HISTOIRE
Une plaque commémorative érigée en l'honneur des défenseurs de la République espagnole a été inaugurée à l'initiative de la Municipalité d'Hendaye le 20 septembre 2016 face à l'ancien bureau de douanes situé à l'entrée du Pont Saint-Jacques. Cette cérémonie à laquelle participèrent quelques derniers des protagonistes et témoins de cette période tragique de l'Histoire d'Espagne se déroula en présence d'un public ému, venu nombreux.
Ce lieu de notre ville hautement chargé de symboles a en effet vu défiler un des plus gigantesques exils du siècle dernier. Des centaines de milliers d'Espagnols fuirent alors leur pays afin d'échapper aux conséquences terrifiantes du coup d'État militaire fomenté en juillet 1936 par le général Franco, alors allié des régimes dictatoriaux qui venaient de s'imposer dans l'Allemagne hitlérienne et l'Italie mussolinienne.
On sait que l'appui militaire des nazis allemands et fascistes italiens envers le dictateur Franco servira de prélude à l'enclenchement du Second conflit mondial qui nécessitera l'entrée en guerre de nombreuses nations pour parvenir à stopper l'ambition folle des acteurs de l'axe Berlin-Rome-Tokyo qui cherchaient à imposer une gouvernance dictatoriale sur l'ensemble de notre globe.
L'inauguration de cette plaque, dédiée à tous les défenseurs de la République espagnole, nous fait pleinement reprendre conscience en ces temps si singuliers où l'on constate la réémergence des nationalismes et de l'extrême droite partout en Europe, que nos libertés ne sont jamais définitivement acquises, ainsi que l'atteste le sacrifice des 10 000 volontaires des Brigades internationales qui périrent eux aussi dans ce terrible conflit uniquement pour avoir voulu sauver une démocratie.
C'est également en leur honneur que cette émouvante commémoration a eu lieu.
La Rédaction d'HENDAYENVIRONNEMENT
LES BRIGADES INTERNATIONALES
Les premiers volontaires étrangers en Espagne (juillet-août 1936)
Les brigadistes ne furent ni les premiers ni les seuls volontaires étrangers à se battre en Espagne en faveur de la République Dès les premiers jours du coup d'État militaire de juillet 1936, des étrangers, principalement des Français, franchissent les Pyrénées afin de participer aux combats : certains intègrent par exemple la colonne Durruti. André Malraux, avec le soutien implicite de Pierre Cot, ministre de l'Air français, constitue une escadrille aérienne, qu'il appelle España
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D'autres sont déjà présents sur le sol espagnol au moment des événements de juillet et se rallient au gouvernement légal : ce sont généralement des Allemands et des Italiens qui ont fui les dictatures fascistes de leur pays et ont trouvé asile en Espagne. Mais ces troupes sont extrêmement dispersées et peu organisées.
On compte enfin quelque 200 à 300 volontaires issus des rangs des athlètes réunis à Barcelone pour les Olympiades populaires, programmées entre les 19 et 26 juillet 1936, en protestation contre les JO de Berlin, mais interrompues par le coup d'État des 17 et 18 juillet 1936. Les athlètes participèrent aux combats de rue de la capitale catalane et à la prise de l'hôtel Colón, près des Ramblas. Mais la plupart d'entre eux quittèrent l'Espagne dès le 24 juillet.
Ces premiers volontaires étrangers se rassemblent au sein d'unités originales, portant le nom de héros du siècle passé, tel que le bataillon « Waler y Wroblewski », héros de la Commune de Paris, ou le bataillon « Tom Mann », un socialiste anglais
Des volontaires venus du monde entier
Dès le mois d’août 1936, en dépit des accords dits de non intervention, l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste soutiennent activement les troupes de Franco. Celui-ci proclame qu’il prendra Madrid avant le 12 octobre. La passivité des pays démocratiques indigne les antifascistes du monde entier. Le 1er octobre 1936, le premier noyau de volontaires appelés à former les Brigades Internationales arrive à Alicante. On en comptera 35.000 accourus d’Europe et d’Amérique pour défendre la jeune République espagnole. 10.000 d’entre eux y feront le sacrifice de leur vie.
Les réfugiés italiens (3 500), allemands et autrichiens (5 000) voient dans la guerre civile espagnole leur première chance de prendre leur revanche sur le fascisme. Les Français (qui représentent le contingent le plus nombreux avec 10 000 hommes, dont 3 000 seront tués), les Britanniques (200 volontaires) et les volontaires d’Amérique du Nord (au nombre de 2 800) viennent en Espagne pour stopper l’agression fasciste, à l’encontre de l’attitude officielle de leurs gouvernements respectifs, lesquels optent pour la neutralité officielle en signant l’accord de non-intervention du 28 août 1936. Les volontaires sont rassemblés par la IIIe Internationale ou Komintern qui décide le 18 septembre de procéder au recrutement, parmi les ouvriers de tous les pays, de volontaires ayant une expérience militaire, en vue de leur envoi en Espagne. 23 bataillons forment 6 Brigades internationales. Les Soviétiques, dont le nombre est certainement inférieur à 2 000 et ne dépasse jamais plus de 500 à la fois, occupent des positions relativement importantes : par exemple, à l’état-major général ou comme instructeurs sur les aérodromes militaires.
Les premiers volontaires passent la frontière franco-espagnole clandestinement dès le mois d’octobre 1936. Après un entraînement rudimentaire à Albacete, où le Français André Marty est inspecteur des Brigades, les premières unités sont engagées pour défendre Madrid assiégée le 8 novembre, à la Casa del Campo. Ces volontaires sont alors amalgamés aux défenseurs espagnols dans la proportion d’un homme pour quatre, dans le but de les soutenir moralement et de pouvoir transmettre leur expérience du service militaire aux civils.
Le rôle militaire des Brigades internationales
Les Brigades internationales représentent une force vitale pour la défense de Madrid. Au début de 1937, elles contribuent à empêcher, en subissant des pertes énormes, l’encerclement de Madrid par les troupes nationalistes, notamment lors de la bataille de Jarama en février, où elles gardent le contrôle de l’axe routier Madrid-Valence. Les pertes sont toujours importantes. En mars 1937, les Brigades sont aussi impliquées dans la bataille de Guadalajara. Elles jouent un rôle substantiel dans les offensives ultérieures, comme la prise de Belchite et de Teruel. Dans la phase défensive finale de la guerre, les Brigades jouent un rôle stratégique dans l’attaque de diversion spectaculaire des républicains sur l’Èbre, afin de tenter de rétablir le contact avec la Catalogne. Cependant, malgré leurs premiers succès et après avoir subi trois mois de bombardements d’artillerie intenses sous une chaleur torride, les républicains doivent se retirer.
Leur départ
À la demande du comité de non-intervention, le gouvernement républicain de Juan Negrín consentit à retirer du front ces volontaires étrangers des Brigades internationales. Une parade d’adieux a lieu à Barcelone le 29 octobre 1938. Le nombre total des étrangers qui ont ainsi combattu est de 40 000, représentant cinquante-deux nationalités différentes. Pourtant, les effectifs n’ont jamais dépassé plus de 18 000 hommes à la fois. En tout, 9 934 membres des Brigades internationales sont morts et 7 686 ont été sérieusement blessés. Nombre d’entre eux sont arrêtés et interné s dans des camps en France après qu’ils ont passé la frontière. Parmi les étrangers engagés qui sont devenu célèbres, Josip Brosz, le futur Tito, qui se charge à Paris du passage vers l’Espagne des Brigades internationales ; Walter Ulbricht, qui a été président de la RDA ; Palmiro Togliatti, le chef du Parti communiste italien (PCI) ; Gueorgui Dimitrov, le futur chef du gouvernement bulgare ; Klement Gottwald, qui est devenu président de la République tchécoslovaque ; les communistes français André Marty, Charles Tillo n et Rol-Tanguy, chefs des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTP ou FTPF) en 1944. André Malraux dépendait du commandement aérien central et non des Brigades.
L’épopée de la Brigade Abraham Lincoln
De janvier 37 à novembre 38, plus de 2800 volontaires américains ont combattu aux côtés des républicains espagnols au sein des Brigades Internationales. Marins de San Francisco, étudiants et professeurs du Wisconsin ou de l’Illinois, mineurs de Pennsylvanie et de l’Ohio, ouvriers, poètes, artistes-peintres de New York et du New Jersey, ils venaient des quatre coins des États-Unis. Modèle d’intégration antifasciste, 30% des brigadistes américains étaient d’origine juive et 90 volontaires d’origine noire, dont un commandant. Tous ensemble, ils formaient la légendaire Brigade Abraham Lincoln L’American Medical Service comptait 125 médecins, infirmières et ambulanciers. Environ huit cent volontaires américains tombèrent en Espagne.
Les principaux pays d'origine
Nationalité Effectifs
Français 7 500
Italiens 3 350
Allemands/Autrichiens 3 000
Polonais 3 000
Américains 2 800
Britanniques 2 000
Soviétiques 2 000
Belges 1 600
Yougoslaves 1 600
Canadiens 1 500
Hongrois 1 500
Tchécoslovaques 1 500
Suisses 800
Néerlandais 700
Suédois 500
Bulgares 400
Irlandais 250
Estoniens 200
Grecs 160
Mexicains 90
Chypriotes 60
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L’octroi de la nationalité espagnole aux volontaires des Brigades
Internationales
« L'Espagne reconnaît les efforts menés par les volontaires des Brigades Internationales pour la défense de la liberté et des principes démocratiques durant la Guerre civile espagnole.»
Cette reconnaissance s'est déjà manifestée en 1996 par le biais du décret royal du 19 janvier, qui leur donne le droit d'acquérir la nationalité espagnole. Néanmoins, l'accès à la nationalité par ce biais est soumis au fait que l'intéressé est obligé de renoncer à sa nationalité antérieure, ce qui explique qu'un grand nombre de volontaires des Brigades Internationales n'ont pas fait usage de ce droit .
La loi 52/2007, appelée « Loi sur la mémoire historique », dans son article 18, reconnaît à nouveau et de manière singulière les efforts menés par les volontaires des Brigades Internationales et étend leur droit à obtenir la nationalité espagnole, sans renoncer à leur nationalité antérieure. ...»
Source : https://oscarespagne.wordpress.com/