Alors que les sociétés à capitaux majoritairement publics AREVA et EDF sont au bord du gouffre financier avec un endettement cumulé avoisinant les 46 milliards d'euros du fait des dérapages des coûts de construction et de maintenance de nos centrales nucléaires, la commémoration du sixième anniversaire de la catastrophe de Fukushima (11 mars 2011) vient nous rappeler les risques majeurs que font encourir cette forme de production d'énergie ainsi que le stockage des déchets nucléaires hautement radioactifs qu'elle produit. C'est pour faire pleinement prendre conscience des dangers encourus que nous reproduisons ci-dessous, en quelques chiffres, ce que sont les conséquences humaines et matérielles de l'épouvantable accident nucléaire de Fukushima qui, après celui de Tchernobyl, marquera d'une façon indélébile notre mémoire collective et démontrera une fois de plus à quel point le nucléaire, qu'il soit militaire ou civil, possède un caractère diabolique.
Il est grand temps que notre pays se tourne enfin vers la production d'énergies renouvelables qui, au delà de la sérénité d'esprit qu'elles apportent, démontrent chaque jour un peu plus leur efficience et offrent par ailleurs l'opportunité de créer des centaines de milliers d'emplois qualifiés dans une branche industrielle qui fait encore cruellement défaut à notre pays. Pourquoi devrions-nous continuer à massivement importer nos besoins en photovoltaïque et éoliennes dans une phase où le destin du nucléaire semble définitivement marqué par le caractère hasardeux de cette technologie !
L'ACROnique de Fukushima est publiée par L'ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest) (1)
La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT
(1) L'ACRO possède son propre laboratoire d'expertises en radioactivité et propose ses compétences en toute indépendance par rapport à nos institutions étatiques..
L'ACROnique de Fukushima Chiffres clés du sixième anniversaire
Les travaux visent essentiellement à sécuriser les réacteurs accidentés qui sont encore menaçants. A proximité, les débits de dose sont tels que le temps de séjour doit être très limité, ce qui complique les travaux. Voir la dernière carte officielle de TEPCo avec les débits de dose. TEPCo a mis en ligne un webdoc retraçant les étapes importantes depuis le 11 mars 2011.
La cuve était vide le 11 mars 2011 et il n’y a pas eu de fusion du cœur, mais une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Depuis décembre 2014, la piscine de combustible du réacteur a été vidée et les travaux sont arrêtés.
Il y a eu une fusion du cœur et une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Tous les débris de la partie haute ont été retirés à l’aide d’engins télécommandés. Un nouveau bâtiment qui va couvrir le tout et permettre de vider la piscine de combustibles est en cours d’assemblage. Le débit de dose est si élevé, que les travaux sont plus complexes que prévu et le chantier a pris du retard. Il y aurait entre 188 et 394 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 364 tonnes pour le réacteur n°3. Ce dernier contient du combustible MOx, à base de plutonium.
Il y a eu fusion du cœur, mais le bâtiment réacteur est entier. TEPCo n’a pas commencé à retirer les combustibles usés de a piscine, mais a tenté de localiser le corium, ce mélange de combustible fondu et de débris, par divers moyens. Les débits de dose à l’intérieur du bâtiment sont tels qu’il est impossible d’y travailler. Dans l’enceinte de confinement, des niveaux record ont été observés. Même les robots qui y ont été envoyés n’ont pas résisté longtemps. Il y aurait entre 189 et 390 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 237 tonnes.
Il y a eu une fusion du cœur et une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Ce bâtiment avait été recouvert d’une nouvelle structure en 2011, qui a été entièrement démantelée en novembre 2016. TEPCo va commencer à retirer les débris de la partie haute du réacteur, pour, ensuite, reconstruire une nouvelle structure afin de vider la piscine de combustibles. Il y aurait entre 232 et 357 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 279 tonnes.
TEPCo aurait retiré 200 400 m3 de débris radioactifs issus des réacteurs accidentés qui ont été mis dans des conteneurs métalliques.
TEPCo injecte respectivement 72, 108 et 72 m3 d’eau par jour dans les réacteurs 1, 2 et 3 pour refroidir les coriums. Cela fait un total de 252 m3/j. Cette eau se contamine fortement et s’infiltre dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine où elle se mélange à l’eau des nappes phréatiques qui inonde ces mêmes sous-sols.
Pour réduire les fuites d’eau souterraine radioactive en mer, TEPCo pompe en amont avant que cette eau soit contaminée par les réacteurs et la rejette directement dans l’océan. Cette eau est essentiellement contaminée au tritium, qui est de l’hydrogène radioactif. Dans un des puits de pompage, il y a environ 2 000 Bq/L, mais après dilution par l’eau des autres puits, l’eau rejetée en mer a une contamination de l’ordre de 130 à 140 Bq/L.
Elle a aussi construit une barrière tout le long du littoral et pompe les nappes phréatiques au pied des réacteurs. Une partie de cette est partiellement décontaminée et rejetée dans l’océan. Une autre partie, trop contaminée, est mélangée à l’eau pompée dans les sous-sols des réacteurs pour être mise dans des cuves après traitement, en attendant une meilleure solution. Quelques données récentes sur la contamination des nappes phréatiques sont ici en japonais : il y a jusqu’à 240 000 Bq/L en bêta total. Celle en tritium, monte à 58 000 Bq/L.
Ainsi, TEPCO pompe quotidiennement 135 m3 d’eau contaminée dans les sous-sols des bâtiments réacteurs et turbine, en plus de celle qu’elle injecte pour le refroidissement et 62 m3 des nappes phréatiques, ce qui fait un total de 197 m3 qui s’accumulent quotidiennement dans des cuves après traitement. C’est plus en cas de pluie, voire beaucoup plus lors des typhons.
TEPCo annonce avoir déjà traité 1 730 390 m3 d’eau contaminée, ce qui a généré 597 m3 de boues radioactives. Une partie de cette est utilisée pour le refroidissement et le reste est stocké dans des cuves. Selon la compagnie, le stock d’eau traitée ou partiellement traitée s’élève à 937 375 m3 auxquels il faut ajouter 52 200 m3 d’eau dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine. Il y a près d’un millier de cuves pour garder cette eau qui occupent presque tout le site de la centrale.
Certaines ont fui par le passé, entraînant une contamination des nappes phréatiques à proximité. Dans la zone H4, la contamination en tritium peut toujours atteindre 15 000 Bq/L.
Depuis mars 2016, TEPCo tente de geler le sol tout autour des réacteurs accidentés afin de réduire les infiltrations et la dispersion d’eau polluée, mais ce n'est pas aussi efficace que prévu. L’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, doute sérieusement de l’efficacité de cette technique qu’elle considère désormais comme secondaire. On peut le voir sur ce graphe, où la baisse des volumes d’eau à stocker chaque jour n’est pas très forte. La glace ne prend pas par endroit, où les courants souterrains sont les plus forts (données officielles sur le gel du sol).
Environ la moitié des travailleurs sur le site sont là à cause de l’eau contaminée.
• Du 11 mars 2011 au 31 mars 2016, 46 956 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants sur le site de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi, dont 42 244 sous-traitants. Ce sont les sous-traitants qui prennent les doses les plus élevées, avec une moyenne qui varie de 0,51 à 0,56 mSv par mois entre Janvier et Février 2016. C’est entre 0,18 et 0,22 pour les salariés de TEPCo.
Il y a aussi 1 203 personnes qui ont une limite plus élevée pour pouvoir continuer à pénétrer sur le site. Leur dose moyenne cumulée depuis le début de l’accident est de 36,49 mSv et la valeur maximale de 102,69 mSv.
• Le 1er avril 2016 a remis tous les compteurs à zéro. Ainsi, 174 travailleurs qui avaient dépassé la limite de dose vont pouvoir revenir. Depuis cette date, jusqu’au 31 décembre 2016, 14 643 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants sur le site de la centrale accidentée, dont 13 027 sous-traitants (89%). Ce sont les sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes. Parmi eux, on ne sait pas combien étaient déjà exposés aux rayonnements avant le 1er avril 2016.
• Il y a eu des travailleurs d’origine brésilienne qui ne parlaient pas bien japonais et ne comprenaient pas toujours les consignes de radioprotection. L'ambassade du Brésil a réagi.
• Si d’énormes progrès ont été faits pour les conditions de travail sur le site, avec la construction d’un bâtiment dédié à l’accueil et au repos, équipé d’une cantine et d’une superette, il reste des problèmes liés à la sous-traitance en cascade.
• 3 travailleurs ont vu leur cancer reconnu comme maladie professionnelle : deux leucémies et un cancer de la thyroïde. L'un a porté plainte contre TEPCo et Kyûshû Electric.
Il y a 15 cancers en tout chez ces travailleurs, dont 8 cas de leucémie.
• Stigmatisation : selon une étude menée sur 1 417 employés de TEPCo qui travaillaient à Fukushima daï-ichi ou daï-ni au moment de l’accident, 181, soit 12,8%, ont été insultés ou ont subi des discriminations à cause de leur emploi. Ces travailleurs avaient un taux de troubles post-traumatique 5,7 fois plus élevé que les autres employés de TEPCo sur place qui n’ont pas été stigmatisés. C’était encore 3,7 fois plus trois ans plus tard.
• Les vêtements protecteurs contre la contamination par les poussières radioactives sont à usage unique. Ils ont engendré 64 700 m3 de déchets radioactifs que TEPCo espère incinérer.
• La dernière cartographie aérienne de la pollution radioactive autour de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi date de 2015 et est disponible en ligne sur le site dédié.
Cette nouvelle carte fait apparaître les zones encore évacuées et une baisse moyenne de 65% du débit de dose ambiant par rapport à ce qui était mesuré à l’automne 2011. La décroissance radioactive est responsable d’une baisse de 53%. Le reste est dû au lessivage des sols et, par endroits, aux travaux de décontamination.
La décontamination des zones évacuées est sous la responsabilité du gouvernement. Ailleurs, là où l’exposition externe pouvait dépasser 1 mSv/an, ce sont les communes qui doivent s’en occuper.
• Dans les zones évacuées, les travaux de décontamination sont officiellement terminés, sauf pour les zones dites de retour difficile (source). Cela signifie que la décontamination a été effectuée dans les habitations et leurs jardins, le long des routes, sur les terrains agricoles et sur 20 m dans les forêts qui bordent ces espaces.
• Dans les zones non évacuées, 104 communes étaient concernées, mais avec la baisse naturelle de la radioactivité, c’est passé à 94. Une carte est donnée page 14 de ce document. A Fukushima, 15 communes sur 36 ont terminé. Les autres provinces concernées sont Iwaté, Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saïtama et Chiba. Le nombre de communes où les travaux sont terminés est page 15 de ce même document. A noter qu’une commune de Tochigi n’a toujours pas établi de programme de décontamination.
• Voir notre reportage de l’été 2016 sur le problème des déchets issus de la décontamination.
• Selon les données officielles, il y a 7 467 880 sacs avec du sol contaminé issu des travaux de décontamination dans les zones évacuées (un sac fait 1 m3 environ), et dans les zones non évacuées, 5 740 858 m³ de sols contaminé répartis sur 146 489 sites (source).
• Pour le centre d’entreposage provisoire, qui doit accueillir environ 22 millions de mètres cube de déchets sur 1 600 ha ou 16 km2 autour de la centrale de Fukushima daï-ichi pour une durée maximale de 30 ans, le gouvernement n’a signé de contrat qu’avec 633 propriétaires fonciers (26,8%), pour une surface totale de 287 ha (ou 2,87 km2), soit à peine 17,9% de la surface totale. (Source). Les autorités veulent réutiliser ces sols quand ils seront passés sous la limite de 8 000 Bq/kg pour le césium.
• Recensement national : Le Japon effectue un recensement de sa population tous les 5 ans. Les deux derniers ont eu lieu en 2010, juste avant la catastrophe et en 2015. Au 1er octobre 2015, la population de la province de Fukushima a baissé de 5,7% par rapport à 2010 (115 000 personnes en moins), celle de Miyagi de 0,6% et celle d’Iwaté de 3,8%.
Ce recensement est basé sur les personnes réellement présentes et non les personnes enregistrées. Ainsi, dans les communes de Namié, Futaba, Ôkuma et Tomioka il y a zéro habitant. La population de Kawauchi, où l’ordre d’évacuer a partiellement été levé en 2014, la population a baissé de 28,3%. A Naraha, où l’ordre d’évacuer a été entièrement levé en septembre 2015, la population a baissé de 87,3%.
Certaines communes qui accueillent des personnes déplacées ont vu leur population augmenter.
Sur tout le Japon, le nombre d’habitants a baissé de 0,7% (- 947 000) en cinq ans et était de 127,11 millions au 1er octobre 2015. Le nombre d’habitants a augmenté à Tôkyô (+2,7%), Saïtama et Aïchi. La plus forte baisse est à Akita (-5,8%) qui n’a pas été touchée par la triple catastrophe. Fukushima a la deuxième plus forte baisse, avec -5,7%.
• Nombre de personnes déplacées : A Fukushima, il y avait encore 84 289 personnes déplacées, dont 40 405 résident en dehors de la province en novembre 2016 (source). Ce nombre est passé sous les 80 000 depuis : 79 446 au 20 février 2017 (39 818 en dehors de la province de Fukushima et 39 608 dans la province). C’était de 160 000 en février 2012 (source). Une partie de ces personnes se sont réinstallées sans rentrer chez elles et ne sont plus comptées. C’est le cas, notamment, pour celles qui sont originaires des zones dites de retour difficile.
Ces chiffres ne prennent en compte que les personnes qui bénéficient d’un logement mis à leur disposition par les autorités. Une fois réinstallées, elles ne sont plus comptées comme « personnes déplacées » par les autorités. Pour 5 communes situées autour de la centrale accidentée, la télévision publique NHK estime que le nombre de personnes vraiment déplacées est 42 000 alors que les autorités n’en comptent plus que 17 781. C’est 24 000 de plus que le chiffre officiel.
Sur toute la zone affectée par la triple catastrophe (séisme, tsunami et accident nucléaire), il y aurait encore 123 168 personnes déplacées dans des logements temporaires, à la date du 13 février 2017.
A la date du 20 février 2017, il y avait, à Fukushima, encore 12 381 personnes hébergées dans des préfabriqués, peu confortables. Plus de 40% ont plus de 65 ans. En juillet 2012, elles étaient 33 016 (source). A la fin janvier 2017, c’est 35 503 en tout pour Iwaté, Miyagi et Fukushima, les trois provinces les plus touchées par le tsunami. Il y a beaucoup de personnes âgées isolées qui n’ont pas la force ou la volonté de reconstruire ou rechercher un logement. Dans certains complexes, il n’y a que des personnes âgées (source).
Selon un sondage effectué par l’Asahi, à la question « combien de temps faudra-t-il encore pour retrouver la vie qu’ils avaient avant la catastrophe ? »,
- 50% répondent plus de 20 ans ;
- 21% environ 20 ans ;
- 16% environ 10 ans et
- 7% environ 5 ans.
• Levée de l’ordre d’évacuer : Le Japon se refuse toujours de baisser la limite de dose à partir de laquelle il lève les ordres d’évacuer, et maintient la valeur la moins protective des normes internationales, à savoir 20 mSv/an. Pour en savoir plus, lire le rapport rédigé pour les cinq ans de la catastrophe, Fukushima cinq ans après, retour à l’anormale, aussi disponible en anglais.
L’ordre d’évacuer a été levé dans 5 communes (Tamura, Minami-Sôma, Kawauchi, Katsurao et Naraha), mais seulement 13% des personnes concernées sont rentrées, soit environ 2 500 personnes sur 19 460. A Naraha, c’est 11% et à Katsurao, c’est 9%.
Il devrait être aussi levé à la fin mars 2017 dans une partie d’Iitaté, de Kawamata, de Tomioka et Namié (source). Ne devraient rester que les zones dites de retour difficile, là où l’exposition externe pouvait dépasser 50 mSv/an (voir la note explicative sur les doses et les limites). La levée des ordres d’évacuer pour ces quatre communes concerne 32 000 personnes. Il y a 24 000 personnes originaires des zones dites de retour difficile. La surface évacuée va être réduite à 30% de sa valeur initiale.
Les personnes qui sont parties d’elles-mêmes, par crainte de la radioactivité, ne bénéficient d’aucune indemnisation, à l’exception d’une aide au logement qui doit cesser à la fin mars 2017, sauf dans certaines provinces. Il s’agit souvent de femmes qui sont parties pour protéger leurs enfants.
A Tomioka, la commune veut rouvrir les écoles et les collège en avril 2018. Il y avait 2 écoles primaires et deux collèges avant la catastrophe, avec 1 400 élèves. Un seul établissement rouvrira en 2018. En attendant, la commune a ouvert une école et un collège à Miharu avec 15 primaires et 18 collégiens. Cet établissement devrait fermer en 2022. (Source : Fukushima Minpo).
Si des familles rentrent dès cette année, il y aura un bus pour aller dans les établissements scolaires de Naraha. C’est plus de 75% chez les moins de 30 ans.
A Namié, 53% de la population a indiqué ne plus vouloir entrer. Un seul établissement scolaire, combinant primaire et collège, va rouvrir.
Selon un sondage effectué par l’Asahi,
- 40% des personnes interrogées à Fukushima pensent que les ordres d’évacuer ont été levés au bon moment ;
- 19% pensent que c’est trop tôt ;
- 22% pensent qu’ils n’auraient pas dû être levés et
- 9% pensent que c’était trop tard.
• Brimades et discrimination : Alors que les révélations sur des cas de harassement et de brimades (ijimé) d’enfants évacués à l’école se sont multipliées ces derniers temps, l’Asahi a effectué un sondage auprès de personnes déplacées et a reçu 184 réponses valables, dont 147 émanent de personnes encore déplacées :
- 18% ont déclaré qu’elle-même ou un membre de leur famille a été victime de discrimination liée à la catastrophe nucléaire ;
- 44% ont dit avoir été témoin ou entendu parlé de discrimination autour d’elles ;
- 33% n’ont pas été victime et ne connaissent aucun cas.
La télévision publique NHK a aussi fait réaliser une enquête auprès de 9 500 foyers originaires des quatre communes les plus proches de la centrale de Fukushima daï-ichi, à savoir, Ôkuma, Futaba, Tomioka, et Minami-Sôma. 741 familles ont répondu. Il en ressort que 54 familles ont répondu que leurs enfants ont subi des brimades ou ont été discriminés car ils étaient évacués de la catastrophe nucléaire (3 à la maternelle, 28 au primaire et 21 au collège).
Pour 32 cas, c’était de la violence verbale, pour 22 autres, de l’ostracisme, 13 ont subi des violences physiques et dans 5 cas, il leur était demandé de payer. Les indemnisation reçues par les familles étaient souvent évoquées. Dans un cas, il était demandé à un enfant de sauter du troisième étage. Un autre enfant a été menacé avec un couteau sous prétexte qu’il n’avait plus le droit de vivre. Plus de 60% des enfants ont arrêté de dire qu’ils étaient originaires de Fukushima.
Dans un autre article, la NHK mentionne que sur ces 741 familles, 334 ont répondu avoir ressenti de la discrimination, du harcèlement… Dans le questionnaire à choix multiples, 274 ont mentionné un lien avec les indemnisations, 197 leur statut de réfugié et 127 les retombées radioactives.
Voir le rapport dédié de 2016.
• La triple catastrophe a officiellement provoqué 15 893 décès directs auxquels il faut ajouter 2 553 disparitions (source) .
• Le nombre de décès dus à la dégradation des conditions de vie (aggravation de la maladie, suicides…) est de 2 099 à Fukushima, au 28 novembre 2016 (source). En septembre 2016, c’était 3 523 en tout pour la triple catastrophe, soit 116 de plus qu’il y a un an.
Le nombre de décès directs, dus au tsunami, est de 1 828 à Fukushima (source).
• En ce qui concerne les cancers de la thyroïde, voir les dernières données publiées le 21 février 2017 : le total est de 184 cas potentiel dont 145 confirmés après chirurgie.
Les chiffres officiels relatifs au coût de la catastrophe ont été revus à la hausse en décembre 2016 pour atteindre 21 500 milliards de yens (175 milliards d’euros). Cela inclut le démantèlement des réacteurs de Fukushima daï-ichi, à hauteur de 8 000 milliards de yens (65 milliards d’euros), 7 900 milliards de yens (64 milliards d’euros) pour les indemnisations, près de 4 000 milliards de yens (32,5 milliards d’euros) pour la décontamination et 1 600 milliards de yens (13 milliards d’euros) pour le centre d’entreposage temporaire des déchets radioactifs. Pour en savoir plus.
Cette somme ne comprend pas le coût du stockage des déchets issus du démantèlement de la centrale accidentée ni la création d’un îlot décontaminé dans les zones dites « de retour difficile » dont le seul but est la non disparition des villages concernés.
TEPCo a déjà reçu un total de 7 006,9 milliards de yens (57,3 milliards d’euros) d’avance pour les indemnisations. Cet argent est prêté sans intérêt (source).
Mais TEPCo n’aurait versé que 6% des indemnités demandées par les 12 communes touchées par les évacuations. Elles ont demandé 43,3 milliards de yens (353 millions d’euros), mais n’auraient reçu que 2,6 milliards de yens (21 millions d’euros). La compagnie aurait donné la priorité aux entreprises et individus. Futaba, par exemple, commune entièrement évacuée, n’a rien reçu, alors qu’elle a demandé 19,3 milliards de yens (157 millions d’euros). Namié, où l’ordre d’évacuer sera partiellement levé le 1er avril prochain, n’a reçu que 460 millions de yens (3,8 millions d’euros), soit 4% de la somme demandée. Kawamata et Tomioka ont reçu respectivement 53 et 45% des sommes demandées (source).
Le gouvernement détient toujours 50,1% des parts de TEPCo. Il devait commencer à vendre des parts à partir d’avril 2017, mais il devra maintenir le contrôle qu’il a sur la compagnie pour lui éviter la faillite.
• Sur les 54 réacteurs nucléaires en état de marche avant la catastrophe nucléaire, 6 ont été partiellement ou complètement détruits à la centrale de Fukushima daï-ichi. 6 autres, trop vieux, ont été arrêtés définitivement. Il ne reste donc officiellement que 42 réacteurs nucléaires au Japon.
Une demande d’autorisation de redémarrage n’a été déposée que pour 26 d’entre eux et elle n’a été accordée que pour 12 réacteurs actuellement. Deux réacteurs de la centrale de Sendaï (Kagoshima) produisent de l’électricité qui alimente le réseau. Un troisième est en marche à la centrale d’Ikata dans la province d’Ehimé.
Les autorités ont prévu de construire 405 km de digues de protection contre les tsunamis le long du littoral des trois provinces les plus touchées, à savoir Iwaté, Miyagi et Fukushima. Au 1er janvier 2017,
- 88 km ou 22% sont terminés ;
- 263 km (65%) sont encore en travaux et
- pour les derniers 54 km (13%) les travaux n’ont pas encore été engagés.
Il y a diverses raisons aux retards : l’opposition des riverains qui ont perdu la vue sur la mer, le manque de matériaux de construction et de main d’œuvre et, bien-sûr, la radioactivité à Fukushima.
La côte du Pacifique s’était déplacée de plus de 5 m vers l’Est lors du séisme du 11 mars 2011, et enfoncée de plus d’un mètre. Depuis, elle serait remontée de plus de 40 cm au niveau de la péninsule d’Oshika, dans la province de Miyagi. La remontée serait de 30 cm à Ishinomaki, 24 cm à Kesennuma, toutes les deux à Miyagi, 17 cm à Kamaïshi, dans la province d’Iwaté Prefecture et 14 cm à Shinchi, dans celle de Fukushima. En conséquence, là où la construction des digues de protection contre les tsunamis ne sont pas terminées, leur hauteur sera rognée… Est-on sûr que cela ne va pas se renfoncer ? Sur la côte de la mer du Japon, le littoral s’est enfoncé depuis le séisme du 11 mars de 2011, jusqu’à presque 30 cm à Yuzawa, dans la province d’Akita.