écrit du colonel Godard, retrouvé aux Etats-Unis. Au moment des faits, il était sous-lieutenant de l'infanterie coloniale détaché comme aide de camp auprès du général Massu.

 

Afin de perpétuer le souvenir du brillant mathématicien, symbole de l'intellectuel engagé, mort pour que vive l'Algérie, son pays, la République algérienne reconnaissante donna, le jour de la célébration de l'an I de l'indépendance, le nom de Maurice Audin à la place centrale d'Alger, en contre bas de l'Université où il mena de brillantes recherches. Dans l'Algérie colonisée, la place portait le nom du général Lyautey, descendant des envahisseurs de 1830.

 

Le 19 mai 2012, à l'occasion de la célébration de la Journée Nationale de l'Etudiant, le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique inaugura la plaque commémorative scellée au mur de l'Université d'Alger, près de la librairie qui porte le nom du mathématicien martyr.

 

Le Prix Maurice-Audin, créé en 1957 à Paris, "est décerné, chaque année depuis 2004, par l'association éponyme, établie en France, pour honorer, une fois par an, deux mathématiciens des deux rives de la Méditerranée", rappelle l'agence officielle l'APS. Au mois de mars dernier, c'est Kawthar Ghomari de l'ENST d'Oran qui l'a reçu des mains du ministre algérien de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui avait présidé la cérémonie

  .

En citant ces martyrs, j'ai une pensée pour tous leurs compagnons d'armes arrêtés pendant la Bataille d'Alger, torturés, condamnés à mort puis passés à la guillotine, ce procédé sauvage d'un autre âge.

 

Extrait : AL HUFFINGTON POST Maghreb-Algérie

 

 

 

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