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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 10:55

 

ÉCONOMIE & IMMOBILIER EN CRISE

 

Le marché immobilier hexagonal est actuellement entraîné dans une tourmente de laquelle il ne pourra que difficilement se remettre. Les prix éhontés des biens à louer ou à vendre ainsi que les pratiques transactionnelles souvent déconcertantes des professionnels de ce milieu font que rien ne va plus. L'État n'est par ailleurs pas plus épargné par ce problème que les citoyens à la recherche d'un logis, puisque les transactions s'opérent toujours plus hors du marché commercial traditionnel, ce qui ne va pas sans contarier les rentrées fiscales de celui-ci.

 

Faisons un petit tour de cet embarrassant sujet en commençant par une question écrite posée il y a peu au gouvernement par deux députés majoritaires.

S'EN PRENDRE AUX SEULS RESPONSABLES !

              

                                                            14e législature

                   Question n°: 67005 de Mme Sylviane Bulteau (Socialiste, Vendée)

 

                                                           Question écrite

                              Ministère interrogé > Finances et comptes publics

                                Question publiée au JO le : 21/10/2014 page : 8737

                                        
                                                       
Texte de la question

 

Mme Sylviane Bulteau interroge M. le ministre des finances et des comptes publics sur la concurrence que constituent certains sites d'annonces gratuites, notamment pour les professionnels de l'immobilier qui considèrent que celle-ci s'exerce de façon tout à fait déloyale, et même au détriment de l'État, en laissant s'installer un marché parallèle de l'immobilier. En effet, lorsqu'une transaction immobilière est réalisée par l'intermédiaire d'un professionnel, ce dernier pratique des honoraires qui sont assujettis à l'impôt (TVA). Ce qui n'est naturellement pas le cas dans le cadre d'un arrangement entre particuliers. Le principal site internet d'annonces gratuites en France, accessible sans inscription préalable, propose environ 260 000 annonces.

 

Si l'on considère une somme moyenne de 6 000 euros HT sur ces transactions, à laquelle on applique 20 % de TVA, on obtient 312 millions d'euros environ de manque à gagner pour l'État. La vente de particuliers à particuliers s'est donc indéniablement « professionnalisée » grâce aux nouvelles technologies. Aussi, elle lui demande quelle est la position du Gouvernement à ce sujet et s'il envisage de réglementer ces nouveaux usages.

 

Une question écrite identique, portant le N° 67529, a été posée le 28/10/2014 par le député Jacques CRESTA, socialiste des PyrénéesOrientales, à l'ntention du même ministère.

 

 

 

    COMMENTAIRE DE LA RÉDACTION D'HENDAYENVIRONNEMENT                    

                                             

Deux particularités caractérisent notre marché immobilier : le coût exorbitant des biens (1), mais aussi les marges bénéficiaires scandaleuses que les agences immobilières réalisent lors de leur mise en vente ou en location. Il est donc compréhensible que nos concitoyens cherchent à louer, acheter ou vendre, sans devoir faire appel à ce type d'intermédiaires.

 

Les agences prélèvent bien souvent une commission qui s'élève entre 5,5 et 8,5 % TTC du prix de vente d'un appartement ou d'une maison, ce qui, rapporté à un bien à 250 000 euros, appelle généralement le versement d'une commission à hauteur de 7% TTC du montant de la transaction, soit 17 500 euros, desquels le fisc percevra 3 500 euros au titre de la TVA.  

 

On s'attend, suite au plafonnement des honoraires d'agences sur les biens locatifs qui vient d'entrer en vigueur avec la loi ALUR (2), à ce que le coût d'intervention de ces intermédiaires subisse une légère diminution sur les petites surfaces locatives. Il augmentera probablement par contre sur les surfaces plus grandes, du fait que la rétribution des agences se fera désormais au prorata de la surface du bien loué, et selon un tarif qui pourra aller jusqu'à 13 euros /m² (coût d'inventaire inclus) sur un marché dit "tendu" comme celui de notre région côtière. Les coûts d'honoraires attachés à la location de logis vétustes ou encore situés en marge des bassins d'emplois et à proximité de nuisances devraient également augmenter, puisque les loyers appliqués en ces lieux étaient souvent inférieurs à ceux pratiqués ailleurs.

 

Ceci dit, on se rend vite compte que l'initiative de ces deux députés ne tend qu'à faire gommer les quelques nouvelles contraintes que les agences immobilières subissent depuis la mise en place de la loi ALUR, texte contre lequel les deux principales associations corporatives de la profession, la FNAIM et l'UNIS , ont aussitôt orchestré une campagne de protestation.(3) On constate curieusement par ailleurs que ces mêmes élus semblent avoir rallié le camp des pourfendeurs de cette loi puisque, dans leur question écrite adressée au ministre, ils ne font même pas allusion au fait que les professionnels de l'immobilier sont les premiers à faire usage du plus important des sites qu'ils stigmatisent (NDLR "Le bon coin"), et dans lequel les 3/4 des annonces immobilières émises proviennent paradoxalement de leurs rangs.

Pas moins de 64% des acteurs de l’immobilier ne sont pas enthousiastes sur l’avenir du marché du logement pour 2015, selon une étude publiée par le Crédit Foncier / CSA le 5 janvier. L’immobilier étant la composante principale du patrimoine des ménages, il y a donc quelques soucis à se faire sur le devenir de ce type de "placement".

Pas moins de 64% des acteurs de l’immobilier ne sont pas enthousiastes sur l’avenir du marché du logement pour 2015, selon une étude publiée par le Crédit Foncier / CSA le 5 janvier. L’immobilier étant la composante principale du patrimoine des ménages, il y a donc quelques soucis à se faire sur le devenir de ce type de "placement".

On s'interroge enfin sur les raisons qui font que, lors de cette même intervention, nos deux élus n'ont pas jugé utile d'aborder l'aspect foncièrement spéculatif de notre marché immobilier qui nous a mené à la situation économique désastreuse que l'on connaît. Il est en effet depuis déjà longtemps établi qu'il existe une corrélation entre la spéculation immobilière effrénée qu'attisent les prétentions démesurées des propriétaires fonciers et leurs intermédiaires commerciaux et la perte de compétitivité de notre économie. Cette spéculation immobilière oriente non seulement les prix à la consommation à la hausse du fait du renchérissement des coûts à la production qu'elle engendre,  mais détourne aussi et surtout les investissements dont notre économie à tant besoin vers des créneaux qui n'ont que le profit spéculatif pour finalité. Aussi ne faut-il pas s'étonner de constater que notre balance des paiements soit ultra-déficitaire et que les chiffres du chômage n'en finissent plus d'augmenter, puisque ce pays n'a plus besoin de produire ce qu'il peut importer à moindre coût. Ceci explique que ce n'est donc pas à cause des millions de nos concitoyens qui cherchent à accéder à un logement décent, tout en ne voulant pas pour autant se ruiner en capitulant devant les spéculateurs et leurs intermédiaires, que nos équilibres économique et étatique ne parviennent plus à être maintenus, mais bien plus parce que la spéculation immobilière qui caractérise notre milieu ambiant s'opère au mépris de l'intérêt collectif et de notre avenir

 

Les députés Sylviane BULTEAU et Jacques CRESTA auraient pu démontrer bien plus d'engagement sociétal en défendant l'intérêt général plutôt que celui de l'égoïste sphère du monde de l'immobilier qui, en ces temps de détresse sociale et de désarroi économique, devrait enfin prendre conscience qu'il y a quelque chose d'indécent à facturer des honoraires de transactions immobilières à hauteur de 5,5% à 8,5% TTC du prix des biens, alors que leurs homologues anglais se contentent de marges situées entre 1 et 3% sans pour autant trouver la moindre raison de se plaindre. (4)    

 

Il y a forcément matière à méditer lorsque l'on se penche sur les hideuses particularités du marché immobilier français que nos deux élus semblent ne pas avoir pris le temps d'analyser dans leurs rouages avant de s'adresser d'une façon si unilatérale au ministre. Mais le pouvaient-ils vraiment sans s'attirer aussitôt les foudres de la FNAIM-UNIS, Century 21, Square Habitat (Crédit Agricole), Foncia (Banques Populaires) ou encore Arthur Optimist (Caisse d'’Épargne) ... dont on connaît la pugnacité lorsqu'il s'agit de défendre leurs seuls intérêts face au pouvoir en place ?

 

 

(1) Les Français louent faute de pouvoir acheter : http://patrimoine.lesechos.fr/patrimoine/immobilier/0203930662143-immobilier-les-francais-louent-faute-de-pouvoir-acheter-1063493.php

 

(2) http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028772256&categorieLien=id

 

(3) http://www.fnaim.fr/communiquepresse/1519/10-les-professionnels-immobiliers-ne-feront-pas-les-frais-d-une-reforme-ratee.htm

 

(4) http://www.cepi.eu/index.php?page=uk-wales&hl=fr

 

 

 

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Published by Sirius
11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 10:02

 

JOURNÉE CONTRE LA VIOLENCE ENVERS LES FEMMES / MANIFESTAZIOA : EMAKUMEENGANAKO INDARKERIA ETEN DEZAGUN / DÍA CONTRA LA VIOLENCIA HACIA LAS MUJERES

 

 

Txingudi Anti Sexista (TAS) organise le mardi 25 novembre 2014 à Irun une manifestation en l'occasion de la Journée internationale contre la violence à l'égard des femmes. TAS appelle à défiler à partir de la plaza del Ensanche, ce même mardi, à 19h30. Une remémoration des femmes assassinées par la violence machiste se fera sur la plaza San Juan, en fin de manifestation.

 

Emakumeenganako indarkeriaren aurkako eguna dugu azaroak 25, eta eskualdean ez gara etxean geldituko. Txingudi Anti Sexistak (TAS) manifestazioa deitu du astearterako, Emakumeenganako indarkeria eten dezagun lematzat harturik. Manifestazioa Irungo Zabaltza plazatik abiatuko da arrastiko 19:30 etan. Manifestazio amaieran, San Juan plazan, indarkeria matxistak hildako emakumeak gogoratuko ditugu.
 

El martes, 25 de noviembre es el día contra la violencia hacia las mujeres, y en la comarca, de la mano de Txingudi Anti Sexista (TAS), se ha llamado a la movilización. Por ello, TAS llama a manifestarse desde la plaza del Ensanche de Irun, el mismo martes, a las 19:30 de la tarde. Al final de la manifestación se recordarán las mujeres asesinadas por la violencia machista en la plaza San Juan.

IRUN : MANIFESTATION CONTRE LA VIOLENCE MACHISTE
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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 09:59
NUCLÉAIRE : STOP AU RAFISTOLAGE !
NUCLÉAIRE : STOP AU RAFISTOLAGE !

Ensemble, refusons le rafistolage des vieilles centrales et exigeons l’arrêt immédiat des réacteurs de plus de 30 ans !

Partout en France, le samedi 15 novembre, rendez-vous sur les ronds-points équipés de banderoles, tracts et drapeaux !


Consultez les actions de votre région (certaines sont en préparation et seront affichées d'ici le 15) :

http://www.sortirdunucleaire.org/spip.php?page=stop-rafistolage-liste

 

Vous aussi, organisez une action dans votre ville ou village ! Plus d'infos sur :

http://www.sortirdunucleaire.org/15novembre2014

 

Nous avons du matériel à disposition, rendez-vous sur :

http://www.sortirdunucleaire.org/Materiel-pour-votre-action.

 

 

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 08:18
GRANDE GUERRE 1914-1918 : colonne de soldats en direction du Chemin-des-Dames.

GRANDE GUERRE 1914-1918 : colonne de soldats en direction du Chemin-des-Dames.

Le 11 novembre 2013, Jean-Luc Mélenchon était en réunion publique à Barbaste (Lot-et-Garonne). Dans le discours sur la guerre et la paix qu'il y a prononcé, il a évoqué les mutins de la Première Guerre Mondiale et a appelé à leur réhabilitation pleine et entière.


                                                Discours sur la guerre et la paix - 11 novembre...

 

 

 

 

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 15:44
MORT DE RÉMI FRAISSE

                                                                                   Photo :  Sirius

 

 

                                          " Il n'a pas mesuré ce qui l'attendait "                                                                             http://www.reporterre.net/spip.php?article6508   

 

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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 15:44

 

Communiqué de presse

Un mort trop tard

 

Rassemblement de solidarité et de protestation à Bayonne ce mardi 28 octobre à 18H30

 

Bizi ! et le CADE (Collectif des associations de défense de l'environnement) appellent à un rassemblement de solidarité et de protestation ce mardi 28 octobre à 18H30 devant la Sous-Préfecture de Bayonne pour protester contre la mort au Testet du jeune Rémi Fraisse, étudiant en droit de l'environnement de 21 ans.

 

D'après les informations du site Reporterre (http://www.reporterre.net/spip.php?article6496), Remi Fraisse est décédé lors de la journée d'opposition au barrage inutile et imposé de Sivens, au Testet, après avoir reçu une grenade ou un flashball policier.

 

L'État vient de décider la suspension des travaux, après qu'une forêt entière ait été détruite, et surtout un jour trop tard, un mort trop tard.

 

Cette mort vient après des semaines de brutalité policière déployée contre les opposants non-violents au barrage du Sivens. Un an avant la COP21 de Paris, dans un contexte de régressions sociales et écologiques graves, la violence policière (dénoncée depuis de nombreuses semaines) utilisée contre les opposants à ce barrage pensé pour servir les intérêts de l'agriculture intensive et productiviste, alors même qu'un rapport d'experts vient d'en souligner le manque total de pertinence et d'intérêt général, est quelque chose d'extrêmement lourd de sens et de conséquences.

 

Si les faits s'avèrent exacts, ils créent une situation particulièrement grave, et Rémi Fraisse pourrait être le premier défenseur de l'environnement tué par la police depuis la mort de Vital Michalon, tué en 1977 lors d'une manifestation contre le projet de centrale nucléaire Superphénix de Creys-Malville. Il s'agirait alors du retour à une période qu'on croyait révolue, qui pose un vrai problème quand aux responsabilités politiques de l'actuel gouvernement.

 

Le Cade et Bizi ! adressent toute leur solidarité et l'expression de leur peine et de leur émotion à la famille et aux amis de Remi Fraisse. Nous appelons la population à se rassembler devant la sous-préfecture de Bayonne pour exiger toute la vérité sur ce décès, et pour réclamer la démission de tous ceux -jusqu'au plus haut niveau- qui ont pris la responsabilité depuis des semaines de déployer une violence grandissante à l'encontre des défenseurs pacifiques du site du Testet, créant ainsi un engrenage qui semble connaître aujourd'hui un dramatique dénouement.

 

Bizi ! et le CADE,

le 27 octobre 2014 

HOMMAGE À RÉMI FRAISSE
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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 20:58
La structure du viaduc de la LGV qui enjambe la Dordogne. Crédit. Photo : Sophie Dupuy © Radio France

La structure du viaduc de la LGV qui enjambe la Dordogne. Crédit. Photo : Sophie Dupuy © Radio France

 

Dans un rapport publié le 23 octobre 2014, les Sages de la Cour des comptes remettent en question "la pertinence économique, sociale et environnementale de l'investissement public" des lignes à grande vitesse qui maillent de plus en plus notre territoire. Lire  l'article d' Actu environnement : http://www.actu-environnement.com/ae/news/impacts-environnement-lgv-bus-trains-proximite-23073.php4

 

            

 

 

 

 

 

 

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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 18:37

 

 

 

HISTOIRE LOCALE 

 

                           

                          FIGURES HENDAYAISES DU PASSÉ

 

Cette rubrique est destinée à présenter des Hendayais(es) vivants(tes) ou disparus(ues) qui auront marqué la vie de leur quartier et de la ville pour avoir été des personnages hauts en couleurs ou exemplaires.

 

Si vous souhaitez faire connaître ou voir renaître des figures marquantes sur lesquelles vous possédez textes et photos, contactez-nous en utilisant l'adresse mail que vous trouverez sous la rubrique "Contact" ci-contre.

 

Le présent portrait est consacré à Pierre BURGUET, ancien habitant du Bas-Quartier qui s'est particulièrement distingué par son infatigable ardeur, ainsi que son humanisme qui propageait l'entraide et la justice qui prirent probablement racine dans son enfance ballottée par bien des vicissitudes.

Pierre et Dominique BURGUET photographiés en 2012 dans l'arrière-cour de leur maison située au Bas-Quartier.

Pierre et Dominique BURGUET photographiés en 2012 dans l'arrière-cour de leur maison située au Bas-Quartier.

 

Elie-Pierre Burguet

1928 - 2014

 

Un personnage singulier au grand cœur

 

 

Par

Christian Rivière

 

 

C'est par un mercredi ensoleillé du 15 octobre 2014 que Elie-Pierre Burguet, dit " Pierrot ", ancien gaillard à la réplique facile et parfois désinvolte, mais qui ne manquait jamais de manifester une grande sensibilité lorsque les circonstances particulières de la vie l'exigeaient, s'en est allé, après avoir fait une sévère chute dans un établissement de Cambo où il tentait de se reforger le moral et se refaire une santé après le décès de sa compagne "Niquette" (Dominique), survenu à la mi-avril dernier.

 

On se souvient que Pierrot avait fait la connaissance de celle qui allait devenir son épouse dans l'ancienne Manufacture d'armes d'Hendaye où il usinait des crosses en bois, alors que Niquette, opératrice en jaspage, sorte de bain saturé de cyanure dans lequel on trempe les diverses pièces métalliques (hors canons) des armes afin de leur apporter une certaine dureté ainsi que l'irisation bleutée qui caractérise celles-ci, travaillait dans un atelier mitoyen au sien.

 

Niquette symbolisait aux yeux de Pierrot le combat de toute une jeunesse brisée par les séquelles d'une dramatique chute survenue dans sa tendre enfance, ce qui ne pouvait que renforcer les liens qui unissaient nos deux comparses du fait que Pierrot avait lui aussi eu une jeunesse peu enviable, puisqu'il avait connu le sort d'être issu d'une famille pauvre, dont le père, petit marin pêcheur, peinait à nourrir une fratrie de 9 gosses, dont Pierrot devint l'aîné après le décès précoce de sa grande sœur Marie-Françoise.

 

BALLOTÉ DANS UNE ENFANCE OÙ L'ON VIVAIT AU JOUR LE JOUR

 

Tout ce petit monde vivait dans des conditions matérielles des plus inconfortables, au 14 rue de Subernoa. L'immeuble était vétuste, et ne fut modernisé que des décennies plus tard avec sa transformation en petit hôtel touristique. À ces difficiles conditions d'hébergement vint s'ajouter, au fur et à mesure que la famille s'agrandissait, le manque d'espace. Ceci contraignit les parents à envoyer Pierrot vivre, dès sa onzième année, chez sa grand-mère maternelle qui demeurait au port de Caneta dans un baraquement n'offrant pas plus de confort qu'au Bas-Quartier, mais dans lequel il disposait au moins d'un peu plus de place. Ce baraquement était situé au pied de la rampe d'accès qui mène au port et à l'emplacement duquel l' "Association des riverains et usagers du Port de Caneta" dispose de nos jours de locaux. C'est sur ce même emplacement que vint s'installer, quelques années après le décès de la grand-mère de Pierrot, un artisan charpentier de marine hors-pair dénommé Eraskin, mais que tout Hendaye surnommait alors affectueusement "Patta Moska". On se souvient que l'activité de son chantier était essentiellement dépendante de la construction de sardiniers et thoniers destinés à satisfaire la demande luzienne, et que sa production de grandes barques et chaluts déclina au rythme de l'abandon progressif de la pêche professionnelle sur le golfe de Gascogne dès la fin des années 60.

 

UNE ADOLESCENCE PLUS LABORIEUSE QUE STUDIEUSE

 

Arrivé à Caneta au cours de l'été 39, notre jeune homme se familiarisera très vite avec son nouveau quartier. Il y fit rapidement connaissance d'une des riveraines les plus en vue sur la partie inférieure de la rue du Port ; Catherine Rivière, née Belloc*, grand-mère de l'auteur du présent portrait, et qui était infirmière à ce que l'on appelait encore alors localement "le Sanatorium". Catherine n'avait pas encore atteint le cap de la cinquantaine, et n'eut donc de ce fait aucune peine à apprécier la vivacité d'esprit ainsi que la débrouillardise de Pierrot qui, en l'espace d'à peine quelques semaines, obtint le statut de quasi troisième fils de la famille. Ceci lui permit aussitôt de fréquenter le dernier étage du 29 de la rue du Port où habitaient les Rivière afin d'y prendre assez régulièrement ses collations et repas, mais y trouver aussi un certain soutien scolaire que sa grand-mère ne pouvait lui apporter. Ainsi s'établira un lien quasi filial entre ce nouvel hôte et le couple Marcel et Catherine Rivière, et cet attachement perdurera jusqu'aux décès respectifs de Marcel et Catherine en septembre 1976, puis avril 1977.

 

Devenu un familier du couple, dont la moitié d'Hendaye connaissait l'engagement social et les convictions politiques bien ancrées, Pierrot développera très vite des qualités comportementales qui firent de lui un enfant sage et reconnaissant. Il n'en fut malheureusement pas de même sur le plan de sa scolarité qui, alors que son ouverture d'esprit le prédisposait à pouvoir honorablement boucler son séjour en primaire, fut un échec patent du fait qu'il dut aller travailler avant d'avoir atteint sa treizième année, façon de contribuer à soulager ses parents qui étaient confrontés aux difficultés soulevées par tant de bouches à nourrir.

 

Ainsi fut-il engagé, dès l'été 1942, par l'une des 15 000 entreprises de BTP françaises qui étaient devenues sous-traitantes de la construction des bunkers (blockhaus) du "Mur de l'Atlantique", ligne de fortifications côtières qui s'étendit de la Baie de Txingudi jusqu'au nord de la Norvège afin de satisfaire la mégalomanie diabolique du Führer et de ses stratèges. C'est lors de cette semi-réquisition que Pierrot assimila, en tant que manœuvre de chantier, la technique du béton armé si chère à nos voisins germains. Les connaissances techniques ainsi acquises lui serviront bien par la suite, lorsque, vers le milieu des années 60, le couple rachètera au père de Paquito Dorado une minuscule bâtisse située en bordure du Chemin de la Barrière, avec l'intention de l'agrandir afin d'en faire un domicile conjugal. Ce projet mit néanmoins près d'une vingtaine d'années avant d'être achevé, tellement les moyens financiers faisaient défaut au sein du couple.

 

Après le départ de l'occupant nazi, en juillet 1944, Pierrot se fit engager chez un oncle pour apprendre sur le tas la menuiserie. Ses gains étaient là aussi des plus aléatoires, et il fut contraint de chercher une occupation annexe qui puisse lui permettre d'arrondir ses revenus. C'est ainsi qu'il se laissa occasionnellement enrôler dans une activité liée à la contrebande de pièces mécaniques et de pneus, biens de consommation qui faisaient cruellement défaut dans l'Espagne franquiste qui resta coupée du reste du monde jusqu'en 1949. Là encore, Pierrot dépensera bien plus d'énergie à faire fructifier les profits de ses donneurs d'ordres, qu' à tirer parti de son courage et de sa témérité.

 

DE LA FABRIQUE D'ARMES AU SANATORIUM

 

Son apprentissage en menuiserie tant bien que mal accompli, Pierrot parvint ensuite, ainsi que nous l'avons déjà évoqué, à se faire engager en tant qu'ouvrier ébéniste, chargé de la confection de crosses, à l'ancienne Manufacture d'armes Uria & Arenas Frères d'Hendaye. Après des années d'activité en cette usine, Pierrot saisira une occasion offerte par l'administration centrale de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, pour postuler à une embauche. Il sera recruté en qualité d'aide-soignant–convoyeur et quittera alors temporairement Hendaye pour accomplir un passage obligé dans un des établissements parisiens de l'AP-HP. Ce n'est qu'après quatre années passées à faire d'incessants convoiements d'enfants entre Paris et Fréjus, puis occasionnellement entre Paris et Hendaye, que Pierrot sera enfin intégré au sein de l'établissement d'Hendaye où il poursuivra sa carrière hospitalière en tant qu'ouvrier chargé d'entretien en menuiserie et électricité.

 

ULTIMES SOUVENIRS

 

Une anecdote révélatrice de la singularité de notre Pierrot peut aider à mieux saisir à quel point notre homme était peu enclin à se laisser dicter ce qui lui paraissait entraver sa liberté, estimant que seule sa propre conscience était susceptible de lui en fixer les limites :

 

Nous nous trouvions vers la moitié des années 80, soit quelques années avant que Pierrot parte à la retraite. Notre homme était habitué à se rendre sur son lieu de travail à pied, en empruntant le sentier de service qui longeait la voie ferrée entre le Bas-Quartier et la gare de la plage, chemin qu'il privilégiait d'emprunter parce qu'il était le plus court pour rejoindre le Sanatorium. Un jour, l'évolution de la réglementation d'utilisation du ballast faisant, il fut interpellé par un agent SNCF et contraint de devoir payer une amende qu'il régla en maugréant. Ceci ne l'empêcha toutefois pas de continuer à utiliser son parcours préféré, montrant ainsi le peu d'intérêt qu'il portrait à cette forme de déterminisme.

 

"Brave Pierrot ..." me confiait notre grand-mère Catherine à quelques jours de la fin de sa vie et alors qu'elle était clouée au lit d'une des chambres des "Embruns" (Bidart) suite à une cassure du col du fémur, poursuivant, "… nous lui devons tant, que serions-nous devenus si nous n'avions pu compter sur lui jusque dans nos plus vieux jours ! "

 

Inoubliable Pierrot, âme hendayaise peut-être simple, mais si éminemment attachante et belle !

 

 

* Un portrait de Pascaline Belloc, mère de Catherine Rivière, est contenu sous notre lien ci-après :  http://hendaye.environnement.over-blog.fr/article-caneta-portrait-de-pascaline-belloc-1862-1946-101603607.html.

 

 

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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 15:53
Cercle de silence des représentants de diverses organisations humanitaires et citoyennes devant le Centre de rétention administrative d' Hendaye. En 2013, 288 personnes d’origine étrangère ont été placées en rétention à Hendaye. Photo : ATTAC - Pays Basque

Cercle de silence des représentants de diverses organisations humanitaires et citoyennes devant le Centre de rétention administrative d' Hendaye. En 2013, 288 personnes d’origine étrangère ont été placées en rétention à Hendaye. Photo : ATTAC - Pays Basque

         Manifeste pour un titre de séjour unique,   

valable 10 ans, délivré de plein droit

 

À force de réformes du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), de plus en plus d’étrangers et d’étrangères sont placés dans une situation insupportable : précarité des titres de séjour délivrés, délais interminables pour en obtenir le renouvellement même dans les cas où il est de plein droit, arbitraire d’une administration qui interprète les textes le plus restrictivement possible, conditions d’accueil déplorables dans les préfectures…

 

La situation s’est dégradée à un point tel que les soutiens habituels ou les personnes qui sont en relation avec des immigré-e-s ne sont plus les seules à s’en émouvoir : en haut lieu aussi on commence à se préoccuper des retombées néfastes de la réglementation actuelle et de ses conditions d’application, comme en témoigne le rapport Fekl remis au gouvernement en mai 2013. (1)

 

Pour sortir de cette situation, ce rapport préconise, comme s’il s’agissait d’une grande avancée, la création d’une carte « pluriannuelle », intermédiaire entre la carte temporaire d’un an et la carte de résident de dix ans. Mais pourquoi se contenter de cette demi-mesure ? Il y a trente ans, l’Assemblée nationale votait, à l’unanimité, la création de la carte de résident, valable dix ans et renouvelable de plein droit. Ce « titre unique de séjour et de travail » avait vocation à devenir le titre de séjour de droit commun pour l’ensemble de ceux et celles qui étaient installés durablement en France ou qui avaient vocation à s’y établir en raison de leurs attaches familiales ou personnelles. Les réformes successives ont détricoté ce dispositif, alors considéré, à droite comme à gauche, comme le meilleur garant de l’insertion – selon la terminologie de l’époque – des personnes concernées : c’est la carte de séjour temporaire qui fait aujourd’hui figure de titre de droit commun, tandis que l’accès à la carte de résident n’est plus qu’une perspective lointaine et aléatoire, soumise au bon vouloir de l’administration qui vérifie préalablement l’« intégration républicaine » des postulant-e-s.

 

* * *
 

N’ayons pas la mémoire courte : la loi du 17 juillet 1984 a été adoptée dans un contexte qui avait beaucoup de points communs avec celui d’aujourd’hui : le chômage de masse sévissait déjà, le Front national était une force politique montante et l’inquiétude quant à l’avenir n’était pas moindre. Pour des raisons essentiellement électoralistes, les gouvernements successifs ont mené des politiques systématiques de précarisation dont nous constatons chaque jour les effets dévastateurs.

 

Revenir à la carte de résident telle qu’elle avait été initialement instituée est une revendication nécessaire et réaliste. Les raisons mises en avant en 1984 pour réclamer et obtenir l’instauration de la carte de résident demeurent toujours valables aujourd’hui : simplification des démarches administratives, amélioration des conditions d’accueil dans les préfectures – et accessoirement des conditions de travail des fonctionnaires, mais surtout garantie de sécurité juridique indispensable pour pouvoir construire sa vie dans la société française.

 

Nous, organisations signataires, refusons qu’en 2014 les personnes étrangères qui ont construit leur vie en France soient maintenues dans l’insécurité d’un droit au séjour précaire.

 

Nous voulons qu’il soit mis fin aux effets désastreux de cette précarité dans les domaines de l’Revenir à la carte de résident telle qu’elle avait été initialement instituée est une revendication nécessaire et réaliste. Les raisons mises en avant en 1984 pour réclamer et obtenir l’instauration de la carte de résident demeurent toujours valables aujourd’hui : activité professionnelle, de la vie familiale, de l’accès aux droits sociaux, à un logement, à un prêt bancaire...

 

Nous demandons que leur soit remis un titre de séjour pérenne, le même pour tous.

 

Ce titre de séjour, créé il y a trente ans, existe encore dans la réglementation, même si les conditions de sa délivrance ont été progressivement dénaturées : nous réclamons le retour à la philosophie qui avait inspiré sa création et la rupture avec une politique aux conséquences injustes et inhumaines. La carte de résident, valable dix ans, doit à nouveau être délivrée et renouvelée de plein droit aux personnes établies en France, garantissant leur droit à y demeurer sans crainte de l’avenir.

 

Retrouvez l'intégralité des organisations signataires de ce manifeste sous:      

http://www.cartederesident.org/article2.html

 

 

(1) http://www.gisti.org/IMG/pdf/rapport_2013_fekl.pdf, rapport au premier ministre par Matthias Fekl, parlementaire en mission auprès du ministre de l’intérieur.

 

 

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 14:21
1945-2015 : L'UNESCO va patronner le 70 ème anniversaire du Secours populaire français. Donner et léguer au Secours populaire français, c'est faire vivre une solidarité de proximité, contre la pauvreté et l'exclusion des plus démunis.

1945-2015 : L'UNESCO va patronner le 70 ème anniversaire du Secours populaire français. Donner et léguer au Secours populaire français, c'est faire vivre une solidarité de proximité, contre la pauvreté et l'exclusion des plus démunis.

     Mettre la solidarité à la « une »     
par Julien Lauprêtre *

 

 

En France, les jeunes ont trop souvent mauvaise presse. De reportages en interviews, ils brûlent les voitures, volent, se droguent, sont violents... Pourquoi ne pas parler davantage de la majorité des jeunes qui ont bon cœur et témoignent de sentiments généreux, malgré les difficultés de la vie quotidienne et le peu d’espoir placé en leur avenir ? Pourquoi ne pas donner la parole à tous ceux, garçons et filles, qui se dévouent sans compter, font preuve d’humanité et affrontent avec dignité et courage une société où ils ont bien du mal à trouver leur place, en France comme à l’« étranger » ? C’est pourquoi tous les témoignages publiés ici mettent en lumière les nombreuses activités solidaires qui existent par-delà les frontières, les origines, la couleur de la peau.

 

Si la solidarité en actes ne saurait tout régler, elle se révèle indispensable dans un quotidien si difficile mais aussi générateur de profonds sentiments d’humanité, qui portent loin et fort.

 

Le Secours populaire français (SPF), au travers de ses activités de « généraliste de la solidarité », témoigne du nombre croissant de jeunes qui s’engagent, veulent être utiles par des actes concrets. Non seulement ils s’inscrivent dans le traditionnel, le déjà-vu, mais ils apportent aussi des idées nouvelles, lancent des initiatives inédites pour aider à recueillir des fonds, pour se rencontrer, échanger au niveau mondial. Comme le montrera le Festival des solidarités euro-méditerranéennes qui se tiendra à Nîmes les 24, 25 et 26 octobre (1), les jeunes ne manquent pas d’imagination pour faire reculer les poisons du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie, de la violence, toute cette lie de nos sociétés.

 

Dès le plus jeune âge, les idées altruistes, humaines peuvent être inculquées. C’est pourquoi notre association développe de grandes activités avec son mouvement inédit destiné aux enfants : Copain du monde. Dès sa conception, les modalités et les valeurs de ce mouvement sont identiques à celles qui vivent dans le SPF. Il ne s’agit pas d’une organisation entièrement structurée, mais d’un mouvement vivant pour « mondialiser la solidarité ». Pour la préparation des trois villages Copain du monde organisés cet été, les fédérations du SPF ont travaillé avec trente-deux associations représentant autant de pays. Le succès fut au rendez-vous, avec la participation de plus de trois cents enfants.

 

Contrairement à d’autres, nous n’« exportons » pas la solidarité et nous n’avons pas de délégués en permanence sur place. Ce sont les habitants, sur leur terre, qui organisent la solidarité, avec notre soutien depuis la France. En retour, ils se montrent disponibles pour notre pays. Ce fut le cas de nos partenaires allemands en faveur des sinistrés des inondations dans le Gard, par exemple. Ou encore de nos partenaires chinois, qui ont contribué par un don financier à reconstituer les stocks alimentaires détruits dans l’entrepôt du SPF de Roubaix à la veille d’un Noël... et de bien d’autres. Il s’agit là d’une authentique solidarité où chacun agit pour lui et pour les autres.

 

A la veille de son soixante-dixième anniversaire, les portes et les trésoreries du Secours populaire français sont grandes ouvertes. N’hésitez pas à en franchir les seuils.

 

 

* Président du Secours populaire français, commandeur de la Légion d’honneur.

  

  Source : Supplément Secours populaire français du mensuel Le Monde diplomatique - octobre 2014.

 

  Site régional du Secours populaire français : https://www.secourspopulaire.fr/64c/

 

 

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