LES CAHIERS DE LA COLÈRE ET DE L'ESPOIR
Nous relayons ici-même l'appel lancé par le quotidien L'Humanité qui donne la parole aux " sans voix " de ce pays afin de leur permettre d'exprimer leur désir de changement dans la façon dont nous sommes gouvernés. Ce catalogue de revendications sera regroupé par thèmes, puis transmis à ceux qui sont en charge des domaines concernés dans l'ensemble des rouages de notre société civile.
Le mécontentement de la population s'avère en effet être grandissant face aux inégalités sociales, fiscales, salariales, scolaires mais aussi médicales que constatent nos concitoyens, et vont de pair avec la privatisation généralisée de nos services publics. De nombreux exemples illustrent que tout est volontairement fait pour tarir les moyens étatiques d'intervention en abandonnant au secteur privé toute activité susceptible de pouvoir alimenter le budget de fonctionnement d'une république qui se devrait d'être sociale. Ainsi, pour ne prendre qu'un seul exemple, a-t-on assisté à la privatisation de l'exploitation des autoroutes au profit de multinationales qui prospèrent aux dépends des automobilistes et du bien public.
SI vous ressentez le besoin de vous exprimer et clamer votre désapprobation sur un ou plusieurs sujets qui vous tiennent à cœur et sur lesquels vous souhaitez voir changer les choses, déposez, sans attendre, votre contribution en la formulant directement sous le lien ci-après.
La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT
Un exemple parmi les multiples incohérences qui ne font qu'appauvrir nos caisses publiques :
Voici une entreprise multinationale qui dégage des milliards de profit et qui cherche à gagner de l'argent sur le dos d’un mouvement social. Ceci prouve une chose : le mouvement des gilets jaunes a fait plus peur au gouvernement qu’aux grandes entreprises qui se sentent les coudées franches pour étaler sans vergogne leur rapacité.
La décision prise par un gouvernement de droite en 2005 d’offrir sur un plateau d’argent aux multinationales du BTP le réseau autoroutier payé par des générations de contribuables est un véritable scandale ! Un vol d’argent public avec la complicité de l’État qui représente des dizaines de milliards en moins pour le trésor public. L’actuel gouvernement comme le précédent ont encore aggravé la note en accordant de nouvelles faveurs inespérées aux concessionnaires.
En 10 ans, les profits issus des péages ont ainsi augmenté de près de 20%. Les tarifs ont augmenté dans la même proportion sur la même décennie, de loin supérieurs de l’évolution du coût de la vie. Les concessionnaires ont immédiatement liquidé des centaines d’emplois pour dégager de nouvelles marges de profits et leurs actionnaires empochent 1,5 milliard € de dividendes par an. Un des meilleurs placements qui soient pour les capitalistes ! Leurs bénéfices nets représentent presqu’un quart de leur chiffre d’affaire.
Ces revenus permettraient à l’Etat de financer l’entretien du réseau autoroutier, mais aussi des éléments de la transition environnementale, notamment par l’entretien et le développement du réseau ferré. L’Etat a préféré s’amputer de ressources gigantesques pour satisfaire les appétits des géants du BTP Vinci ou Eiffage, et se défausse sur leurs filiales pour financer l’entretien et le développement des infrastructures autoroutières.
Il est temps de renationaliser le réseau autoroutier. Les concessionnaires sont dans une situation de quasi-monopole qui légitime le retour dans le giron public des autoroutes. Cela couterait certes cher dans l’actuel cadre juridique de protection aveugle et indéterminée de la propriété privée, quand elle est d’une cupidité sans limite.
Mais, non, ce n’est pas au citoyens de payer deux fois : une fois pour le vol de leur bien public, une autre pour leur réintégration dans le bien commun. La morgue avec laquelle Vinci a agi et les profits colossaux qu’elle dégage en exploitant le besoin de mobilité des français, devrait pousser à vrai débat national sur sa nationalisation sans indemnité.
Cet exemple devrait enfin alerter sur les privatisations en cours d’Aéroport de Paris et de la Française des jeux, des propriétés publiques largement bénéficiaires qui rapportent beaucoup d’argent au trésor, et dont la vente sera prétexte à de nouveaux sacrifices dans les budgets publics et sociaux. Voici un sujet qui pourrait être discuté autour des tablées de fin d’année.
Rien ne peut justifier les violences et parfois même la xénophobie dont sont assorties certaines manifestations de gilets jaunes. Il est par contre devenu urgent de considérer que les causes de l'exaspération, entremêlée de désespoir, qui amène les gilets jaunes à occuper de nombreux ronds-points et autres lieux de l'espace public ne sont pas sans fondements. En effet, près de 18 % de nos concitoyens ne parviennent plus à régler leurs dépenses quotidiennes incompressibles sans être contraints de soupeser le bien fondé de tout achat qui n’est pas d’une absolue nécessité, alors qu'à l'autre bout de l'échelle sociale les 10 % les plus fortunés détiennent près de la moitié du patrimoine national. (source : INSEE)
Ceux qui s’imaginent que la plupart de ces manifestants ne sont que des protestataires hautement politisés ou encore de prétentieux rêveurs qui ambitionnent d’égaler les nantis dans leurs excès consuméristes feraient bien d’aller faire un tour dans l'une des antennes du Secours populaire pour se rendre compte à quel point le libéralisme et ses préceptes individualistes sont destructeurs d’humanité.
La rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT