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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 13:47

 

 

Cette rubrique est destinée à présenter des Hendayais(es) vivants(es) ou disparus(ues) qui auront marqué la vie de leur quartier et de la ville pour avoir été des personnages hauts en couleurs et/ou exemplaires.

 

Si vous souhaitez faire connaître ou voir renaître des figures marquantes sur lesquelles vous possédez textes et photos, contactez-nous en utilisant l'adresse mail que vous trouverez sous la rubrique "Contact" ci-contre. Vous pourrez alors nous demander à ce que votre anonymat d'intervenant soit garanti, toutefois aucun envoi non clairement identifiable sera publié.

 

Le portrait ci-après dépeint une ancienne riveraine fort pittoreque du quartier de Caneta.                                           

                           

                                        Pascaline Belloc

                          Née LALANNE

                           1862-1946

               Un personnage truculent aux mille facettes

 

     Marainotte.JPG

          

                                                             Portrait établi par                                                           Louis Rivière*

                                                                         

Un seul mot suffit à camper Pascaline Belloc, notre grand-mère maternelle que nous appelions affectueusement Marrainotte : truculente. La définition qu’en  donne le « Petit Robert » me confirme dans ce choix : Haut en couleur, qui  étonne et réjouit par ses excès. Un personnage truculent - pittoresque.

 

Ce recueil donnera un aperçu de sa personnalité. Pour apprécier et comprendre le pourquoi de sa langue crue, il faut savoir qu’elle était la dernière-née d’une filiation de marchandes de légumes et de fruits, achetés à la campagne et revendus dans les rues du quartier Saint-Esprit de Bayonne. Situé sur la rive droite de l’Adour, il était essentiellement composé de familles modestes.

 

Une communauté juive, expulsée d’Espagne par Isabelle la Catholique, y avait trouvé refuge. Maman, dont un grand-oncle était le concierge de la synagogue, se remémorait la famille de René Cassin - son cadet de deux ans- qui fit adopter la Déclaration universelle des droits de l’homme ? Prix Nobel de la paix. Elle nous rappela, maintes fois, la bonté des Juifs à l'égard de leurs voisins dans la difficulté.

 

Elle n’avait aucun souvenir de ses arrière-grands-parents. Par contre, elle redonnait vie à la seule image rapportée par sa grand-mère, mamie Catichotte – diminutif de Catherine. Sur la fin de ses jours, l’aïeule continuait d’accompagner sa fille. Celle-ci entretenait son illusion de participer à leur petit commerce : chaque matin, elle glissait dans la poche de son tablier quelques souricots (piécettes d’un sou), qu’elle était heureuse de compter, recompter et de faire tinter.

 

Venant de Bayonne, nos grands-parents maternels s’installèrent à Hendaye en 1889, l’année de naissance de papa. Raimond avait trente et un ans, Pascaline vingt-sept, maman en avait quatre, son petit frère Justin deux. Tante Mayotte, la dernière des sept enfants, naîtrait en 1902. L’oncle Justin mourrait en 1910 à l’âge de vingt-deux ans, emporté par la tuberculose, suite à un refroidissement ; grand-père disparut d’une jaunisse en 1914 ; tante Thérèse décéda d’un cancer en 1ç36, à l’âge de quarante-sept ans. Elle laissait trois enfants, maman fut désignée comme leur subrogé tuteur.

                                                 Justin.jpg

                                     Justin assis à sa table de travail peu de temps avant sa mort.

                                La fabrique de sabots Hayet était située le long de la rue de la Gare.

 

Le jeune frère de Marrainotte, Bernardin, âgé de quinze ans, vint les rejoindre pour aider son beau-frère, bourrelier, associé à un coquin qui abusa de la confiance de notre grand-oncle, en fit son complice et mit la famille sur la paille. Elle se retrouva dans la pauvreté et subsista, aidée par la générosité de Madame Vic, la femme du docteur, maire de la commune. Trois fois par semaine, c’est maman qui allait chercher le plat préparé par la bonne de leur bienfaitrice. Les enfants marchaient pieds nus et des sabots de bois, réservés à leur assiduité à la grand-messe du dimanche, leur étaient fournis par le curé, sous le patronage de Saint-Antoine. Grand-père trouva un emploi de garçon de chai.

 

Maman, évoquant son papa, me disait que j’avais hérité de son sourire. C’est lui qui servait la soupe à chaque repas et, lorsqu’ils avaient pu acheter un morceau de fromage, le découpait en autant de « Tour Eiffel » qu’il y avait de bouches à nourrir autour de la table. Il était équitable, pacifiste, républicain affirmé. Marrainotte était autoritaire, entreprenante, dure au travail comme avec ses enfants. C’était une maîtresse femme qui portait la culotte.

 

Elle confectionnait des matelas, neufs pour les clientes aisées et, le plus souvent, les refaisait pour des pratiques démunies ou peu exigeantes pour leur literie. Elle installait son matériel dans les cours ou jardins des maisons cossues ou devant les portes en ville, dans les quartiers de la gare, de la plage, au bas-quartier. Je la revois, assise sur sa cardeuse, prenant, dans une grande toile, la laine à travailler qu’elle y avait déposée. Elle remplissait le fond de la machine de poignées de boules informes, tassées des années durant, dans un matelas fatigué, parfois même crevé.

                                Marainnotte-Cardeuse.jpg

                                                    Pascaline Belloc devant sa cardeuse

 

Puis, le peigne incurvé rabattu, elle les démêlait par un va-et-vient vigoureux et cadencé. Elle obtenait ainsi de gros flocons échevelés qu’elle déposait par poignées dans une autre toile. Après cette longue préparation, elle façonnait le matelas sur son métier, lui donnant son aspect de damier renflé, à l’aide d’une grosse aiguille recourbée. Sorti de ses mains, épais, moelleux, il fleurait bon la laine régénérée par l’air et le soleil. Sa tâche accomplie, elle s’en revenait, poussant sa cardeuse chargée du métier, harassée par sa longue journée de labeur. Enfant, il m’est arrivé d’actionner le peigne, m’appliquant à faire mousser les fibres davantage encore. Ce jeu tournait vite à la corvée.

 

À la mi-septembre, les bogues des châtaigniers ayant libéré les fruits arrivés à maturation, commençait la période des châtaignes grillées. En fin d’après-midi, Marrainotte disposait son brûlot dans le bas de la place de la République, à l’entrée de la rue du Port. Et à ses pieds, le sac de châtaignes que maman avait rapporté de Fontarabie, sur sa tête, ayant parcouru pieds nus, par le pont international, une bonne dizaine de kilomètres. La cuisson à point, elle conservait les marrons au chaud, protégés par un vieux sac à patates, plié en deux, qu’elle soulevait juste assez pour saisir les douzaines achetées par ses clients. Madame Belloc, à cette époque de l’année, redevenait la « castagne » (marchande de châtaignes en gascon).

 

Au mois de novembre, le jour de la fête du village, elle montait à Biriatou, assurée d’y faire une recette exceptionnelle. Une année, à l’approche de la nuit, elle s’en retournait le brûlot sur sa carriole à bras ; elle fut canardée des hauteurs du chemin pentu. De jeunes garçons ; frustes, en raison de l’éloignement des rares fermes de cette minuscule commune, et éméchés, lui jetaient des pierres. Marrainotte n’ignorait pas les risques courus en cette occasion de liesse. L’épisode révèle la forte femme, affrontant seule le danger, capable de se battre, son caractère et sa détermination hors du commun.

 

Je devais avoir neuf, dix ans, lorsqu’elle cessa de travailler, dans sa soixantaine, après avoir trimé toute sa vie. Toujours aussi précieuse pour les joueurs de rugby ou de pelote basque, qu’elle soignaient avec sa main de rebouteuse. À défaut d’huile ou d’alcool camphré, dont elle pouvait être démunie, elle lubrifiait son pouce et son index avec de la salive pour soigner leurs luxations, provoquant de brèves plaintes chez ces sportifs endurcis.

 

Au cours de sa vie, elle était devenue une figure hendayaise, familière tant avec la population qu’avec les notables. Elle ne s’embarrassait pas de considérations sociales qui auraient entravé sa liberté de parole.

 

Je l’ai toujours connue dans la maison «Bel Air» (rue du Jaïzquibel), où la famille emménagea, peu après son arrivée à Hendaye, et que jouxta, bien plus tard, le groupe scolaire inauguré en 1925, année où je fis mon entrée à l’école maternelle. En 1936, elle loua un appartement rue de la Barrière, au bas-quartier. En 1941-1942, sur la décision de maman, qui veillait attentivement sur elle, elle s’est retirée à «Camp de Prats», dans le haut du quartier de Mousserolles, la maison de retraite réservée par la ville aux personnes originaires de Bayonne.

 

Marainnotte-Bail-air.png

               Pascaline Belloc dans l’arrière-cour de la maison «Bel Air» qui était située rue du Jaïzquibel

 

Le 7 novembre 1946, maman et moi avons passé l’après-midi à son chevet, n’imaginant pas sa fin imminente. Au moment de la laisser, de son regard malicieux, elle m’a désigné le tiroir de la table de nuit. J’y ai pris la boîte de pastilles que maman avait garnie de petits morceaux de chocolat. Suçant sa gourmandise, elle m’a fait un clin d’œil - sa dernière connivence – et m’a soufflé, d’une voie à peine audible : «Ques boun! aco» (c’est bon! Ca). Nous l’avons embrassée, apaisée, détachée.

 

Le surlendemain matin, avertis de sa mort survenue le 8 à 10 heures, je suis allé la retrouver à la morgue. Le contact de mes lèvres avec son front glacé a établi le lien physique qui m’a intégré au cœur même de la chaîne ininterrompue entre les générations.

 

Elle a été enterrée le 11, dans la tombe surmontée par la croix de fer forgé, ouvragée à la mémoire de son neveu Justin par Bernardin, le frère à qui elle n’avait jamais pardonné. Ses obsèques furent aussi suivies, par des centaines de personnes, que celles de Monsieur Imatz, disparu peu avant, hôtelier réputé, catholique fervent, propriétaire du «Grand Hôtel Imatz», place de la République.

                                       Cimetière

                                  Sa tombe surmontée d'une croix en fer forgé au vieux cimetière

 

À quelque temps de là, il en fut de même pour celles de Monsieur Pardo, riche épicier, dépositaire des produits Félix Potin, qui drainait une clientèle estivale nantie et, avant le soulèvement factieux de Franco et la fermeture de la frontière, attirait la société espagnole fortunée, souvent titrée, le duc d’Albe, le marquis de Linarès, tant d’autres encore ….

 

Marrainotte avait quatre-vingt-quatre ans lorsqu‘elle s’est éteinte, telle la flamme vacillante d’une lampe à huile, consumée jusqu’à sa dernière goutte.

 

Pascaline Belloc, femme populaire, accompagnée avec la même sympathie, le même respect, réservés à ces deux personnalité :une manifestation d’estime qui réconforte dans le deuil

 

Je rapporte, aussi fidèlement que possible, quelques histoires, anecdotes et boutades entendues de sa bouche ou de celle de maman.

 

                                                              Le précieux crottin

 

Des géraniums ornaient les fenêtres de la cuisine et de la petite chambre ; des plantes aux verts intenses des prés du Pays basque, couvertes de fleurs éclatantes. Marrainotte avait un tour de main : du crottin, judicieusement éparpillé, renouvelé avec mesure.

 

On pouvait la voir, au carrefour de la rue du Jaïzquibel et du boulevard de la plage, avec un seau, la pelle de l’âtre et un moignon de balayette. Elle y ramassait les plus beaux crottins des chevaux de rares paysannes portant leur lait au porte-à-porte, de fiacres ou de quelques voitures, laissant le rebut aux envolées des moineaux.

 

                                                            Son matelas sur le dos

 

Dans l’hiver 1936-1937, maman alla chercher Marrainotte, alitée, et l’installa chez nous pour la soigner d’une broncho-pneumonie galopante.

 

Le matin, avant de partir à son travail, papa frappait à la porte de sa chambre, pour la forme, sa surdité l’empêchant d’entendre l’avertissement discret. Il lui apportait son bol de café, servi sur le petit plateau noir décoré.

Marrainotte, énergiquement traitée par sa fille, dorlotée par son gendre, se remettait de sa maladie. Son appétit revenu, elle coulait du bon temps, bien au chaud. Elle ne manifestait aucune impatience, ne faisait aucune allusion à sa maison, distante d’une centaine de mètres.


Un matin , papa toque, pousse la porte et reste interdit sur le seuil. Il se rend

à l’évidence : «La mère» a filé à l’anglaise par la porte donnant sur l’escalier de trois étages.

 

Un voisin l’avait aperçue, sur le coup de quatre heures, se dirigeant vers sa rue, portant un matelas sur son dos. C’est Jojo qui l’avait amené de chez elle pour remplacer celui que mamie avait prêté à des réfugiés espagnols.

 

L’indépendance de Marrainotte est tout entière révélée par ce fait, accompli aux risques d’une rechute, sans laisser paraître le moindre signe qui aurait pu alerter maman et papa.

 

Exemplaire de sa témérité, de sa ténacité, de sa force dans sa soixante-quinzième année.

 

                                                  L’au revoir de Jojo à Marrainotte

 

Depuis le conseil de révision où il a été reconnu «Bon pour les filles», Jojo(mon frère Georges)attend ce premier octobre 1937 plutôt avec impatience, comme la moitié du contingent de la classe 1936. Son affectation lui est parvenue depuis peu : la 62èmeescadrille de l’air basée à Mekhnès. En fin de journée, un paquebot à quai à Bordeaux, le «Ville d’Oran», va lever l’ancre pour Casablanca. Après les festivités du mois de juin, au cours desquelles ils ont fêté leur conscription par des libations débridées jusqu’au petit matin, il va endosser l’uniforme.

 

Il est six heures. Je l’accompagne pour les adieux à sa marraine. Cet appel sous les drapeaux de l’aîné de ses petits-enfants lui fait se remémorer l’incorporation de Raimond, son fiancé, pour l’accomplissement de sa période militaire en Algérie. Elle avait été menacée par son père d’une rouste avec une corde, si elle s’amusait à jouer avec la parole donnée à son promis. Il répéta, jusqu’à la fin de ses jours, qu’il ne voudrait pas mourir sans revoir son Algérie qui l’avait émerveillé.

 

Nous sommes assis tous les trois devant l’âtre éteint. Marrainotte a fait réchauffer le café sur le petit réchaud à alcool. L’aiguille du réveil est insensible à l’émotion des deux êtres qui ne se reverront peut-être jamais. Et le train de sept heurs impose l’impérieux moment de la séparation. Tout à coup, Marrainotte rompt le paisible dialogue : « Tu sais… petit…. Fais très attention là-bas !!» Elle sanglote. Imitant un fougueux bras d’honneur, elle hoquette : «Ton grand-père… me disait… ils ont le membre… long et gros comme çà !!»

 

Pauvre Marrainotte ! Nous l’embrassons – elle garde Jojo dans ses bras, la tête sur son épaule, pleurant de plus belle, rongée par une inquiétude que rien ne nous avait laissé deviner. Chère Marrainotte, bouleversée, gagnée par l’angoisse d’une grand-mère au bord du désespoir. Son filleul, le préféré de ses petits-enfants, s’éloignait d’elle pour la grande aventure dans cette lointaine Afrique, d’où son Raimond avait rapporté des souvenirs cauchemardesques d’une occupation coloniale, mortelle pour nombre de ses camardes de régiment.

 

Sa dernière saillie :

 

                                                           Les touches du piano

 

Jef était un ami de tante Charlotte, sœur de maman, mariée à un bruxellois, l’oncle Jean. En sa qualité d’organiste de la paroisse du Béguinage, il dirigeait la chorale à laquelle notre cousin Charles participait.

 

Venant de Bruxelles, qu’il avait fui lors de la débâcle provoquée par l’offensive allemande, puis chassé de Paris, il arriva à Hendaye le 25 mai 1940. Il se mit en quête des filles Belloc, le seul nom de famille qu’il avait retenu.

 

Faisant la connaissance de marrainotte chez nous, où il avait été accueilli à bras ouverts, il lui manifesta un attachement respectueux. Ils s’adoptèrent spontanément, tout heureux de s’entretenir familièrement. Marrainotte l’appelait «le pianiste».

 

À l été 1946, Jef, impatient de nous retrouver depuis son retour chez lui en septembre 1940, revint à Hendaye passer ses vacances avec nous. Les fils de nos sentiments et de nos pensées ne s’étaient pas distendus.

Dès son arrivée, sa première préoccupation fut de rencontrer marrainotte. Tous deux avons pris le train pour lui faire une visite dans sa maison de retraite. La grille de « Camp de Prats » à peine franchie, marrainotte, qui se dirigeait vers la sortie au cours de sa promenade, aperçut nos silhouettes au bout de l’allée rectiligne.

 

Tandis que nous nous approchions, elle abrita ses yeux, la main en visière, reconnut Jef et s’exclama : «Ou! lou Belge !... Dis petit ! Tu branles toujours les touches du piano ??»

 

Cette apostrophe résonne comme si je venais de l’entendre. Elle recèle la quintessence des boutades de notre inénarrable marrainotte.

 

  * Découvrir le portrait de Louis Rivière :   http://hendaye.environnement.over-blog.fr/2013/06/portrait-de-louis-riviere.html                                                                

                      

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 19:02

                                                                   
              
P1040580                                                  Le parking arboré de Sokoburu aura-t-il été sacrifié ...
P1040721                             ... en même temps que le beau bosquet à l'entrée des dunes ...


P1040707  Photos : Sirius
... pour faire place à un réaménagement du front de mer enfin en harmonie avec la nature ?

 
L'OCCASION MANQUÉE D'UNE MEILLEURE MAÎTRISE
DES FLUX CIRCULATOIRES

 

Rien de très enthousiasmant dans les trois projets qui nous sont présentés sur le site Internet de la Ville d'Hendaye. Une première constatation : la façon dont ceux-ci sont inégalement dévoilés. Très peu de place donnée au projet C, à peine un peu plus au projet A ; une place royale est faite au projet B (¹), ce qui porte à croire que l'on pourrait ici chercher à faire ostensiblement pencher la balance en faveur d'un choix qui aurait déjà été arrêté.

 

Une constatation désolante et commune aux trois projets : ce n'est pas encore demain que nous assisterons à la disparition totale de la motorisation sur ce beau front de mer. Ce n'est donc pas non plus en ce lieu que sera lancée la première tranche de création de "zones de circulation piétonne" que cette majorité se faisait forte de réaliser afin de chercher à se différencier de celle qui l'avait précédée.


Ceci dit, les trois projets promettent de nous laisser entrevoir des journées estivales plutôt chaotiques sur les rues en retrait du Boulevard de la Mer qui devront assumer le retour des véhicules vers la Route de la Corniche ou, dans le cas de circulation inversée du projet B, dès l'entrée sur la Rue Elissacilio et celles qui la prolongent.

 

Deux des trois projets (A et B sur Internet) ont en commun de proposer un platelage en bois sur toute la longueur du boulevard, ce qui offre bien entendu une esthétique plus chatoyante que celle du béton ou du bitume, mais n'est pas sans avoir des inconvénients, tant sur le plan environnemental (bois tropical à la provenance pas toujours exactement vérifiable(²)), que sur celui de l'usage dans la durée.


Néanmoins, même si les trois projets ont tous en commun des défauts certains, le C se détache du lot par sa sobriété et son meilleur respect de l'espace non motorisé ainsi que des espèces locales d'arbres qu'il est envisagé de planter, pins maritimes et tamaris qui se marient si bien avec les pins encore présents tout au long de cette longue languette de terre que constitue la plage. Cela dit, la polychromie décorative prévue sur le parapet et sur les trottoirs pourrait être bénéfiquement remplacée par des couleurs plus chaudes et plus atténuées.

 

Le projet C offre également, comparativement au B, l'indéniable avantage d'une bien moindre matérialisation du front de mer, puisque sans belvédères et autres "amphithéâtres de la mer". Il ne surcharge pas le paysage de nouvelles infrastructures qui laisseraient baigneurs et plagistes perplexes à la vue des structures bétonnées des belvédères du projet B. 

 

Ultime point, et qui est d'une importance primordiale en période de crise économique, de chômage de masse, d'endettement généralisé des collectivités locales et par voie de conséquence d'augmentation de nos impôts locaux : on aurait souhaité être au moins informés du montant estimatif de chacun des projets,  afin de savoir si ce réaménagement du Boulevard de la Mer sera au moins d'un coût raisonnable, partant du fait que le concept ici dévoilé ne démontre pas qu'il est indispensable.

 

 

(¹) Une malencontreuse inversion des lettres fait que le projet baptisé A sur Internet s'appelle en fait C en salle d'exposition des projets présentés en Mairie, alors qu'inversement C est baptisé A. Ceci présente l'inconvénient de rendre impossible la lecture des appréciations formulées dans le cahier prévu a cet effet du fait que l'on ne sait pas auquel des classements le public se réfère.

(²) Voir l'article "L'utilisation communale des bois tropicaux (suite)" sous la rubrique "Urbanisme" de ce site.

 


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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 19:02


  EN MARGE DU DÉBAT SUR LA LGV

  

P1040677

                                                                                         Photo : Sirius
                       L'autoroute A 63 à Urrugne sur laquelle 11 000 camions transitent chaque jour ...

 

 

            

     ... alors que le ferroutage hexagonal est sous-développé par rapport à d'autres voisins européens.      

 

 

L'humain aura réussi a ponctionner, en un siècle et demi d'ère industrielle, plus de la moitié des ressources en hydrocarbures qui se sont constituées par imprégnation dans les couches sédimentaires de la croûte terrestre lors de la dégradation bactériologique d'organismes végétaux et animaux qui ont proliféré dans les mers durant les 4,5 milliards d'années d'existence de notre planète.


Le pétrole, qui fut longtemps un élément incontournable du développement de nos sociétés, s'épuise dangereusement compte tenu de la consommation effrénée que l'on en fait et, si rien ne vient remettre en cause le modèle d'expansion de production et de consommation que nous avons érigé en dogme, il finira très probablement par être épuisé d'ici à une soixantaine d'années.


C'est pour cette impérieuse raison, mais également parce que la combustion de cette énergie fossile génère les pires maux environnementaux* et nous apporte des changements climatiques qui échappent à tout contrôle, qu'il est grand temps de mettre fin au gâchis énergétique qui hypothèque nos chances d'avenir sur cette planète.


L'heure est donc à la remise en cause d'un modèle de société qui prône une extension illimitée du productivisme et cherche à nous persuader que le chemin menant au bonheur humain doit nécessairement passer par la satiété matérielle.


Les débats engagés autour de l'insupportable présence de l'aéroport urbain de Hondarribia, ainsi que du projet de construction de voies nouvelles devant accueillir la venue de trains circulant à grande vitesse, nous révèlent à quel point nous faisons fausse route en ne cherchant pas à rompre avec un système qui, au gré d'intérêts de clans, prend ici des populations entières en otage, alors qu'il sème simultanément l'injustice et la misère sur bon nombre de nos continents.


L'article ci-dessous
illustre à quel point nous avons raison lorsque nous clamons qu'il existe sur notre région d'autres priorités environnementales et économiques que celle d'une LGV.

 

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

                                                                                  
* Voir à ce sujet l'étude sur la pollution due à l'autoroute A63  sous la rubrique "Déplacements urbains & Transports"                      

La chaussée roulante

 

Retards importants, pollution, accidents... Pourquoi voudrait-on conduire un camion en Suisse ? Et pourtant, la situation géographique de la Suisse au centre de l'Europe occidentale la condamne à être un pays de transit tandis qu'en même temps son relief montagneux réduit la superficie de terre disponible pour la construction de routes. 
 

La Suisse a investi beaucoup d'argent et déployé nombre d'efforts pour transférer les marchandises de la route au rail. En l'an 2007, 64% du fret a passé les Alpes suisses sur des trains - un chiffre impressionnant comparé à la France ou, plus nettement encore, à l'Autriche, deux pays où la très grande majorité des marchandises a emprunté la route.


La  «chaussée roulante»  est  un  prolongement de  cette politique. Elle  se  déploie  entre  Freiburg, au sud de l'Allemagne, et Novara, au nord de l'italie. Les camions qui l'utilisent n'empruntent jamais les routes suisses, mais traversent le pays par train.

Avant la réalisation d'un tel système en 2001,  il a fallu aménager les tunnels du Lötschberg et du Simplon, élargir des ponts, et réduire la hauteur des wagons à plancher surbaissé transportant les camions.  L'autoroute peut être utilisée par des véhicules ayant une hauteur maximale de 4 mètres,  une largeur de 2,5 mètres et  un poids de 44 tonnes.


Au cours des 12 premiers mois, elle acheminait environ 40 000 camions, travaillant à 76% de sa capacité, et l'on espère que ce chiffre atteindra 350 000 à moyen terme.


Il faut 8  à  9 heures pour se  rendre de Freiburg à  Novara.  La plupart du trafic s'effectue la nuit,  en fonction de la demande du marché. Les conducteurs voyagent dans des wagons-couchettes se trouvant à bord du train. Ce système rend le trajet doublement avantageux : non seulement c'est un moyen plus rapide de se rendre d'un point à l'autre, mais le temps passé sur la route roulante est considéré comme temps de repos. Les conducteurs peuvent prendre le volant immédiatement après être descendus du train sans avoir besoin d'une pause comme la loi les obligerait normalement à le faire. Il en résulte également une économie de temps pour les formalités douanières vu que les camions voyagent en fait directement d'un pays de l'UE à un autre.

 

Source : http://www.swissworld.org/fr/switzerland/dossiers/les_chemins_de_fer_suisses/la_chaussee_roulante/

 

 

 

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 19:01


   POLLUTION AUTOROUTIERE DU SITE DE BIRIATOU / HENDAYE
  

   Modélisation de la pollution azotée et évaluation des incidences sur l'environnement.
   par Gaëlle DELETRAZ et Pierre DABOS CNRS, ISRAM, Unviversité de Pau.

  

   http://www.univ-pau.fr/RECHERCHE/SET/Auteurs/Deletraz/Besancon.pdf
 

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 18:12

 

La pluie n'aura pas découragé les 20.000 manifestants qui sont venus clamer leur opposition au projet de construction d'une ligne à grande vitesse sur notre région.

 

P1040683

           P1040682         P1040684         P1040687        P1040690         P1040701         P1040704         P1040706                                                                                        Photos : Sirius

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 09:54

Dimanche 31 janvier à 11H00 : Mutxiko de soutien à EHLG,
mail Pelletier-Chaho (ancien site de Lurrama) dans le Petit Bayonne, organisé par le comité de soutien du BA.B. à EHLG
EHLG   
     Urriaren 31an igandearekin goizeko 11etan : EHLGren aldeko sustengu Mutxikoa, Baiona TTipian, Zahakin peñaren aintzinean,
Pelletier-Chaho Kaian
                                                       ___________________________
Vendredi 5 février à 21H00 à Ainhice-Mongelos : réunion d'information avec Michel Berhocoirigoin, organisé par EHLG-ren Lagunak
Otsailaren 5an ostiralarekin, Ainizan, Michel Berhocohirigoin-ek emandako hitzaldi publikoa
                                                       ___________________________


[eu] chaine humaine 6 fevrier(1)(1)(1)
      Samedi 6 février à 11H00 devant la mairie de Bayonne : chaîne humaine géante
 pour le droit d'EHLG de vivre et travailler en paix, et pour le respect de la liberté d'association

Merci de faire circuler ce message et ces rendez-vous !
Milesker mezu eta hitzordu hauek zuen inguruan zabaltzeagatik !
+ d'infos sur / xehetasun gehiago lortzeko : http://www.ehlgdoitvivre.org/

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 14:45


P1040603

Hendaye, décembre 2009

Sapins abattus, présentés en décoration de Noël devant l'esplanade de Sokoburu.


               

Qu'ils viennent de lointains continents et se dénomment pin rouge, pin ponderosa, sapin baumier, sapin omorika, épinette blanche, ou d'Europe, pour s'appeler alors sapin nordmann, sapin épicéa, sapin nobilis, sapin grandis, sapin pungens ou encore pin écossais, tous ont en commun d'avoir vécu pendant 7 à 12 années dans les grands espaces des forêts de ce monde, avant de finir par dizaines de millions sur les trottoirs , dans les caniveaux ou décharges publiques de nos cités



        Une tradition suspectée de se moquer du respect de la nature

Après 2 ou 3 ans de croissance, on taille les arbres chaque année afin de leur donner une apparence fournie et une forme conique. L'époque de la taille dépend de l'espèce. Les pins sont taillés tard au printemps, tandis que les sapins peuvent être taillés à n'importe quelle époque de l'année.


Une fois qu'ils ont atteint la taille requise pour la vente, ils sont coupés. L'abattage a lieu de la fin novembre au début décembre. En cas de jaunissement et d'assèchement de leurs aiguilles, on les vaporise alors avec un colorant cireux de teinte verdâtre afin de les embellir. Les arbres sont ensuite compactés dans des filets tubulaires en plastique afin de réduire leur volume et abaisser ainsi les coûts de leur transport, puis expédiés dans des conteneurs.


Il existe plusieurs manières de vendre les arbres de Noël. La méthode classique consiste à les écouler comme la plupart des autres marchandises, en passant du producteur au grossiste pour finir ensuite par le détaillant. Toutefois, ici comme ailleurs, la concurrence commerciale est très vive. Les producteurs situés près des centres de population optent alors pour la formule "libre-service", qui consiste à laisser l'acheteur couper l'arbre de son choix sur son lieu de croissance.


Cette formule donne aux consommateurs l'occasion d'une activité "divertissante" tout en leur garantissant un arbre de qualité fraîchement coupé. Les autres avantages de cette forme devente sont la possibilité pour toute la famille d'examiner les arbres dans un cadre propice, au lieu d'en choisir un déjà mortifié par l'horrible filet plastique qui le fait ressembler aux rôtis prêts à être mis au four que l'on trouve chez le boucher.


Pitoyable et éphémère "Roi des forêts", ce n'est pas après t'avoir permis de mener une courte phase de vie rehaussée de ces fioritures que sont les guirlandes et paillettes, t'avoir également généreusement recouvert de ces aérosols qui imitent si mal ton pénétrant parfum boisé  évaporé lors des transbordements et traversées d'océans en conteneurs, que nous pouvons encore justifier une quelconque raison de perpétuer ton abattage précoce, partant d'une tradition qui n'est plus de mise dans un monde ou chaque arbre abattu est une parcelle de gage d'avenir qui nous glisse sous les pieds.

 
Souhaitons que 2010 ne nous offrira plus l'occasion de revoir ces tristes arbres de Noël sur la place publique, ainsi que l'on a été satisfaits de voir disparaître, en l'espace d'un éclair, la malencontreuse décoration de Noël qui reconstituait une image de banquise au rond-point d'Abbadia en décembre dernier.



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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 15:56
P1040503                                                                                     Photo : Sirius
                 Les caillebotis des rues réaménagées de la plage sont-ils issus d'abattages sauvages ?         
     

         L'ABATTAGE SAUVAGE DES BOIS EXOTIQUES CONTINUE


Nous rapportions dans un précédent article¹ que du bois tropical avait été utilisé  sous forme de caillebotis disposés autour des arbres plantés sur les trottoirs lors du réaménagement de plusieurs rues du Quartier de la Plage d'Hendaye. Nous faisions alors remarquer qu'il aurait été préférable d'utiliser des essences aux caractéristiques similaires, telle celle du Robinier exploitée dans les Landes, afin de mener à bien ce projet. L'utilisation du Robinier aurait en effet non seulement évité le transport de ce bois depuis des contrées situées à l'autre bout du globe, mais aurait également  apporté la certitude que le bois ici utilisé ne provenait pas de forêts  trop souvent encore décimées par des abattages sauvages.


Consciente de la légitimité de cette interrogation,  la Mairie d'Hendaye nous a, entre-temps, fait savoir que le bois utilisé pour la réalisation des caillebotis avait été " fourni par le Groupe DLH engagé dans une politique responsable forestière ", ce qui signifie qu'il devrait exclusivement être issu d'exploitations labellisées FSC ².

Cette dernière précision ne clôt pas pour autant le débat engagé autour de l'utilisation communale de caillebotis confectionnés avec des bois tropicaux, si l'on se réfère au reportage ci-après, paru dans le quotidien suisse La Liberté en date du 15 juin 2009.

(¹) Voir l'article "L'Utilisation communale des bois tropicaux" dans notre rubrique "Urbanisme". 

(²) Label FSC = Forest Stewardship Council ( Conseil de Bonne Gestion Forestière )


 


P1020197                                                               Photo : La Liberté


                      Brésil : trafic illégal de bois pour le marché européen ?


La découverte fait frémir : 100.000 m3 d’arbres exotiques abattus illégalement dans l'État du Para au nord du Brésil, puis commercialisés grâce à de faux certificats de provenance. L’équivalent de 4.000 camions ! Le scandale touche une trentaine d’entreprises dont 20 firmes internationales spécialisées dans l’exportation du bois précieux partout dans le monde. Plusieurs d’entre elles sont françaises, anglaises ou danoises. A ce stade de l’enquête, il est impossible de savoir si ces entreprises sont victimes ou complices de cette vaste contrebande.

Enquête : Jean-Jacques Fontaine, Rio de Janeiro.

En d’autres circonstances, le document pourrait faire sourire… Il concerne un chargement de 40 tonnes de planches transportées par un véhicule dont l’immatriculation correspond à… une moto ! Autre exemple, ce camion chargé de grumes qui aurait parcouru la distance entre Novo Progresso et la ville de Bélem, 1250km, en… 20 minutes ! C’est la police fédérale brésilienne qui a découvert le pot aux roses en mettant à jour un vaste réseau de corruption installé au sein même du Secrétariat à l'Environnement de l'Etat du Para.

Des fonctionnaires ont délivrés contre rémunération des faux certificats d’origine destinés à « blanchir » des lots coupés illégalement, afin de les commercialiser très officiellement. La fraude porterait sur l’équivalent de 50.000 troncs, pour un montant de plus de 18 millions de francs suisses. « 70% des espèces rares vendues à partir de l’Etat amazonien du Para proviennent de coupes clandestines faites dans les territoires indigènes ou sur des réserves forestières protégées » affirme Paula Bello, de  l'Instituto Observatorio Social, une organisation proche des milieux syndicaux.

Après 9 mois d’enquête, Paula Bello et ses collègues sont arrivés à la conclusion qu’une grande partie des multinationales du bois qui sont a pied d’œuvre sur le port de Bélem ferment les yeux sur ce trafic. Et ils pointent du doigt 20 firmes internationales, américaines, canadiennes, australiennes, chinoises… et 2 européennes : DLH-Nordisk  au Danemark et Kingfisher en Angleterre.


Des enseignes françaises dans le collimateur

Kingfisher possède les enseignes Castorama et Brico-Dépôt en France et détient 20% des parts de l’entreprise allemande Hornbach, implantée aussi en Suisse. Hornbach-Suisse semble hors de cause, sa directrice du marketing Marianne Limacher affirme que l’entreprise ne vend que du bois possédant le label de conformité environnementale FSC : « Nous ne vendons pas de bois en provenance du Brésil qui vienne de chez Kingfisher ».

D’après le représentant pour le pôle forêt du WWF au Brésil, Estevao de Prado Braga. Kingfisher fait partie du programme « Global Forest Trade Network » du WWF destiné à aider les entreprises à lutter contre le déboisement sauvage. « Mais Kingfisher n’a pas d’antenne au Brésil. La firme s’approvisionne donc auprès de fournisseurs dont nous ne pouvons pas garantir la fiabilité dans le cadre du programme Global Forest Trade Network ».

Castorama précisera par l’intermédiaire de son directeur du Marketing de l’Offre et Développement Durable Geoffroy Lavielle que seul 1% de son assortiment de bois vient du Brésil. 2/3 de ce stock porte la certification FSC et qu’elle n’est pas directement citée par l’enquête de l’Instituto Observatorio Social.

Cette dernière parle en effet de la Pampa Exportaçoes (Pampex) un des fournisseurs de Brico-Dépôt et de DLH-Nordisk, qu’elle accuse de s’approvisionner auprès d’intermédiaires comme Madeball, unefirme ayant accumulé plus de 1,3 millions de francs d’amende pour commerce illégal de bois depuis 2006 ou Rio Pardo qui ne possède pas de licence légale pour commercialiser du bois.

Chez DLH-Nordisk-France, qui a racheté la firme Indubois, installée à Sète, dans le sud de la France, le directeur Sébastien Monvois, marque le coup : « le bois qui nous arrive du Brésil porte rarement le label international FSC contrairement aux livraisons en provenance d’Afrique, c’est vrai. On ne peut donc pas exclure que de la marchandise illégale se glisse dans nos commandes. »

Pour plus de précisions, Sébastien Monvois me propose de contacter le représentant de DLH-Nordisk au Brésil, Frank Daniel Crépi. Atteint par téléphone à Bélem, le principal port d’exportation du bois, à l’embouchure de l’Amazone, Frank Crépi explique que DLH est très attentive aux problèmes d’abattage sauvage et qu’elle connaît ses fournisseurs. « Mais on ne peut pas toujours contrôler tout ce que font les sous-traitants. Je ne garantis donc pas à 100% que dans le lot de ce que nous exportons, il n’y ait pas de la marchandise illégale. »

C’est maintenant le juge d’instruction Daniel Cezar Avelino qui mène l’enquête à Bélem. Il cherche à établir si les firmes multinationales impliquées dans ce trafic sont victimes ou complices. Jusqu’à présent, ni DLH-Nordisk ni Kingfisher n’ont été citées à comparaitre. Mais Daniel Cezar Avelino dit n’être encore qu’au tout début de ses investigations.


Comment fonctionne le « blanchiment » des attestations de provenance des bois exotiques?

Une entreprise qui veut couper un arbre tropical au Brésil doit obtenir un « crédit-bois » qui lui est accordé si les conditions légales et écologiques sont remplies (zone de coupe autorisée,  compensation par du reboisement, etc…). Ce certificat de conformité accompagne ensuite la pièce abattue jusqu’à sa destination finale, le magasin qui va vendre les planches, n’importe où dans le monde.

Mais chaque État applique ses propres procédures pour délivrer ce « crédit-bois ». Les trafiquants ont donc beau jeu de profiter des trous dans la législation pour faire transiter de la marchandise illégale vers un État moins regardant où ils peuvent obtenir un certificat de complaisance. C’est ainsi que l’État du Para est devenu le principal acheteur de bois sur le marché brésilien, après la métropole Sao Paulo, une anomalie flagrante quand on sait que le Para, 2 fois grand comme la France, mais peuplé seulement de 7 millions d’habitants est tout entier recouvert par la forêt amazonienne !

Une fois ce « crédit-bois » dûment légalisé, la marchandise peut très officiellement quitter le pays, les douanes brésiliennes ne réclamant que ce certificat aux entreprises exportatrices.


Certificat d’origine et label FSC

Le FSC,  Le Forest Stewardship Council délivre un label de garantie mondialement reconnu pour des bois qui ne proviennent pas d’exploitations sauvages, mais contribue à promouvoir une économie forestière respectueuse de l’environnement. « C’est notre siège central à Bonn qui délivre ce label sur la base de contrôles effectués par des sociétés de certification comme la SGS », explique Philippe Coffin, directeur de l’antenne française du FSC. « Pour nous, l’attestation d’origine n’est pas une preuve suffisante ».

A Bonn, justement, le directeur du département certification Andreia de Freitas confirme que le FSC est en train de mettre sur pied un nouveau programme pour éviter l’usage abusif du label par certains commerces ou entreprises. « Des affirmations comme quoi tout un magasin est labellisé FSC sont fausses. Seuls les produits qui ont reçu spécifiquement ce certificat y ont droit. Pas le reste du stock. »

Et si le certificat FSC se révèle faux ? « C’est déjà arrivé il y a 2 ans en Pologne, explique Miklos Ismail, représentant du FSC en Suisse. La SGS avait délivré une certification qui s’est révélée douteuse par la suite. Nous avons sanctionné la SGS qui n’a plus pu travailler pour nous en Pologne pendant 2 ans ».

Miklos Ismail reconnaît que ce genre de mésaventure est très dommageable pour le label FSC. « Notre crédibilité est basée sur la confiance qu’on nous accorde. Si la fraude brésilienne devait concerner des bois labellisés FSC, cela ferait beaucoup de dégâts. Heureusement, il ne semble pas que ce soit le cas jusqu’à présent. »   

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 17:22

P1040585                                                                                        Photo : Sirius
                                                                           Hendaye, décembre 2009
  Préfiguration du réchauffement climatique ou décoration de Noël de mauvais goût dans le contexte actuel ?
               Le seul fait d'avoir soulevé cette question a subitement fait disparaître ce décor du rond-point d'Abbadia !


  LES ENJEUX MANQUÉS DE LA CONFÉRENCE DE COPENHAGUE

La conférence des Nations Unies sur le climat qui s'est déroulée du 6 au 18 décembre à Copenhague avait des enjeux clairs :

 
  • aider les pays les plus vulnérables à faire face aux dérèglements climatiques en cours,

  • élaborer un accord international qui aurait dû mener à une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30% d'ici à 2020, puis au moins 50% à l'horizon de 2050.


À ces forts pourcentages attendus des pays industrialisés qui sont de loin les plus gros pollueurs de la planète, devaient s'ajouter ceux des pays émergents desquels on pouvait raisonnablement atttendre une diminution des GES de -15 à -30%, moyennant l'octroi de moyens financiers compensatoires destinés à les aider à faire front aux conséquences des dérèglements climatiques déjà en cours.


Alors que ces taux de réduction étaient jugés indispensables au non-franchissement de 2°C de réchauffement climatique, au-delà duquel tout pourrait irréversiblement basculer, seul un accord politique a minima, à défaut d'un texte juridiquement contraignant, a pu se dégager après 13 jours d'âpres négociations avant tout dominées par les seuls intérêts immédiats des nations qui se font tirer l'oreille chaque fois qu'il s'agit de considérer que ce problème environnemental majeur est en fait de la responsabilité de tous.


On sait qu'au-delà de ces amères démonstrations d'égoïsme, la communauté scientifique internationale s'accorde pour prédire que le réchauffement continu de notre Terre va avoir des conséquences désastreuses sur les écos-systèmes, la désertification, ainsi que la fonte des calottes polaires qui pousseront des centaines de millions d'humains vers une migration forcée.


La communauté des 192 pays représentés à Copenhague quitte donc ce sommet sans avoir été capable de mettre sur pied un accord planétaire donnant suite au Protocole de Kyoto qui expire en 2012. Elle n'a en fait rien obtenu d'autre que de considérer comme nécessaires des "réductions importantes" mais non implicitement chiffrées des émissions de gaz à effet de serre (GES),  ne pouvant même pas s'accorder sur le principe d'un nouveau sommet mondial que l'on estimait pouvoir fixer avant la fin de l'année 2010, ce qui permettait au moins de nourrir l'espoir de parvenir ultérieurement à un accord international qui soit enfin légalement contraignant pour tous.

 

On le voit, la planète entière part à la dérive, et si rien n'est entrepris rapidement, il ne nous restera bientôt plus que nos yeux pour pleurer de désespoir et d'amertume.

 

Voir à ce sujet l'intervention d'Hugo Chavez à la tribune de cette conférence: 


1ère partie     http://www.dailymotion.com/video/xbjtod_hugo-chavez-a-copenhague-12-vostfr_webcam  

2ème partie   http://www.dailymotion.com/video/xbjtlj_hugo-chavez-a-copenhague-22vostfr_webcam 

 

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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 19:35

  P1040600                                                                                      Photo : Sirius
              Les sapins de Noël sont blancs et bleus de peur à l'annonce du réchauffement climatique.



                               LES ENJEUX DE COPENHAGUE

 

La conférence sur le changement climatique qui va se tenir du 7 au 12 décembre 2009 à Copenhague doit impérativement mener à un accord mondial qui débouchera sur tout un train de mesures pouvant permettre la réduction de l'effet de serre et nous éviter peut-être ainsi d'assister à des transformations climatiques planètaires qui méneraient à la remise en question de la vie sur te  rre. La tâche à accomplir pour parvenir à un redressement palpable de notre situation environnementale est grandissime. La multitude des combats qu'il va falloir mener s'avère être d'une complexité inouïe, ainsi que la révélation suivante vient en attester.

 

P1040576.jpg    Photo : Sirius        

La couche d'ozone stratosphèrique de nouveau mise à mal par l'activité humaine.

 

Le protoxyde d'azote,

une nouvelle menace pour la couche d'ozone stratosphérique.

 

Ce n'est pas en levant la tête en direction du ciel si souvent joliment bleuté de notre Côte basque que l'on peut constater que le gaz hilarant - qui a pour nom scientifique protoxyde d'azote ou encore oxyde nitreux (N2O) - exerce actuellement un effet destructeur sur la couche d'ozone censée devoir préserver notre planète de l'activité rayonnante du soleil.

 

Alors qu'il est communément admis que sans cette couche d'ozone qui englobe notre sphère terrestre toute vie humaine, animale ou végétale seraient fondamentalement remises en cause du fait du bombardement continuel des puissants ultraviolets émis par la gigantesque activité solaire, les scientifiques viennent de constater que cette couche d'ozone est à nouveau en cours de dislocation suite aux effets du protoxyde d'azote.

 

On se souvient que la communauté internationale avait déjà enrayé de justesse, il y a une vingtaine d'années, ce qui aurait pu tourner au désastre planétaire si l'on n'avait constaté à temps les dommages causés à notre couche d'ozone par des gaz alors couramment utilisés dans les aérosols, les réfrigérateurs et dispositifs d'air conditionné.

 

Il s'agissait jadis de l'effet destructeur des chlorofluorocarbures (CFC) qui, en l'espace d'à peine quelques décennies, avaient réussi à trouer la couche d'ozone sur des surfaces gigantesques au dessus des pôles de notre planète. Un traité international, connu sous le nom de Protocole de Montréal, vint heureusement mettre fin à temps à la fabrication et à l'utilisation des CFC et permettre la reconstitution lente de l'ozone au-dessus de ces pôles.

 

Une guerre encore plus âpre et gigantesque que celle contre le CO²

 

Cette couche d'ozone, que l'on croyait définitivement sauvée depuis l'interdiction mondiale des CFC en 1987, fait malheureusement un retour angoissant dans l'actualité environnementale. En effet, contrairement à ce qui a pu se passer pour mettre fin à l'effet destructeur des CFC, qui n'étaient après tout produits que dans un nombre limité d'usines, l'existence du protoxyde d'azote est liée à un enchaînement de réactions physicochimiques dues aux multiples activités humaines.

 

On a en effet constaté que ce gaz résulte de la combustion des matières fossiles utilisées par l'homme, de l'utilisation intensive d'engrais azotés dans l'agriculture, mais également de la décomposition naturelle des végétaux produits en grande quantité par cette même agriculture. Ces trois derniers facteurs démontrant à eux seuls à quel point nos problèmes environnementaux sont étroitement liés au comportement et mode de vie de l'humain.

 

Une étude menée à ce sujet par une équipe scientifique américaine dirigée par le professeur Ravishankara, et financée par la très officielle NOAA (National Oceanic and Admospheric Administration), vient d'être révélée par la prestigieuse revue Science parue le 27 août 2009 et stigmatise le protoxyde d'azote, gaz déjà identifié dans le protocole de Kyoto pour son impact sur l'effet de serre, mentionnant que ce dernier a une influence encore plus désastreuse sur la couche d'ozone que les défunts CFC.

 

Il ressort par ailleurs de cette étude que, contrairement aux effets constatés avec les CFC qui offraient la particularité de ne détruire la couche d'ozone qu'aux extrémités polaires (Arctique & Antarctique), le protoxyde d'azote agit en uniformisant son action de dilution de la couche d'ozone sur sa globalité (à l'exception des pôles), ce qui ne ferait qu'augmenter la surface de notre globe exposée à ce danger par rapport aux effets du défunt CFC .

 

Ce dernier phénomène de dilution de la couche d'ozone hors des pôles s'expliquerait par le fait que ces derniers sont couverts de nuages extrêmement froids qui offrent la particularité de relâcher du chlore, chlore qui aurait à son tour la faculté de neutraliser au contact du froid l'action dévastatrice du protoxyde d'azote, alors que ce même chlore est, sous des conditions climatiques plus clémentes, un prédateur notoire de cette couche d'ozone.

 

On estime ainsi qu'une accentuation toujours plus probable du réchauffement climatique engendrera une progression d'autant moins évitable de la dilution de la couche d'ozone jusqu'aux pôles terrestres que le grand froid des zones polaires ira en s'atténuant sous l'effet du réchauffement climatique généralisé.

 

Nous comprenons ainsi, grâce à cette découverte, un peu mieux la complexité de l'alchimie planétaire qui s'opère dans la foulée des dérégulations climatiques engendrées par la seule activité humaine, mais estimons que d'autres types d'interactions insoupçonnées sont toujours possibles et pourraient alors nous réserver de nouvelles désagréables surprises.

 

La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT

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